Depuis Roland-Garros, Murray, c'est plus fort que Djokovic et Wawrinka réunis

Le classement ATP affiche souvent une réalité en trompe-l'œil. Ce que l'on voit à l'instant T n'est pas toujours conforme à ce qui est en train de se dessiner. Depuis ce lundi, Andy Murray occupe la première place du classement pour la première fois. Novak Djokovic n'est que 405 points derrière lui. Mais à moyen terme, l'avance du Britannique pourrait bien s'accroitre. Car depuis son titre à Roland-Garros, Djokovic accuse un lourd handicap sur Andy Murray. Et il n'est pas le seul.

Sur les cinq derniers mois, c'est en effet un océan qui sépare le premier de la classe de ses petits camarades. Vainqueur d'un Grand Chelem, de deux Masters 1000 et de trois ATP 500, Murray a quasiment fait le plein, en dehors de Cincinnati, où il a tout de même atteint la finale, et de l'US Open, où il avait été stoppé en quarts. Son bilan depuis Roland-Garros : 45 victoires, 3 défaites et 7 titres. Et encore, dans l'optique du classement ATP, sa victoire olympique à Rio ne lui a rien rapporté, sans quoi il aurait raflé 750 points supplémentaires, sur la base du "tarif" de 2012.

Même sans cet apport comptable de sa médaille d'or, Murray affiche 6460 points au compteur depuis Roland-Garros. Un sacré total sur une seconde moitié de saison, qui a toutes les chances de gonfler encore avec le Masters de Londres. Le plus impressionnant, ce sont surtout les écarts creusés sur ses concurrents, qui ont tous connu des périodes peu prolifiques sur ces cinq mois. Pour preuve, son dauphin de juin à novembre accuse un déficit de... 3625 points. Sur cinq mois, c'est colossal.

Ce dauphin, c'est Stan Wawrinka, le vainqueur de l'US Open, qui culmine à 2835 points. Le Suisse est quasiment à égalité avec Novak Djokovic, troisième avec 2830 points, cinq de moins seulement que son bourreau en finale de l'US Open. Le Serbe a en réalité très peu joué depuis son sacre à Paris : cinq tournois en cinq mois. Wimbledon et l'US Open, les Masters 1000 de Shanghai et Bercy, et les J.O. qui, rappelons-le, ne rapportaient rien.

Le bilan comptable du Djoker n'est donc finalement pas si maigrichon, au vu du contexte. Et même en état de "crise", il reste troisième mondial sur cette période, et même quasiment deuxième ex aequo. Une crise toute relative, donc. Mais dans la bataille pour la place de numéro un, Murray lui a clairement mis une claque de juin à septembre, et l'Ecossais pourra capitaliser dessus jusqu'au prochain Roland-Garros, où il sera sans doute très difficile à Djokovic de récupérer son bien.

Hormis la nette avance prise par Murray, si on compare le classement actuel à celui de la deuxième moitié de saison, on retrouve donc le même tiercé de tête, mais pas dans le même ordre. Derrière, Milos Raonic est à la fois quatrième sur les 52 dernières semaines et sur les cinq derniers mois. Kei Nishikori et Gaël Monfils tiennent eux aussi à peu près leur rang (le Japonais est 4e au classement de référence et 6e depuis Roland-Garros et le Français 6e et 7e. Idem pour Tomas Berdych (11e et 9e).

On note en revanche deux principaux bénéficiaires, susceptibles de bondir sensiblement dans la hiérarchie au cours du premier trimestre 2017. Marin Cilic, d'abord. Le Croate, qui vient tout juste de réintégrer le Top 10, peut viser plus haut. Sur les points pris depuis le début du mois de juin, il figure en effet en 5e position, grâce principalement à ses titres à Cincinnati (Masters 1000) et Bâle (ATP 500). L'autre grand gagnant nous vient également de Croatie, puisqu'il s'agit d'Ivo Karlovic. Sans faire de bruit, le vétéran géant va finir la saison à la 20e place. Mais il a toutes les chances de grimper dans les prochains mois car c'est essentiellement depuis Roland-Garros qu'il a glané ses points : 1630 au total, ce qui lui vaut de pointer au 8e rang sur la seconde moitié de saison.

Karlovic n'a pas forcément flambé dans les très grands tournois, mais avec deux titres en 250 cet été, une finale à Washington (ATP 500) ou une demie à Tokyo et une belle régularité de façon globale, il a solidement engrangé. D'ici juin, il n'aura que 220 points à défendre, autant dire rien, comparé à un Dominic Thiem, qui a suivi la trajectoire inverse et n'apparait qu'à la 19e place de juin à novembre. Ne vous étonnez donc pas de retrouver ce bon vieux Karlovic aux abords du Top 10, voire carrément dedans, au premier semestre 2017. A 38 ans, ce serait quand même un sacré exploit.