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Federer-Nadal ou la tentation du paradis perdu

Laurent Vergne

Mis à jour 25/01/2017 à 17:21 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE - Roger Federer et Rafael Nadal sont en demi-finales à Melbourne. Ils pourraient même se retrouver en finale et cette perspective, improbable en début de tournoi, a de quoi faire saliver.

Roger Federer et Rafael Nadal.

Crédit: AFP

Nous y voilà. Ils ne sont plus que quatre à pouvoir conquérir le premier Grand Chelem de l'année 2017. De haut en bas du tableau, Roger Federer, Stan Wawrinka, Rafael Nadal et Grigor Dimitrov briguent la succession de Novak Djokovic. Très franchement, il aurait fallu être audacieux pour parier sur un tel quatuor. Pour ma part, je ne m'y serais pas risqué. Wawrinka, oui, bien sûr. Mais entre un Federer absent depuis six mois, un Nadal qui n'avait plus dépassé les huitièmes en Grand Chelem depuis près de deux ans et un Dimitrov que l'on n'avait plus vu en quarts depuis Wimbledon 2014, les doutes concernant le potentiel de ces trois-là étaient légitimes.
Oui mais voilà, cet Open d'Australie aura rarement mérité à ce point sa dénomination "open". Les éliminations précoces de Novak Djokovic puis Andy Murray ont à nouveau ouvert le champ des possibles. Et même de ce qui semblait désormais presque relever de l'impossible : une finale entre Roger Federer et Rafael Nadal. Pareil scénario était davantage devenu un fantasme qu'une perspective crédible. La dernière finale de Grand Chelem entre les deux champions date de Roland-Garros 2011. Presque six années.
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Leur palmarès ne dit pas tout de leur apport à ce sport

Depuis, ils ont connu des temps forts divers, mais sans plus jamais accorder leurs violons. Federer est revenu au sommet à l'été 2012, quand Nadal a disparu de la circulation pour un semestre. La dernière grande saison du Majorquin, en 2013, avait coïncidé avec l'année noire du Bâlois. Puis l'an passé, ils ont entamé de concert une glissade qui semblait avoir quelque chose d'irrémédiable. Paradoxalement, c'est donc au moment où ils n'ont jamais été aussi bas dans la hiérarchie mondiale qu'ils n'ont jamais été aussi proches de nous offrir des retrouvailles.
C'est bien cela qui confèrerait à une finale Federer-Nadal dimanche une saveur absolument unique. Comme un parfum dont la mémoire peinerait encore à identifier les effluves lointaines et qui chatouillerait à nouveau les narines. Une finale Federer-Nadal, c'est un paradis perdu à nouveau à portée de main. Ces plaisirs-là ne se refusent pas. Des quatre affiches à présent possibles pour le dernier acte de cette édition 2017, aucune autre ne possède un tel pouvoir d'attraction. Ce n'est rabaisser personne que de dire cela. Mais autant pour ce qu'ils incarnent chacun à titre individuel que pour le poids de leur histoire commune, le Suisse et l'Espagnol forment le couple idéal de ce bouquet final.
Tout est toujours sujet à débat, mais il parait sage de dire que Roger Federer et Rafael Nadal sont les deux joueurs les plus importants de ce début de XXIe siècle. Leur palmarès le confirme, mais il ne dit pas tout de l'apport des deux hommes à ce sport. Parce qu'elle les a sublimés, leur rivalité a porté le tennis dans une nouvelle dimension.
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Roger Federer à l'Open d'Australie en 2017.

Crédit: AFP

Le charme discret de l'ancien

Bien sûr, il y a eu le "Big Four". Bien sûr, Novak Djokovic est l'incontestable ténor des cinq-six dernières années. Oui, le Serbe a livré des joutes épiques avec Federer, et plus encore Nadal. Des sommets du jeu et/ou d'intensité, qui resteront dans l'histoire. Mais les Federer-Nadal auront toujours, en tout cas cas à mes yeux, un petit supplément d'âme, qui n'est pas quantifiable. Federer n'a d'ailleurs jamais dit autre chose. Voici ce qu'il avançait en juin dernier à Wimbledon : "Pour moi, Rafa a toujours été mon plus grand rival. Novak et moi avons livré de très grands combats, mais d'une certaine manière, ce que j'ai vécu avec Rafa sur le court restera unique."
Je peux entendre ceux qui appellent de leurs vœux un renouvellement. Il est en marche. Les jeunes poussent. Rassurez-vous, on ne reprendra pas pour dix années de Federer-Nadal. Puis, leurs joutes communes les plus mémorables sont si lointaines qu'un nouvel opus aurait, lui aussi, d'une certaine manière, le charme discret de l'ancien, à défaut de celui de la nouveauté.
Il est presque là ce Federer-Nadal, plus près qu'il ne l'a jamais été depuis trois ans, depuis cet Open d'Australie 2014, dernier majeur où ils avaient conjointement atteint le dernier carré. Deux hommes peuvent encore nous priver de cette apothéose. Et soyez-en sûrs, ils ont les moyens de le faire, qu'il s'agisse de Grigor Dimitrov ou plus encore de Stan Wawrinka, le favori logique du tournoi à présent. A quelqu'un qui me demandait mardi sur Twitter quel dénouement j'imaginais pour le tournoi, j'avais d'ailleurs répondu ceci :
Une finale Nadal-Wawrinka (remake, justement, de 2014), aurait une sacrée gueule. Un Federer-Baby Federer, sans aucun doute aussi. Et même un Wawrinka-Dimitrov, par son esthétisme et son aspect inédit, ne dépareillerait pas. Mais la tenace impression que c'est peut-être maintenant ou plus jamais pour revivre une dernière fois ce duel à nul autre pareil emporte tout.
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Roger Federer et Rafael Nadal, Wimbledon 2008

Crédit: SID

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