Open d'Australie 2015 - Raonic est impérial au service ? Ça tombe bien, Djokovic aussi

Novak Djokovic contre Milos Raonic : un quart de finale incarnant l'opposition basique et séculaire du serveur et du relanceur ? A première vue, oui. Et les matchs précédents entre les deux hommes l'ont le plus souvent illustré, qu'ils tournent au bras de fer très serré comme en demi-finales à Rome l'an passé, ou à la démonstration comme en finale à Bercy quelques temps plus tard, toujours à l'avantage du numéro 1 mondial, qui mène leur face-à-face en carrière par 4-0. Mais dans cet Open d'Australie, leur affrontement pourrait bien être plus que cela : entre le Serbe et le Canadien, il s'agit tout simplement d'une confrontation entre les deux meilleurs serveurs du tournoi.

Tout a déjà été dit sur la mise en jeu de Milos Raonic, l'homme qui n'a été breaké qu'une fois en cet Open d'Australie, par Feliciano Lopez au tour précédent. Le Canadien caracole en tête de la plupart des catégories statistiques impliquant le service : les aces (99, soit 7 de moins que Nick Kyrgios... mais avec un match de moins), la vitesse moyenne en premières balles (il tourne avec une régularité confondante autour de 220km/h), le pourcentage de premières balles (72%, meilleur bilan parmi les joueurs encore en lice), le pourcentage de réussite derrière ladite première balle (84%, meilleur chiffre là aussi parmi les rescapés des quarts), et même celui sur la deuxième balle (64%). De quoi se réjouir du travail effectué en compagnie de ses entraîneurs, Riccardo Piatti et Ivan Ljubicic : "A l'intersaison, nous avons beaucoup travaillé à améliorer mon pourcentage de premières et mon efficacité sur la seconde, explique Raonic, seulement breaké cinq fois en huit matchs cette année. Je n'ai plus besoin de servir à mon top en première balle pour être en sécurité sur mon service."

Enfin ça... Cette dernière affirmation vaut face au commun des joueurs de l'ATP. Car en quarts de finale, face à celui qui est très probablement le meilleur relanceur du monde, mieux vaudra tout de même que le Canadien puisse compter au maximum sur sa première balle et sa kyrielle de points gratuits consécutive. D'autant que Novak Djokovic a lui aussi sorti son plus beau costume de serveur dans ce tournoi : si les aces ne sont pas trop sa tasse de thé (40 en quatre matches, seulement 19e de ce classement spécifique), pour le reste, le Serbe laisse un minimum d'influx sur ses propres engagements : avec 83% de réussite derrière sa première balle, il navigue tout simplement dans les mêmes eaux que Milos Raonic, à égalité aussi avec Tomas Berdych et devant nombre de "bombardiers" déjà rentrés à la maison (Anderson, Groth...).

Et qu'importe si sa première balle sort un peu moins régulièrement que celle du Canadien (68%) : derrière la seconde, le patron du tournoi, et de loin, c'est "Djoko", avec près de 7 points sur 10 remportés (67%). Autant dire que breaker le numéro 1 mondial relève de la gageure : seul Andrey Kuznetsov est y pour l'instant parvenu à Melbourne... en bonne partie grâce à l'inadvertance du Serbe qui menait déjà 6-0, 6-1 dans le cadre de leur deuxième tour. "C'est une sensation sympa, un confort, de me dire que je n'ai été breaké qu'une fois depuis le début du tournoi, souligne-t-il. C'est bon pour mes certitudes sur ce coup." Avant que sa nature profonde de joueur d'échanges ne ressorte spontanément : "C'est important de pouvoir s'appuyer là-dessus : plus on est à l'aise sur son service, plus on peut se focaliser sur les jeux de retours."