Entre un double encore fragile et des leaders en berne, les Bleus encore les mêmes limites

Le constat est là, implacable. La perte du double a entraîné à chaque fois la défaite des Bleus ces dernières années. Cela s'est encore vérifié ce week-end à Zadar. Sans ce point on ne peut plus déterminant dans cette compétition, ces Bleus-là, sans Tsonga et Monfils, avaient très peu de chances d'aller chercher la victoire, surtout avec un Gasquet balancé leader de l'équipe alors qu'il était en phase de reprise. La chute de Herbert et Mahut samedi n'annonçait rien de bon pour la suite. Avec un Marin Cilic en feu et un public chauffé à blanc, les Bleus se sont bel et bien brûlé les ailes.

Le dernier retournement de situation en date remontait à un quart de finale 2014. Les Bleus étaient menés 2-0 à Nancy par l'Allemagne le vendredi soir, mais la paire Benneteau/Llodra, puis Tsonga et Monfils en simple avaient arraché la victoire (3-2). Même chose en 1996 à Nantes en demi-finale face à l'Italie, de 0-2, les Bleus s'étaient imposés 3-2 après la victoire de Forget/Raoux le samedi, puis Pioline et Boetsch en simple le dimanche. A chaque fois, le double avait inexorablement relancé la machine bleue.

Il faut remonter à plus de trente ans en arrière pour retrouver la trace du dernier renversement d’un match de Coupe Davis par les Bleus après avoir perdu le double le samedi : c’était en 1979 au premier tour aux Pays-Bas et Yannick Noah était déjà là. La défaite de Patrice Dominguez et de Gilles Moretton le samedi avait poussé l'actuel capitaine des Bleus et Pascal Portes à remporter les deux derniers simples pour empocher la victoire 3-2 le dimanche soir. Depuis, c'est le trou noir.

Bien sûr, gagner le double n'était pas non plus la garantie de s'imposer en fin de compte. Certaines rencontres de Coupe Davis ont été perdues malgré un double à la hauteur, comme en finale 2010 en Serbie, en demi-finale 2011 en Espagne ou encore en quart de finale 2008 face aux USA. Mais à chaque fois, les Français se sont cassé les dents sur de très fortes individualités qui ont su prendre la compétition à bras le corps, comme Murray, Nadal, Djokovic, Federer et Wawrinka pour ne prendre que les derniers croisés, capables de gagner à eux seuls une rencontre. Cette fois-ci, c'était Marin Cilic et les Bleus, orphelins de leurs têtes d'affiche que sont Tsonga et Monfils, n'avaient pas les moyens de le contrarier.

Lorsque Yannick Noah est revenu aux commandes de l'équipe de France courant 2015, il savait que c'était un chantier urgent à régler. L'éclosion de Mahut et Herbert était presque du pain béni, mais cela n'a pas tout résolu. Pourtant, il ne peut pas s’en vouloir de les avoir lancés dans la bataille croate. Au classement ATP, c’est la meilleure paire du monde actuelle, le capitaine ne pouvait pas faire mieux en sélectionnant ces deux-là qui ont remporté deux titres du Grand Chelem ensemble. Malheureusement, cela ne s'est pas révélé payant sur le court de Zadar, comme cela l'avait été en quart de finale face à la République tchèque.

Samedi, les numéros un mondiaux ont commis beaucoup trop de fautes, surtout sur les points importants. Ceux qui laissent le plus de regrets évidemment au moment de faire les comptes. Ceux qui ne leur échappaient pas en début de saison entre Rotterdam et Monte-Carlo. Mais aussi ceux qui leur échappent depuis leur première sélection en Coupe Davis à Trinec en quart de finale. Le classement, dans un match de Coupe Davis, pèse parfois peu de choses... surtout côté français. Cela dit, c'était leur première campagne de Coupe Davis. Peut-être que la lumière viendra l'année prochaine.