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Coupe Davis : Les 4 bonnes raisons de penser que la France pourrait souffrir cette année

Laurent Vergne

Mis à jour 05/03/2015 à 18:31 GMT+1

La France guette une victoire en Coupe Davis depuis 2001. 2015 sera-telle enfin la bonne ? Peut-être. Ou pas. Pour couronner enfin cette génération frustrée et frustrante, il faudra surmonter quelques sérieux obstacles.

Bis repetita pour les Bleus en 2015 après leur accession en finale l'an dernier ?

Crédit: Panoramic

Alors, cette fois, c'est la bonne ? Quinze ans après sa dernière victoire, et au lendemain d'une défaite douloureuse en finale à domicile, l'équipe de France tient une nouvelle occasion de mettre dans le mille en raflant un dixième Saladier d'argent. Avec sept joueurs situés entre la 13e et la 38e place à l'ATP, elle dispose d'un vivier sans égal. Certes, il lui manque LE super crack, mais précisément, la plupart des ténors ne seront pas là cette année. Le contexte apparait donc favorable, nous dit-on. Vraiment ? A voir. En réalité, il existe au moins autant de raisons de redouter une saison blanche et sèche qu'un feu d'artifice.

Historiquement, les lendemains de finale perdue sont compliquées

Ce n'est qu'une statistique et, comme toute stat, elle ne demande qu'à être démentie un jour. Ce sera peut-être pour cette année. Il n'empêche. Depuis les années 1930, jamais la France n'a réussi à gagner la Coupe Davis l'année suivant une défaite en finale. Pire, elle n'a même jamais accédé à revenir en finale un an après y avoir subi un échec. Et il existe quelques précédents, suffisamment étalés dans le temps pour donner à cet élément une certaine consistance au regard de l'histoire. C'est simple, les cinq dernières fois que la France a échoué en finale, elle a connu une campagne ratée ou mitigée la saison suivante.
  • 1933 : Défaite en finale contre le Royaume-Uni. Fin de règne après six victoires de rang. En 1934, sans Cochet et Lacoste, les Français perdent dès les quarts de finale. Les Mousquetaires avaient disputé neuf finales de suite.
  • 1982 : Après un demi-siècle de disette, retour des Bleus en finale. La première de la génération Noah-Leconte. Défaite 4-1 contre les Etats-Unis. L'année suivante, après un quart de finale épique au Paraguay, ils chutent en Australie en demi-finale. Une grosse désillusion.
  • 1999 : Battue à Nice par l'Australie et un Philippoussis en état de grâce, la France sort dès le premier tour trois mois plus tard et doit battre l'Autriche en barrages pour éviter de descendre à l'étage inférieur.
  • 2002 : Nouveau traumatisme à domicile, cette fois contre la Russie, à Bercy. Les Français ratent alors l'occasion de conserver le Saladier pour la première fois depuis les Mousquetaires. S'en suit une sortie sans gloire contre la Suisse, en quart de finale, en 2003.
  • 2010 : Dominée sur le fil (3-2) par la Serbie de Djokovic en finale, la bande à Forget repart au combat et atteint le dernier carré. Elle s'y incline en quart de finale contre l'Espagne de Nadal, bien trop forte pour elle sur la terre battue de Cordoue.
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Llodra en larmes après sa défaite contre Troicki en finale de la Coupe Davis 2010 - Serbie-France

