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Dossier jeunes - Thiem, Kyrgios, Pouille, Zverev : Y a-t-il un futur patron dans la salle ?

Laurent Vergne

Mis à jour 15/01/2017 à 10:17 GMT+1

Quatre joueurs à la première place mondiale en douze ans. Sept vainqueurs en Grand Chelem en plus d'une décennie. Une élite à la moyenne d'âge sans cesse plus âgée. Dur, dur d'être un p'tit jeune et de casser la baraque aujourd'hui. Pourtant, certains frappent à la porte, à l'image de Thiem, Kyrgios, Zverev ou Pouille. Ils ont des armes et des arguments. Mais ont-ils l'étoffe de futurs grands ?

Thiem, Kyrgios, Pouille, Zverev : un quatuor d'avenir

Crédit: Eurosport

Tennis, XXIe siècle. En 2001, Lleyton Hewitt est devenu à 20 ans le plus jeune numéro un mondial de l'histoire. Fin 2003, le trio majeur du circuit, composé d'Andy Roddick, Roger Federer et Juan Carlos Ferrero, affichait respectivement 21, 22 et 23 ans au compteur. Rafael Nadal était numéro deux mondial à 19 ans, avant de prendre le pouvoir en 2008 à 22. Novak Djokovic a intégré le podium du classement ATP à seulement 20 ans. Et même s'il a dû patienter quelque temps derrière le tandem helvético-espagnol, il n'avait encore que 24 piges à son accession sur le trône. Tout ceci n'est pas la préhistoire. C'était là, tout près de nous. Mais c'est un temps révolu.
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Il faut se frotter les yeux pour le croire, tant cette disette apparait surréaliste au regard de l'histoire, mais il n'y a plus eu un joueur de moins de 24 ans dans le Top 5 de la hiérarchie mondiale depuis le mois de mai 2010. Juan Martin Del Potro avait alors 21 ans et pointait encore à la 5e place. L'Argentin est le dernier jeunot à avoir émergé de façon aussi précoce : vainqueur de l'US Open à 21 ans et Top 5 au même âge. Il suffit de jeter un coup d'œil au classement ATP tel qu'il se présente aujourd'hui pour mesurer à quel point il est actuellement compliqué d'être jeune et performant au très, très haut niveau.
En ce début d'année 2016, le plus jeune membre du Top 5, Milos Raonic, a fêté son 26e anniversaire le mois dernier. Il a encore de très belles années devant lui, sans doute même les meilleures, mais il n'est plus exactement un petit jeune. Derrière, ça pousse. Doucement. Les portes du Top 10 ont commencé à se déverrouiller, à l'image de Dominic Thiem l'an dernier. Celles du Top 5, sans parler d'aller voir plus haut, disons tout en haut, restent encore largement fermées. Alors, existe-t-il, dans la nouvelle génération, celle qui est née après 1993, le futur patron du tennis mondial ? Le futur Djokovic ou Murray ?
Ils sont quatre, à ce jour, à correspondre à ces critères d'âge et à avoir, d'ores et déjà, atteint un premier palier de l'élite mondiale. Mais jusqu'où peut grimper ce "mini Big Four" ?

Dominic Thiem (23 ans, N.8 mondial)

De ce quatuor, il est à la fois le plus âgé et le seul à avoir déjà intégré les 10 premiers mondiaux. Il est aussi le seul à avoir atteint le dernier carré d'un tournoi du Grand Chelem quand les trois autres ont pour l'heure calé en quarts (Kyrgios et Pouille) ou huitièmes (Zverev). Il est donc le plus en avance. Présent au Masters pour la première fois en novembre, il se sait attendu en 2017. Ce sera la saison la plus compliquée à gérer de sa jeune carrière. Il a atteint un premier seuil et devra prouver dans les mois à venir que la zone où il se situe depuis six mois (entre la 7e et la 10e place) ne constituera pas un plafond de verre, mais bien un simple cap.
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Dominic Thiem (ATP World Tour Finals 2016)

Crédit: AFP

Nick Kyrgios (21 ans, N.14 mondial)

