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Naissance, anecdotes, records : Les 9 choses à savoir absolument sur la Coupe Davis

Laurent Vergne

Mis à jour 07/03/2015 à 09:19 GMT+1

Depuis plus d'un siècle, elle fait partie intégrante de la légende du tennis et même du sport mondial. En neuf questions, plongez dans la grande et la petite histoire de la Coupe Davis.

Le mythique Saladier d'argent

Crédit: Panoramic

1/ Où et comment est née l'idée de la Coupe Davis ?

Il fallait y penser. Il fallait surtout oser y penser. Organiser une compétition internationale par équipes en tennis, à la fin du XIXe siècle, c'était totalement incongru. D'une part parce que le tennis est un sport individuel. Ensuite parce qu'à l'époque, les moyens de transport, limités, rendent complexes l'idée de rencontres internationales. Avant de créer la coupe qui portera son nom, Dwight Davis va inventer une étape intermédiaire. A l'été 1899, il organise une rencontre universitaire entre Harvard, où il étudie, et une équipe de la Côte Ouest.  Tout le pays à traverser, c'est déjà une gageure en ces temps-là. Mais avec ses trois coéquipiers, Davis est emballé. "Si des duels entre équipes d'un même pays suscitent de l'engouement et de l'émotion, pourquoi des rencontres entre pays n'auraient-elles pas encore plus d'intérêt?", s'interroge-t-il. Ce même été se tient, en voile, l'America's Cup, entre les Etats-Unis et les Iles Britanniques. Davis se met en tête d'organiser la même rencontre en tennis. Le pari sera tenu dès l'année suivante, en 1900.
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Dwight Davis, au centre, lors de la finale France-Etats-Unis en 1932.

Crédit: AFP

2/ Mais pourquoi un Saladier d'argent ?

En 1900, c'est en allant chez un des plus célèbres joailliers des Etats-Unis, "Shreve Crump and Low", que Dwight Davis, le fondateur de l'épreuve, va trouver la future relique (1). Pour la coquette somme de 1000 dollars, il achète ce saladier de 33 centimètres de haut, 217 onces d'argent et 6,5 kilos. 115 ans plus tard, le trophée dans son ensemble pèse 105 kilos suite à l'ajout des trois socles successifs sur lesquels les noms des vainqueurs sont ajoutés au fur et à mesure. La partie inférieure a été ajoutée au début du XXIe siècle (voir photo ci-dessous). Il reste 13 plaques disponibles dessus, à raison de deux vainqueurs par plaque. Dans 26 ans, il faudra donc rajouter un quatrième socle. Il faudra être costaud pour soulever le trophée entier... Dwight Davis, lui, n'imaginait pas que son saladier prendrait une telle importance. Dans les années 30, il dira d'ailleurs : "si j'avais su, je l'aurais pris en or !"
(1) Une légende urbaine circulera quelques années plus tard : Davis, sur les conseils de sa femme, se serait débarrassé d'un cadeau de mariage jugé encombrant et peu gracieux : le fameux saladier. L'intéressé a toujours démenti cette version.
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En 2000, le Saaldier d'argent n'avait encore qu'un socle à deux étages.

Crédit: Imago

3/ Comment s'appelait la Coupe Davis... avant de s'appeler la Coupe Davis ?

Pour nous, la Coupe Davis, c'est la Coupe Davis. Difficile d'imaginer qu'elle puisse s'appeler autrement. Comme si la Ryder Cup ne s'appelait pas la Ryder Cup, ou si Wimbledon n'était pas Wimbledon. Pourtant, pendant plusieurs décennies, les joueurs ne disputaient pas la Coupe Davis mais l’"International Lawn Tennis Challenge". Il faudra attendre 1946 pour assister à la première édition de la Coupe Davis disputée sous ce nom. Un an plus tôt, Dwight Davis était décédé, à l'âge de 66 ans. L'épreuve fut rebaptisée en son nom dans la foulée, afin d'honorer sa mémoire.

4/ Pourquoi les quatre Mousquetaires français étaient-ils cinq ?

René Lacoste. Jean Borotra. Henri Cochet. Jacques Brugnon. En remportant la Coupe Davis six années de suite de 1927 à 1932, les quatre Mousquetaires ont écrit une des plus glorieuses pages de l'histoire du sport français. Sauf que les quatre Mousquetaires étaient en réalité cinq. Si vous cliquez sur le lien ci-dessous, vous pourrez voir que le nom de Christian Boussus apparait gravé à quatre reprises sur le saladier d'argent, de 1929 à 1932. Il a donc remporté quatre fois la Coupe Davis… sans jamais avoir joué un seul match à cette période. Son statut de remplaçant ne lui a jamais permis de jouer. Il disputera son tout premier match... en 1934. Surnommé le 5e Mousquetaire, Boussus n'était pourtant pas un peintre. Il a notamment été finaliste à Roland-Garros en 1928 et demi-finaliste à Wimbledon en 1931. Mais, barré par des monstres de son temps, il est resté la cinquième roue du carrosse bleu.
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Les Mousquetaires français de Coupe Davis dans les années 30 - Brugnon, Cochet, Lacoste et Borotra

Crédit: AFP

5/ Quel est l'évènement le plus tragique de l'histoire de la Coupe Davis ?

