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Oncle Toni : une sortie magistrale et sans nostalgie

Laurent Vergne

Mis à jour 11/09/2017 à 23:00 GMT+2

US OPEN 2017 - L'emblématique entraîneur de Rafael Nadal, son oncle Toni, a assisté dimanche au 16e sacre majuscule de son neveu. Sans nostalgie particulière. La fin d'une aventure commune sans égale dans l'histoire du tennis, alliant lien affectif, familial et professionnel avec une totale réussite.

Toni Nadal

Crédit: Getty Images

Pour Nadal Rafael, 2017 aura donc été la saison du retour au sommet. Pour Nadal Toni, elle restera comme celle des adieux réussis, au-delà de toute espérance raisonnable. Comme il l'avait annoncé voilà plusieurs mois, l'affable Toni, oncle et entraîneur de toujours de son neveu de champion, va passer la main. D'un point de vue professionnel, ils ont donc achevé leur collaboration par un 16e et dernier couronnement en Grand Chelem. Sans nostalgie. "Il n'y a rien de spécial, jure le futur ex-coach. Ce n'est pas plus spécial parce que je m'en vais, c'est comme tous les autres titres du Grand Chelem de Rafa."
Dans son discours d'après-match, le numéro un mondial n'a pas manqué d'avoir un mot pour son binôme. "Sans lui, je ne jouerais pas au tennis, je n'en serais pas là, il m'a toujours poussé, il m'a rendu plus fort. C'est l'une des personnes les plus importantes de ma vie", a insisté "Rafa". C'est lui, Oncle Toni, qui a placé pour la première fois une raquette dans la main du gamin de Manacor, quand il n'avait pas encore quatre ans. Quinze ans plus tard, c'était le premier triomphe à Roland-Garros. Encore 12 années supplémentaires, et le neveu est devenu un des joueurs les plus titrés de l'histoire du tennis.

Toni l'éducateur de l'enfant, Toni le coach du champion

Par ricochet, Toni Nadal affiche, lui aussi, un palmarès exceptionnel. Jusqu'à cette année 2017, les deux cartes de visite se sont confondues. Ce qui apparait extraordinaire dans ce tandem, c'est sa longévité. Qu'il fut l'initiateur, le technicien des débuts, de l'enfance et même de l'adolescence était naturel. Mais le métier d'éducateur n'est pas le même que celui de coach de champion. On peut être un formidable pédagogue sans avoir les aptitudes à guider une carrière au plus haut niveau. Mais les exigences, les soubresauts et les tourments de la vie professionnelle n'ont jamais altéré la nature de leur relation. Ni dans les moments les plus hauts, si nombreux, ni dans les périodes plus difficiles.
Rafa aurait-il été Rafa sans Toni ? Le premier n'a en tout cas jamais manqué une occasion de souligner l'importance du second dans sa formation de tennisman, bien sûr, mais aussi son épanouissement comme champion. Une telle association, sur quasiment trois décennies, a presque quelque chose d'anormale. Mais au fond, ces deux-là se ressemblaient dans leur soif permanente d'apprentissage, de découverte, de dépassement des limites. C'est pour cela que le lien ne s'est jamais distendu, des courts de Manacor au Central de Roland-Garros ou Wimbledon.

La quête permanente d'évolution, une question de principe

Toni Nadal a peut-être livré à nos confrères du New York Times la genèse de cette extraordinaire alchimie. "Ce qui m'intéresse au fond, explique-t-il, c'est la question de l'apprentissage. Quand je suis dans le vestiaire avec Rafa après un match, je pourrais lui dire 'bravo, tu as très bien joué', mais mon idée est plutôt de toujours chercher ce que nous pouvons faire pour le rendre encore meilleur. Le progrès est ce qui distingue les hommes des animaux. Un lion, aujourd'hui, se comporte comme un lion il y a 5000 ans à mon avis. Nous, les humains, avons évolué. Nous devons évoluer en permanence. J'ai toujours fonctionné comme ça avec Rafa. C'est une question de principe."
Le départ de Toni marque une césure dans la carrière Rafael Nadal. Mais plus qu'une rupture, c'est une séparation en douceur. En élargissant son staff ces dernières années, en donnant une place de plus en plus importante à Carlos Moya, l'actuel numéro un mondial a fait évoluer son mode de fonctionnement. Avait-il moins besoin de son oncle ? Probablement, ce qui ne signifie pas qu'il n'en avait plus besoin du tout. La prise de recul de Tony, annoncée dès le mois de février de cette année, tient autant à ces aspects professionnels qu'à des aspirations personnelles. A 58 ans, il va s'occuper de l'académie ouverte par Rafa à Manacor, et se rapprocher, aussi, de ses trois enfants, dont deux sont encore très jeunes.
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Rafa Nadal et Toni Nadal

Crédit: Eurosport

Toni ne sera plus là au quotidien, mais ça ne veut pas dire qu'il ne voyagera plus jamais avec moi sur un tournoi

"Il n'y a aucun drame, a assuré le décuple vainqueur de Roland-Garros en début de tournoi. Tout ce qui m'importe, c'est que Toni soit en bonne santé et heureux. Le reste... Il a pris sa décision, il va beaucoup apporter à l'académie et je souhaite qu'il soit heureux car avant d'être mon entraîneur, il est mon oncle. C'est la famille et ça, ça ne changera pas." Et Rafa, au passage, de relativiser cette séparation : "il habite toujours à 100 mètres de chez moi et va s'occuper de l'académie où je m'entraîne, alors..."
La vie (de champion) sans Toni va donc bientôt commencer mais personne n'est vraiment inquiet pour Rafael Nadal. Et surtout pas Toni, convaincu que son poulain est entre de bonnes mains avec Carlos Moya et Francisco Roig. Sans quoi il n'aurait pas passé la main de son propre chef. "Deux entraîneurs, ça me va très bien et je leur fais confiance", a confié dimanche soir Rafa, qui n'envisage d'ailleurs pas de recruter un troisième élément. De toute façon, de par la spécificité de leur histoire commune, Oncle Toni est irremplaçable.
On ne serait quand même pas étonné de le voir de temps à autre dans le box de celui à qui il a tant transmis. Hypothèse que n'a pas écartée Nadal après la finale. "Toni ne sera plus là au quotidien, mais ça ne veut pas dire qu'il ne voyagera plus jamais avec moi sur un tournoi, ce serait stupide de dire ça", a-t-il prévenu. Alors, qui sait, rendez-vous du côté de Roland-Garros, au printemps prochain ? En attendant, la gratitude est mutuelle. "Je suis plus reconnaissant envers Rafa que fier de ce que nous avons fait", a relevé l'Oncle dans le New York Times, ce à quoi le neveu a répondu, "je ne peux que lui dire une fois de plus, merci, pour tout."
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Toni et Rafael Nadal - Roland-Garros 2017

Crédit: Getty Images

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