Pouille, Kyrgios, Zverev... A qui le tour d'entrer dans le Top 10 ?

Lucas Pouille

• Sa plus grosse perf' jusqu'ici : Sans aucun doute sa victoire en cinq sets contre Nadal à l'US Open l'an dernier, pour accéder aux quarts de finale. Un des matches de l'année 2016. Le genre de rencontre qui fait avancer à pas de géant.

• Son début de saison : Une blessure au pied l'a contrarié au mois de janvier et explique sans doute en grande partie sa sortie de route dès le premier tour à l'Open d'Australie. Une grosse frustration, car il n'avait aucun point à y défendre et avait une sacrée occasion de se rapprocher du Top 10. Mais la suite a été bien meilleure avec une finale à Marseille et une demie à Dubaï. Les deux Masters 1000 américains s'annoncent importants pour lui en termes de dynamique.

• Pourquoi il peut croire au Top 10 : D'abord parce que, à ce jour, il est le mieux classé des joueurs n'ayant jamais atteint le Top 10. Pouille possède surtout une palette large. Bon serveur, gros frappeur des deux côtés, il sait qu'il a les armes pour rivaliser avec la plupart des joueurs du circuit. Il est également très bien entouré et semble animé d'une confiance saine. Il sait ce qu'il vaut et il a de l'ambition, sans se monter la tête pour autant.

• Pourquoi on peut encore avoir un doute : 2016 a été l'année de l'explosion pour le Français qui, rappelons-le, pointait encore aux alentours de la 80e place il y a tout juste un an. Confirmer est toujours plus complexe, surtout quand la progression a été plus brutale que constante. En terme de statut, cela fait beaucoup de choses à assumer en très peu de temps.

Nick Kyrgios

• Sa plus grosse perf' jusqu'ici : Wimbledon 2014. En huitièmes de finale, Nick Kyrgios domine le numéro un mondial Rafael Nadal. Il n'a que 19 ans. Il est le seul joueur de moins de 20 ans à avoir atteint les quarts d'un Grand Chelem depuis cinq ans. Pas mal, pour un premier Wimbledon.

• Son début de saison : A la Kyrgios, c'est-à-dire sinusoïdal.Tombé 10-8 au cinquième set contre Andreas Seppi dès le deuxième tour à Melbourne, il a commencé par une grosse désillusion. Il n'a joué que trois tournois pour l'instant. Après l'Open d'Australie, on l'a vu en demi-finale à Marseille, où il défendait son titre, puis à Acapulco, où il a signé sa première victoire importante de l'année contre Novak Djokovic.

• Pourquoi il peut croire au Top 10 : Dans cette liste, il est probablement celui qui possède intrinsèquement le plus gros potentiel. Quand il imbrique toutes les pièces du puzzle de son jeu, Kyrgios peut quasiment devenir injouable. Bien luné, il peut jouer les yeux dans les yeux avec n'importe qui, n'importe où. Parce qu'il a explosé voilà déjà près de trois ans, on oublie aussi que Kyrgios n'a pas encore 22 ans…

• Pourquoi on peut encore avoir un doute : Nick Kyrgios est son meilleur ennemi. L’Australien, c'est la constance dans l'inconstance. S'il veut devenir autre chose qu'un homme de coups, capable de temps à autre de semer la zizanie dans un tableau, il lui faudra tôt ou tard devenir plus régulier. Il lui manque aussi des résultats dans les tournois majeurs. Lors des huit derniers tournois du Grand Chelem, il n'a jamais dépassé les huitièmes de finale, atteint seulement à deux reprises. Une limite.

Roberto Bautista Agut

• Sa plus grosse perf' jusqu'ici : Roberto Bautista Agut, ou la preuve vivante qu'il faut toujours se garder de jugement définitif. A 22 ans, il n'était même pas dans les 160 premiers au classement ATP. Fin 2013, à 25 ans, il était 58e. Pas de coup exceptionnel, pas de qualités physiques hors normes, mais un acharnement au travail et une foi en ses qualités. Bautista Agut, c'est un mini-Ferrer, un joueur tirant le meilleur parti de son potentiel. Depuis trois ans, il n'a cessé de grimper dans la hiérarchie et son plus gros coup, il l'a sans doute réussi à Shanghai à l'automne dernier, en battant Novak Djokovic, alors numéro un mondial, en demi-finale.

• Son début de saison : L'Espagnol avait très bien débuté en s'imposant à Chennai dès son premier tournoi, avant d'atteindre les huitièmes à Melbourne, où il a accroché Raonic. Depuis, en revanche, il bafouille un peu : une demie à Sofia puis une sortie de route dès le deuxième tour à Dubaï. Mais globalement, sur ces deux premiers mois, il a de bonnes raisons d'être satisfait.