La Coupe Davis, dans sa longue Histoire, regorge de petites histoires. Cocasses, drôles, ou pathétiques. Au choix. Mais aucune n'est plus tragique que celle de Jiro Sato. En 1934, Sato embarque sur le Hakong-Maru, qui vogue vers l'Europe, où le Japon doit disputer une rencontre de Coupe Davis. Jiro Sato se jette à la mer. Il a laissé deux lettres. Une pour le capitaine du bateau, afin de s'excuser du dérangement. L'autre à ses équipiers. Il leur explique que, diminué physiquement et nerveusement, il préfère se donner la mort plutôt que de ne pas représenter dignement les couleurs de son pays. Sato ne voulait pas continuer à jouer en Coupe Davis. Il voulait reprendre ses études. Mais la fédération nippone, le jugeant indispensable, avait imposé sa présence. D'une façon extrême, Sato a choisi de se libérer de ce carcan. Prétexte aux joies les plus intenses et aux désillusions les plus poignantes, la Coupe Davis aura été, en l'espèce, la cause indirecte d'un drame absolu.

6/ Qui est l'unique recordman des victoires en Coupe Davis ?

Des dizaines et des dizaines de joueurs ont apposé leur nom au palmarès de la Coupe Davis. Mais un seul l'a gagnée à huit reprises: Roy Emerson. La légende australienne, qui a conquis ses titres sur une fenêtre de neuf éditions de 1959 à 1967, détient ainsi seul le record de victoires dans l'épreuve. Il devance sept joueurs à sept titres, son compatriote Neale Fraser, et les Américains Bill Johnston, Stan Smith, Bill Tilden et Richard Williams. Jean Borotra et Henri Cochet sont eux les deux seuls Français à avoir gagné six fois. Harry Hopman, lui, a remporté… 16 Coupes Davis en tant que capitaine. Mais tous ces gens ont bénéficié du système du "Challenge Round", qui permettait jusqu'en 1971 au tenant du titre de ne disputer qu'un seul match pour conserver sa couronne.
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Roy Emerson, à droite, avec l'équipe d'Australie lors de sa victoire en finale de la Coupe Davis 1961.

Crédit: AFP

7/ Pourquoi n'y a-t-il eu que 102 finales en 103 éditions ?

Il y a eu 103 éditions de la Coupe Davis en 115 ans. 10 éditions ont été annulées à cause des deux Guerres mondiales et il n'y a pas non plus eu d'épreuves en 1901 et 1910. 103 éditions, donc, mais seulement 102 finales disputées. En 1974, elle n'a pas eu lieu. L'Afrique du Sud devait alors recevoir l'Inde des frères Armitraj (dont Vijay, qui, ce qui n'a rien à voir, jouera plus tard dans un James Bond) à Johannesburg. Mais le gouvernement indien imposa à son équipe de boycotter l'évènement  pour protester contre l'Apartheid, offrant le titre aux Sud-Africains sur tapis vert. Une édition historique, donc. A double titre. Depuis 1936, le trophée n'avait été gagné que par les Etats-Unis ou l'Australie. Chez les joueurs, ce scénario a laissé un goût amer à tout le monde, Sud-Africains ou Indiens. Mais contrairement à son frère Anand, Vijay Armitraj, lui, ne regrette rien : "En tant que sportif, j'étais très déçu. Mais comme homme, j'étais fier de la décision de mon pays."

8/ Quel est le plus grand joueur à n'avoir jamais gagné la Coupe Davis ?

Qui est le plus grand champion de l'histoire du tennis à ne jamais avoir remporté la Coupe Davis ? Jusqu'à peu, c'était Roger Federer. Désormais, c'est Jimmy Connors. Si l'on prend les 13 joueurs affichant au moins huit titres du Grand Chelem à leur palmarès, seul Connors n'a jamais soulevé le Saladier d'argent. Il y a là une forme de cohérence. Individualiste forcené, Connors n'aimait pas la Coupe Davis. Il n'a joué qu'une seule finale, et elle résume bien sa relation avec l'épreuve. En 1984, les Américains sont désossés 4-1 en Suède. Connors se retrouve avec les deux personnes qu'il déteste le plus : John McEnroe, son coéquipier, et Arthur Ashe, son capitaine. Suite à un malentendu, Jimbo reste une demi-heure dans le froid à attendre son tour pour l'entrainement, alors que McEnroe et Fleming sont sur le court. Quand il pénètre enfin sur le terrain, Connors dessine en lettres géantes sur la terre battue un "Fuck you, Artie" avant de s'en aller. Puis, lors de son match (perdu) contre Wilander, il traite l'arbitre de "trou du cul" avant de lui sortir cette réplique culte : "C'est malin de me foutre des pénalités alors que je me casse le cul à jouer sur terre battue au mois de décembre".

9/ Quel est le plus long match de l'histoire ?

Ce 11 juillet 1982, il ne fallait pas être pressé au Checkerdome de Saint Louis. Six heures et 22 minutes ont été nécessaires à John McEnroe pour venir à bout de Mats Wilander après un combat épique : 9-7, 6-2, 15-17, 3-6, 8-6, dans ce qui reste le plus long simple de toute l'histoire de la Coupe Davis. C'était avant l'introduction du tie-break en Coupe Davis, en 1989. "A la fin du troisième set, raconte Cliff Drysdale, qui commentait ce match sur ESPN, les tribunes se sont vidées. Les gens sont partis manger. Quand ils sont revenus, une heure après, ce n'était toujours pas fini". Fait incroyable, McEnroe passera à… une minute de ce record cinq ans plus tard, face à Boris Becker. Mais cette fois, il perdra (4-6, 15-13, 8-10, 6-2, 6-2) en 6h21’. Il a donc disputé les deux plus longs simples de l'histoire. Toutefois, le match le plus long est un double, et il est tout récent : en février 2013, la paire tchèque Berdych-Rosol a battu le duo suisse Wawrinka-Chiudinelli en 7h01, 24-22 au 5e set !
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