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Oui, il faut dépoussiérer la Coupe Davis, mais sans faire de rayure

Laurent Vergne

Mis à jour 27/11/2015 à 07:07 GMT+1

COUPE DAVIS – Dépassée ? Inadaptée ? Délaissée par les meilleurs ? On dit un peu tout et n'importe quoi sur la Coupe Davis. Si la célèbre épreuve par équipes, dont la finale de l'édition 2015 se tient ce week-end, a indéniablement besoin d'un lifting, certaines propositions pour son remodelage laissent sceptique.

Coupe Davis : le célèbre Saladier d'argent

Crédit: Panoramic

Tous les ans, on nous ressort le même couplet. La Coupe Davis, cette idée jadis révolutionnaire, incroyablement novatrice, serait bonne à jeter à la poubelle. Ou presque. Dépassée. Incongrue. N'intéressant plus personne. Ni grands champions, ni téléspectateurs. Le seul moyen de la sauver serait, dit-on, de tout changer, de fond en comble. Il y a, à la base de ce foutoir idéologique, une réalité : cette compétition a besoin d'évoluer. Mais ce n'est pas en prônant n'importe quoi qu'on lui rendra service. La Coupe Davis a sans aucun doute besoin d'un toilettage, mais pas d'être tondue à 100%, auquel cas elle ne ressemblerait plus à rien.
Ce débat n'est pas nouveau. A la fin du siècle dernier, en 1999, à la suite d'un quart de finale entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis que les ténors américains (Sampras et Agassi, en l'occurrence) avaient zappé, médias britanniques et américains s'étaient posés la question à l'unisson : que faire de la Coupe Davis ? Tout en pronostiquant sa mort si elle n'était pas totalement refondée. 16 ans après, les questions n'ont guère évolué. Mais la Coupe Davis est toujours là.

Le Big Four au grand complet au palmarès dimanche soir ?

Il faut d'ailleurs balayer cette idée reçue ou, à tout le moins, l'atténuer : les grands joueurs se désintéresseraient totalement de cette épreuve. C'est absurde. Les grandes figures du XXIe siècle, Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic ou Andy Murray, ont énormément apporté à la Coupe Davis. Et elle leur a beaucoup rendu. Les trois premiers l'ont gagnée et le quatrième les rejoindra peut-être ce week-end.
Il faut se souvenir que c'est elle qui a révélé Nadal, que l'on revoit soulever le Saladier d'argent à 18 ans. Rafa l'a remporté à quatre reprises. Difficile aussi d'oublier Federer pleurant comme un gosse à 33 ans l'an dernier, à Lille, après avoir enfin bouché ce trou à son sidérant palmarès. Ou Djokovic, crâne rasé, haranguant la foule de Belgrade fin 2010. Le Serbe a d'ailleurs toujours souligné, à quel point ce titre en Coupe Davis avait pesé dans sa métamorphose, servant de fusée d'allumage à la phase II de sa carrière, celle qui l'a vu dominer le monde depuis cinq ans. Et le Djoker était encore en finale il y a deux ans. Oui, la Coupe Davis a changé des vies. Elle a brisé des carrières, en a relancé d'autres. Elle n'est jamais neutre. Pas même sur les plus grands. Aujourd'hui, c'est au tour d'Andy Murray, qui a même un temps envisager de zapper le Masters pour mieux se consacrer à la finale de Coupe Davis, d'en témoigner.
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Roger Federer à Lille en finale de la Coupe Davis.

Crédit: Imago

Les sets raccourcis ne changeraient pas la nature de la Coupe Davis, mais du tennis lui-même

Mais ces immenses champions, c'est vrai, ont cessé depuis longtemps d'en faire un objectif permanent. Pour qu'elle revienne au centre du jeu, l'épreuve a indéniablement besoin d'être remodelée. Cela passera peut-être par un surcroit de dotations. En termes financiers et de points au classement ATP.
Sauf que le nerf de la guerre, c’est le format de l'épreuve. Et là, c'est un peu le concours Lépine de la rénovation. On voit beaucoup d'idées fuser et les grands esprits qui se penchent sur le cas du patient Coupe Davis sont rarement d'accord sur le traitement à appliquer ce qui, soit dit en passant, démontre bien qu'identifier la nature du problème est plus simple que sa résolution.
Parmi les propositions mises sur la table pour 2019 (le calendrier est figée d'ici là), plusieurs axes se dégagent. Certains font vraiment peur. Comme cette idée de faire jouer des demi-sets afin d'alléger la charger de l'épreuve dans le calendrier. Là, on ne touche plus seulement à la nature de l'épreuve, mais à l'essence même de ce sport, dont la dimension physique est une composante essentielle. Cette idée en séduit certains. Ce serait surtout un terrible aveu d'échec. Quitte à raccourcir le format du week-end de Coupe Davis, on pourrait déjà envisager de basculer le double en deux sets gagnants. Mais faire jouer des demi-sets...

Le Final Four séduisant mais...

La suggestion d'une compétition sur deux ans ne me séduit pas davantage. C'est déjà dur de tenir les gens en haleine de février à novembre, mais feuilletonner sur deux ans paraît bien complexe. Et le système de poules n'est pas plus alléchant. L'idée la plus séduisante tient donc peut-être dans celle d'un "Final Four", organisée chez l'un des quatre demi-finalistes. Pourquoi ? Parce que, ce qui manque aujourd'hui, c'est de faire de la finale de la Coupe Davis un véritable évènement incontournable.
Cette formule aurait le double avantage ce créer un véritable évènement de fin de saison avec potentiellement plusieurs têtes d'affiche du Top 10, tout en concentrant l'épreuve sur trois rendez-vous dans l'année au lieu de quatre aujourd'hui. Un premier tour en mars, des quarts l'été et le Final Four en novembre, après le Masters, sur dix jours ou deux semaines. Reste qu'on s'éloignerait potentiellement d'un des aspects essentiels de la Coupe Davis, qui consister à jouer à domicile ou à l'extérieur. Or, dans ce schéma, si le pays organisateur est éliminé en demi-finales, la finale se jouerait sur terrain neutre.
On le voit, il ne sera pas simple de mettre tout le monde d'accord et la solution miracle n'existe pas. Il ne faudra pourtant pas se tromper. Car si l'immobilisme n'est pas une solution, tout changement radical, si les choix opérés venaient à s'avérer néfastes, risqueraient de tuer l'épreuve pour de bon. Alors, dépoussiérer, oui. Mais sans faire de rayures.
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Murray et le team british - Coupe Davis 2015

Crédit: Panoramic

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