Intrinsèquement, peut-être le plus talentueux et celui dont le potentiel est le plus élevé. Le tout étant de savoir si Kyrgios sera capable de le maximiser. "Il soulève des interrogations car en dépit d’un talent immense et d’une très forte personnalité, il n’est pas exemplaire pour le moment en ce qui concerne son investissement", relève Patrick Mouratoglou. Capable du meilleur contre les meilleurs, et du pire contre n'importe qui, n'importe quand, l'Australien a quand même gagné ses trois premiers titres en 2016. Il a le jeu pour aller très vite, très haut. Mais sa carrière sera ce qu'il en décidera. Et pour l'instant, difficile de savoir s'il est prêt à se départir d'une certaine tendance autodestructrice sur le court...
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Nick Kyrgios

Crédit: Imago

Lucas Pouille (22 ans, N.16 mondial)

Lucas Pouille a connu une ascension fulgurante depuis le printemps dernier. Après avoir gentiment plafonné des mois durant, il a bondi de plus de 60 places au classement entre avril et octobre, jusqu'à boucler l'exercice 2015 dans le Top 15. Sa victoire sur Nadal à l'US Open (un des matches de l'année), a marqué les esprits. Bien entouré, mû par une saine ambition, aussi conscient de ses capacités que des progrès restant à accomplir, le Nordiste coche toutes les cases du futur très, très bon joueur. Il n'y a aucune raison qu'il ne puisse pas porter le tennis français, peut-être même assez rapidement.
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Lucas Pouille

Crédit: AFP

Alexander Zverev (19 ans, N.24 mondial)

Le petit prodige. Le premier joueur depuis Novak Djokovic en 2006 ayant intégré le Top 20 à moins de 20 ans. Le premier joueur de moins de 20 ans, aussi, à décrocher un titre sur le grand circuit depuis Marin Cilic en 2008. Deux statistiques qui suffisent à poser le bonhomme. Sacha Zverev est un diamant. Plus tout à fait brut, mais pas encore poli au point de pouvoir faire la loi sur le circuit. Chaque chose en son temps. Il est toutefois très tentant de voir en lui un des personnages centraux du tennis dans les dix prochaines années. Il a le jeu pour et semble savoir ce qu'il veut. 2017 pourrait le voir s'approcher, voire intégrer le Top 10. Il doit aussi franchir un cap dans les grands tournois.
Il est tout à fait possible que, dans ce quatuor, figure au minimum un joueur capable de jouer un rôle majuscule dans le tennis mondial à moyen terme. "Y-a-t-il parmi eux des futurs vainqueurs en Grand Chelem ? A n’en pas douter, assure Patrick Mouratoglou. Ils en ont tous les quatre le profil." Mais attention, le très bon joueur est une chrysalide, dont la pleine métamorphose en grand champion n'est en rien une garantie.
Ce que nous disons aujourd'hui de Zverev ou de Kyrgios, nous aurions pu le dire il y a quatre ou cinq ans d'un Grigor Dimitrov. Or, en dépit d'un parcours plus que correct, le Bulgare n'a, pour l'instant, pas réussi à s'assumer en tant que champion à part entière. A l'inverse, qui aurait pu prédire, quand il avait 25 ou 26 ans, et coinçait entre la 10e et la 20e place au classement, que Stan Wawrinka deviendrait un triple vainqueur en Grand Chelem. Peut-être le véritable futur crack est-il aujourd'hui un peu plus loin dans la hiérarchie. Rien n'est écrit.
Pour eux, les bases sont là. Le talent, le jeu, des coups forts, une personnalité. Mais cela ne suffira pas forcément. "Il faudra surveiller de près leurs choix, leur gestion des moments-clés de leurs saisons et leur capacité à mettre les bouchées doubles, pour en savoir plus sur leur future capacité à régner sur les autres", note encore Mouratoglou. Thiem, Kyrgios, Pouille ou Zverev incarnent l'avenir. Mais à ce stade, il demeure aussi incertain que prometteur. Ils sont au stade des questions, pas des réponses.
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