Crédit: AFP

Parce que remobiliser, c'est plus dur que de mobiliser

Perdre une finale de Coupe Davis, c'est une douleur. A la fois collective et individuelle. A titre personnel, les joueurs ont parfois du mal à tourner la page. Et collectivement, il est souvent difficile de relancer la machine. Les Tricolores ont vécu toute la campagne 2014 avec, en tête, l'idée d'un sacre au bout. Le premier de cette génération. L'échec final face à la Suisse aura été d'autant plus dur à digérer qu'il a été subi à domicile et que les circonstances de cette défaite pourraient laisser des traces, par exemple chez un Jo-Wilfried Tsonga, très touché par les critiques. Repartir avec la même détermination individuelle et un élan collectif semblable relève de la gageure.
Cette campagne 2015 en dira long sur la capacité du capitaine Arnaud Clément à fédérer, à motiver, à transcender. Son groupe en aura besoin. Il faudra aussi prouver que 2014 a été évacué. Signe qui ne trompe pas : même ces derniers jours, la finale contre la Suisse est au centre des discussions plus que le huitième en Allemagne. Preuve que la page n'a pas encore été tournée. Et certains déclarations, jusqu'à celles de Clément dans L'Equipe ce jeudi, laissent apparaître des nerfs encore à vif, une plaie toujours ouverte. En Allemagne, le retour au terrain permettra de passer à autre chose. Un cap nécessaire, potentiellement aussi salutaire que dangereux. On saura ce week-end si les Bleus ont mis Lille derrière eux.
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Arnaud Clément tente de motiver Jo-Wilfried Tsonga

Crédit: Panoramic

Parce que, depuis la finale contre la Suisse, tout n'a pas été rose

Les lendemains de fête sont parfois difficiles. Les lendemains de défaite aussi. Depuis l'échec à Lille, le tennis français a subi un certain nombre de secousses, sur et en dehors du terrain. Entre les stigmates de la défaite contre la Suisse, les pépins physiques et des résultats en dents de scie, la troupe d'Arnaud Clément n'aborde pas cette nouvelle campagne sur une folle dynamique. De haut en bas, tout le monde ou presque est fragilisé. On retiendra quatre faits révélateurs :
  • La fracassante sortie médiatique de Yannick Noah. On peut penser ce qu'on veut du positionnement de l'ancien vainqueur de Roland-Garros, mais le coup d'éclat de Noah a fait du tort à Arnaud Clément.
  • Collectivement, l'Open d'Australie a été un flop. Le premier majeur de la saison a été marqué par l'absence de représentants français en deuxième semaine. Ce n'était que la deuxième fois depuis dix ans. La précédente? A l'Open d'Australie 2011, dans la foulée d'une défaite en finale de Coupe Davis, déjà. Tiens, tiens...
  • Deux leaders absents sur quatre. Jo-Wilfried Tsonga et Richard Gasquet, deux piliers du groupe, sont absents pour cause de blessure à l'heure d'aborder ce huitième de finale. La densité du tennis masculin tricolore permet heureusement de compenser, mais Tsonga et Gasquet, pour la France, en Coupe Davis, ce n'est pas rien.
  • L'imbroglio Monfils. Il ne voulait pas jouer. Finalement, il sera là. Le 21 février, le Parisien avait annoncé son forfait pour le déplacement en Allemagne. Avant de faire volte-face trois jours plus tard. Tout seul, officiellement.
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Gaël Monfils lors de la finale de la Coupe Davis face à Roger Federer

Crédit: AFP

Parce que le tableau est moins simple qu'il n'y parait

La Suisse, tenante du titre, est vouée à faire de la figuration sans Federer et Wawrinka. L'Espagne est à l'étage inférieur et va se battre pour remonter. Berdych, qui a tant donné ces dernières années, va laisser la République tchèque orpheline. La voie serait donc libre ou, en tout cas, dégagée... C'est oublier un peu vite que la France est à peu près certaine de devoir voyager toute l'année si elle veut retourner en finale.
L'Allemagne, donc, d'abord. En quarts, que ce soit les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne, il faudra aussi se déplacer. Et en demies, l'Italie, la République tchèque et l'Australie auraient toutes les garanties de recevoir la France. Seul le Kazakhstan, que les Français n'ont jamais joué, permettraient éventuellement d'évoluer à domicile. Imaginez un quart chez l'Oncle Sam et une demie aux Antipodes. Deux longs déplacements, à deux périodes difficiles de la saison... Pas simple à gérer. Jouer à domicile ne fait pas tout en Coupe Davis, la France en sait quelque chose. Mais devoir se déplacer toute l'année complique à l'évidence l'existence.
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