Federer - Djokovic : 44 matches, 13 moments inoubliables

L'émotion n'est pas toujours là où on l'attend. On imaginait la voir sur le visage de Novak Djokovic lorsqu'il a remporté son 10e titre du Grand Chelem, à New York. Battu, le Serbe avait pleuré à Roland-Garros, bien poussé, il est vrai, par le public de la Porte d'Auteuil. A Flushing, le patron est resté maitre de ses émotions. Index sur la poitrine, puis pointé vers son camp en tribunes, le Serbe n'a pas souri. La force de l'habitude ou la satisfaction du devoir accompli ? Un peu des deux, sans doute. Et une célébration inoubliable. L'image de cet affrontement devenu légendaire au fil des années.

Lors de ce récital de Roger Federer face à la bête Djokovic qui gagnait tout en cette saison 2011, le Suisse a sorti un match magique face au Serbe. Et aussi des coups magistraux, comme ce passing de revers bloqué long de ligne, qualifié de "pince à sucre" par notre consultant Henri Leconte... Passage à voir et à revoir à partir de 9'15".

Plus près de nous, la finale de Wimbledon entre Federer et Djokovic a été l'une des plus accrochées entre les deux champions. Alors que le Serbe servait pour le match à 5-3 dans le 4e set, le Suisse s'est réveillé pour offrir un retour inespéré. Après son débreak, Rodgeur a même sauvé une balle de match sur son service - sur un ace - avant de remporter cette 4e manche 7-5.

A Monte-Carlo il y a sept ans, la tension était un peu palpable sur le court lors de leur demi-finale. A tel point que Federer avait peu goûté les messages d'encouragement trop prononcés par le clan du Serbe, voire de ses parents présents ce jour-là. Et le Suisse ne s'était pas privé de le leur dire...

Première finale majeure entre les deux hommes. Djokovic venait de remporter sa toute première victoire face à Federer à Montréal, avant de le retrouver en finale de l'US Open un petit mois plus tard. Et dans le premier set de leur match à New York, le Serbe a trois balles de set... que Federer va effacer avant de remporter le set au jeu décisif.

La toute première victoire de Novak Djokovic sur Roger Federer. En finale de Masters 1000 s'il vous plait, 7-6 au 3e. Mais c'est surtout la fin du premier set qui sort du lot. Nole, du haut de ses 20 petits printemps, sauve 6 balles de set avant de s'imposer au jeu décisif. Federer avait portant gagné ses 13 derniers tie-breaks... "Il fait partie des grands maintenant", dira Fed à la fin du match.

Roger Federer est le King de Cincinnati. Il s'y est imposé 7 fois. Novak Djokovic jamais. En 2012, le Suisse domine Djokovic en finale. Lors du premier set, "in the zone", il colle un 6-0 au Serbe. Le seul bagel en 120 sets entre les deux hommes.

Vaincu trois fois de suite à Flushing par Federer, Djokovic domine enfin le Bâlois à New York. Il le prive d'une 7e demi-finale consécutive. Avec l'option "miracle" en prime. Il sauve deux balles de match dans le 5e set avant de s'imposer 7-5. "Franchement, j'ai fermé les yeux et frappé aussi fort que je pouvais en coup droit. J'ai été chanceux", dit-il à propos de ces deux balles de match sauvées. Il remettra le couvert 12 mois plus tard.

Quand on gagne un match, on peut tomber à genoux sur le court. Ou s'étaler de tout son long sur ce même court. Pleurer. Lever les bras. Hurler. Roger Federer, lui, n'a rien fait de tout ça après ce qui reste pourtant un des plus grands matches de sa carrière. Quelques instants après sa balle de match victorieuse face à Djokovic dans cette demi-finale de Roland-Garros en 2011, le Suisse pointe l'index de la main droite. C'est le fameux "finger wag", comme pour dire "je suis toujours là, les gars" à un moment où Djokovic, invaincu depuis 6 mois, domine le monde, avec Rafael Nadal pour principal rival.

Les finales de Wimbledon et les tie-breaks… tout une histoire. De quoi en écrire un livre entier. Sans atteindre le jeu décisif du 4e set de la finale 2008 entre Federer et Nadal ou l'indémodable tie-break de 1980 entre Borg et McEnroe (dans le 4e set, déjà), le Djokovic-Federer du deuxième set cette année à Wimbledon mérite de figurer en bonne place. 22 points et surtout 7 balles de set sauvées par le Suisse avant de chaparder ce jeu décisif, contre le cours du jeu. D'autres auraient sombré. Djokovic, lui, s'en est relevé, pour gagner les deux sets suivants et le titre.

Un vrai joyau que cette demi-finale parisienne. Un sommet du jeu, dont le point culminant qualitatif aura été cette merveille de premier set. 70 minutes, 12 jeux et un tie-break. Des points cosmiques des deux côtés. Une demi-heure pour les cinq premiers jeux. Un break d'avance pour Djokovic, effacé par Federer, finalement vainqueur au jeu décisif. A l'issue de ce festival, le public réservera une standing ovation aux deux joueurs. Ce match tout entier fut immense, mais rien n'égale la qualité de cette manche initiale, où les deux champions ont, de concert, déployer le meilleur de leur palette.

"Le plus grand coup que j'ai jamais frappé dans ma carrière". C'était il y a 6 ans et, depuis, Roger Federer a dû en sortir quelques autres. Mais il est resté, incontestablement. Un "tweener" d'une pureté et surtout d'une vitesse ahurissantes, pour planter Djokovic sur place au filet. Le poing rageur et le sourire jusqu'aux oreilles de Fed derrière cette frappe magistrale trahissent son immense satisfaction. On peut le comprendre. D'autant plus beau que ce coup lui permet de s'offrir trois balles de match. Au passage, il a remis le coup entre les jambes à la mode, à une époque où il n'était plus guère en vogue.

Un an après avoir battu Federer en sauvant des balles de match, Novak Djokovic va remettre ça. Même tour, même endroit, même punition. Mais cette fois, le Serbe va y ajouter la cerise sur le gâteau sous la forme d'un des coups les plus fous de ces dernières années. Federer mène 5-3, 40-15. Première balle de match. Djokovic fait la moue. Il est agacé. Federer claque une première slicé. Là, Djokovic, entre pari insensé, audace folle et orgueil monstrueux, sort un retour de coup droit à quitte ou double. Ça passe. Djokovic lève les bras, mettant la foule en transe. Trois points plus tard, il débreake. Un quart d'heure de plus et il quitte le court Arthur-Ashe en vainqueur.