• Pourquoi il peut croire au Top 10 : Il est un des joueurs les plus réguliers du circuit. Bautista Agut, c'est l'homme qui perd rarement contre plus mal classé que lui. En témoigne son bilan en Grand Chelem depuis un an et demi : il a atteint cinq fois les huitièmes de finale lors des sept derniers majeurs. Entre janvier 2016 et janvier 2017, il a aussi disputé cinq finales. Un chiffre remarquable pour un joueur hors du Top 10.

• Pourquoi on peut encore avoir un doute : Il est sûrement eclui qui possède le potentiel le moins important de cette bande des cinq. Il est aussi le plus âgé. Il est possible qu'il soit au pic de sa carrière. Après avoir un peu reculé au classement (13e en octobre, 17e aujourd'hui), il a peut-être laissé passer sa chance. Pour lui aussi, le Top 10 passera peut-être par un exploit en Grand Chelem et non une simple régularité en huitièmes de finale.

Jack Sock

• Sa plus grosse perf' jusqu'ici : Il lui manque justement encore cette victoire référence, celle qui frappe les esprits, à l'instar de celle de Lucas Pouille face à Nadal à l'US Open. Son marqueur le plus fort, c'est donc peut-être ce succès en cinq sets, après avoir été mené deux manches à rien, contre Marin Cilic en Coupe Davis l'été dernier. Ce jour-là, Sock a donné l'impression d'avoir vraiment grandi. Malheureusement, deux jours plus tard, il perdait le cinquième match décisif contre Borna Coric. Tous les progrès accomplis et ceux restant à accomplir résumés en l'espace de 48 heures...

• Son début de saison : Plutôt très bon, quoi que fait de hauts et de bas. Il est un des rares joueurs à avoir déjà remporté deux titres cette année (à Auckland et Delray Beach). Sachant que l'on parle du joueur qui, fin 2016, ne comptait qu'un seul titre à son palmarès, ce n'est pas rien. A côté de ça, il a disparu dès le 1er tour à Acapulco voilà dix jours et son Open d'Australie avait confirmé ses limites au top niveau avec une défaite au troisième tour contre Jo-Wilfried Tsonga.

• Pourquoi il peut croire au Top 10 : Parce que, même s'il s'agit d'un échantillon à taille réduite, depuis le début de l'année, il n'en est pas loin (11e à la Race) et ce malgré un résultat quelconque à l'Open d'Australie. Il compte déjà deux titres en 2017, ce qui va booster sa confiance à l'approche des Masters 1000. Et comme sa fin de saison 2016 avait été intéressante (huitième à Flushing, quart à Shanghai et Bercy - ses deux premiers en M1000 - et finale à Stockholm), il dispose sur les six derniers mois d'un capital points intéressant.

• Pourquoi on peut encore avoir un doute : Pour deux raisons. D'abord parce qu'il manque encore de coffre dans les tournois majeurs du circuit : aucun quart de finale en Grand Chelem. Aucune demi-finale en Masters 1000. Et puis il cale encore trop souvent face aux meilleurs. Son ratio contre les mebres du top 10, justement, est faible : 23% (5 victoires, 21 défaites). A titre de comparaison, un Kyrgios, de trois ans son cadet, a déjà gagné deux fois plus de matches face aux joueurs du top 10 (11) et son taux de réussite flirte avec les 40%.

Alexander Zverev

• Sa plus grosse perf' jusqu'ici : Son titre à Saint-Pétersbourg l'automne dernier. Son premier. Ouvrir son palmarès à moins de 20 ans, c'était du jamais vu sur le circuit depuis sept ans. En prime, Zverev l'a conquis en battant en finale le vainqueur sortant de l'US Open, Stan Wawrinka, qui avait pourtant mené 3-0 dans le dernier set.

• Son début de saison : "Sascha" s'est fait voler la vedette par son grand frère Mischa à l'Open d'Australie. L'ainé a atteint les quarts de finale en sortant au passage Andy Murray. Le cadet n'est pourtant pas passé loin d'un grande quinzaine lui aussi. Sorti au troisième tour, il ne s'y était incliné qu'en cinq manches face à Rafael Nadal. Peu après, à Montpellier, il a coupé toutes les têtes bleues, dont celle de Jo-Wilfried Tsonga, pour décrocher son deuxième titre. Bref, s'il manque de régularité pour l'instant, les promesses sont toujours vives.

• Pourquoi il peut croire au Top 10 : Pour lui, la question n'est sans doute pas de savoir s'il atteindra le Top 10 un jour, mais plutôt quand. De la génération née après le 1er janvier 1997, il est très, très en avance sur tout le monde. Son jeu reste perfectible, et c'est bien normal. Mais il n'a pas peur des grandes scènes et le fait qu'il soit déjà aux portes du Top 20 en dépit de cette grosse marge de progression en dit long sur son potentiel.

• Pourquoi on peut encore avoir un doute : Il manque encore au jeune Zverev une performance digne de ce nom dans un tournoi du Grand Chelem, où on ne l'a encore jamais vu en seconde semaine. Quand il aura abattu ce mur-là, le Top 10 ne sera plus très loin. En attendant, il est celui qui en est le plus éloigné mathématiquement dans notre sélection.