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Richard Gasquet et la quête du grand frisson parisien

Laurent Vergne

Mis à jour 05/11/2015 à 22:08 GMT+1

MASTERS 1000 PARIS BERCY - Au bout d'une saison remarquable, Richard Gasquet est à la fois le numéro un du tennis tricolore et son dernier représentant en 2015. Le Biterrois peut-il faire plus et vivre, enfin, une grande aventure dans la capitale ?

Richard Gasquet

Crédit: Panoramic

Richard Gasquet est le dernier des Mohicans à Bercy. Après les sorties de route de Gilles Simon et Jo-Wilfried Tsonga, éliminés jeudi par Novak Djokovic et Tomas Berdych, le Biterrois est le dernier représentant français à Paris et dans cette saison 2015. Il y a là une forme de logique. Le numéro un tricolore, c'est bien lui à l'issue de cette campagne qu'il va probablement achever à la 9e place mondiale. Mine de rien, c'est la quatrième fois qu'il va boucler une saison dans le Top 10. Au gré des hauts, pas aussi hauts que rêvés par certains, et des bas de sa carrière, son chemin parfois chaotique mais plus qu'honorable l'a amené aux portes de la trentaine à une forme d'épanouissement.
Sans doute n'a-t-il jamais été aussi fort qu'aujourd'hui. Oui, il a déjà été mieux classé. Mais la palette qui est la sienne est plus étoffée, plus complète qu'il y a quelques années, sans atténuer pour autant ses spécificités, celles d'un technicien hors pair. A cet égard, Andy Murray, son prochain adversaire, lui a rendu un singulier hommage vendredi. "C'est un joueur différent des joueurs d'aujourd'hui", a noté l'Ecossais.
Il possède aussi une caisse incomparable à celle de ses jeunes années. Son corps le laisse durablement tranquille et il en profite. "Je me sens bien, j'ai pu jouer beaucoup de matches depuis un moment, souligne-t-il. Il y a eu beaucoup de matches. À Wimbledon, j'ai fait des 5 sets, à l'US Open aussi. Tu prends de la caisse. Quand tu arrêtes deux mois, c'est compliqué d'enchaîner derrière. Quand on fait des gros matches, ça aide. La semaine passée contre Nadal aussi. Le rythme était tellement élevé que tu prends de la caisse pour les tournois d'après. Rien ne remplace le rythme de ces matches." Là, dans la foulée d'une grosse semaine à Bâle, le voilà en quarts à Bercy après avoir sorti Nishikori. Un signe de plus de cette inédite durabilité.
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Richard Gasquet à Bercy

Crédit: Panoramic

Une ultime grosse sucrerie

Maintenant, que lui souhaiter ? Son gâteau 2015 a été d'une belle taille et d'un goût certain. Un Top 10, un parcours remarquable en Grand Chelem (où seuls Djokovic et Federer l'ont stoppé sur les trois dernières levées), quelques victoires notables sur des cadors du circuit... S'il pouvait y ajouter une ultime grosse sucrerie sous la forme d'un royal parcours parisien... Voilà une dimension qui manque à la carrière de Richard Gasquet. A Roland-Garros, il n'avait jamais dépassé les huitièmes de finale, lui qui aime tant la terre battue. Tsonga y a joué deux demies et un quart. Monfils deux quarts et une demie.
A Bercy, il y a bien sa demi-finale en 2007, sa meilleure saison au plan purement comptable. Mais là encore, à l'inverse d'un Tsonga (vainqueur en 2008, finaliste en 2011), d'un Monfils (double finaliste) ou plus loin de nous, d'un Grosjean ou d'un Forget (vainqueurs respectivement en 2001 et 1991), son bilan reste maigrichon. Quelques beaux matches, oui, mais pas de grand parcours indélébile. Il manque curieusement à Richard Gasquet un grand frisson parisien, de ceux qui marquent une carrière pour un joueur français. Au cumul du Grand Chelem et du Masters 1000 de la capitale française, il a dépassé deux fois les huitièmes. Tsonga 7. Monfils 5.
Se hisser en finale à Bercy cette semaine ne changerait pas grand-chose à son classement final. Il n'ira pas plus haut que 9e, même en cas de triomphe final. Mais l'enjeu est ailleurs, dans la confection d'une boite à souvenirs. La sienne (surtout) et la nôtre. Quelque chose dont on puisse dire, dans 10 ou 15 ans, "tu te souviens cette année-là, à Bercy, ce tournoi de folie de Gasquet?"

Murray, la marche est haute

Evidemment, les marches deviennent hautes. La prochaine, surtout. Andy Murray, sur sa route vendredi en quarts, est peut-être le pire adversaire possible pour lui après Djokovic. Le Britannique, lancé vers deux objectifs qui pourraient changer la face de sa saison et d'une certaine manière de sa carrière (le Masters, chez lui, puis sa première finale de Coupe Davis), déroule son tennis depuis le début de la semaine. Gasquet a bien résumé l'aspect complexe de l'équation :
Il fait peu d'erreurs, il joue tous les points, il retourne tout, il fait très peu de fautes directes, il sent bien le jeu. C'est un des meilleurs compétiteurs sur le circuit. Il est très coriace. Il tape fort des 2 côtés. Il n'a pas de point faible. C'est un joueur très compliqué à jouer.
Vu comme ça... n'empêche, on aimerait le voir mettre le feu à ce tournoi. Se mettre en mode "Grand Paris". Histoire de vivre ce que ses petits camarades ont pu savourer par le passé. Gasquet dit ne pas éprouver de manque par rapport à ça. C'est normal. On ne peut manquer d'une chose qu'on ne connait pas. C'est comme les enfants. On peut très bien s'en passer. Quand ils arrivent, on se demande comme on a pu vivre sans. Si Gasquet s'offre une grande aventure, s'il sort Murray puis Isner ou Ferrer, s'il vit une finale ici contre Djokovic, Nadal ou Wawrinka, il réalisera. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.
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Andy Murray

Crédit: AFP

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