Gasquet se souvient

Quand on pense à une confrontation Gasquet-Nadal, difficile de ne pas se remémorer une certaine demi-finale du Masters de Monte-Carlo. Cela oblige pourtant à retourner six ans en arrière. En 2005, Richard Gasquet est le grand espoir du tennis français. Et Rafael Nadal n'est pas encore l'ogre de l'ocre que l'on connaît aujourd'hui. Les deux jeunes ont tous les deux 18 ans (bientôt 19), se connaissent très bien pour s'être souvent affrontés en juniors et leur deuxième joute officielle sur le circuit ATP est à la hauteur de l'événement, en cet après-midi du 16 avril 2005.

Le Biterrois, alors 101e mondial, est dans une très bonne dynamique. Il vient de remporter deux tournois Challenger italiens sur terre battue à Barletta et Naples avant de rallier Monte-Carlo. Mais surtout il se qualifie pour sa première demi-finale de Masters en dominant le N.1 mondial d'alors en quarts de finale : Roger Federer (6-7, 6-2, 7-6). Fort de cette victoire prestigieuse, le voici face au 17e mondial, Rafael Nadal. Déjà, le fossé s'est creusé : l'Espagnol a déjà remporté ses deuxième et troisième titres ATP sur terre à Costa do Sauipe et Acapulco (les deux premiers sur les onze trophées qu'il remportera en 2005), a joué et perdu sa première finale de Masters à Miami face à Roger Federer et reste sur une défaite en quarts de finale à Valence infligée par Igor Andreev. Il retombe sur ses pattes à Monte-Carlo où il remporte le premier de ses six titres de suite en finale face au tenant du titre d'alors, l'Argentin Guillermo Coria. Mais avant, il a dû en découdre face à un grand Richard Gasquet.

Alors, forcément, ce 8e chapitre entre Nadal et Gasquet sur le circuit ATP aura un goût particulier pour les deux protagonistes. "C'était un match énorme", se souvient le Français. "On peut dire que j'ai bien lancé sa carrière. Depuis il a gagné six titres ici et moi sept matches depuis", a-t-il plaisanté. "Quand je l'ai retrouvé deux mois plus tard à Roland-Garros (6-4, 6-3, 6-2 pour Nadal, NDLR), je sentais déjà une grosse différence. Apartir de là, il est devenu celui qu'on connaît: quelqu'un qui ne fait pas de fautes, qui joue très long et très rapide, qui donne parfois l'impression d'être indébordable. Ce sera intéressant de voir ce que peux faire."

"C'est sûr que les parieurs vont s'orienter sur Rafael Nadal, relativise le 18e mondial qui a perdu 7 fois sur 7 contre le N.1. Je les comprends. Mais je n'aurai rien à perdre. Je veux me faire plaisir.C'est plus facile pour moi de me libérer sur un match comme ça que contre Garcia-Lopez. Je vais essayer de faire un grand match. Il faudra que je trouve le juste milieu entre l'attaque et la défense. Se ruer au filet sans réfléchir n'est pas la solution. Même si je vais essayer d'y aller car au fond du court, avec ses balles liftées, ça risque d'être très compliqué aussi. Je vais essayer de me libérer sur les frappes, après il y a la réalité du terrain."

Qu'importe l'issue du match, pourvu qu'il y ait l'ivresse. "J'aurais été très déçu si j'avais raté ce rendez-vous. C'est un beau match à jouer, sur un beau Central, contre le N.1 mondial qui est aussi quelqu'un que j'apprécie beaucoup.Au niveau des sensations c'est important." Quant à lui, Nadal se souvient de ce "choc" comme si c'était hier. "Cela avait été très serré, il avait été tout près de me battre". Si la différence est encore plus nette entre eux aujourd'hui, le Majorquin estime toujours que Gasquet est "un garçon fantastique qui a les moyens de revenir dans le Top 10". Au niveau du classement, le Biterrois sera déjà récompensé de son parcours à l'issue de cette semaine : il est déjà assuré de dépasser Jo-Wilfried Tsonga, le grand perdant de la semaine, au prochain classement ATP et de devenir le nouveau N.2 français derrière Gaël Monfils.