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"Je laisserai tout sur le court, tant pis si je ne peux pas marcher pendant 5 mois"

Laurent Vergne

Mis à jour 26/01/2017 à 17:40 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – En se hissant en finale à Melbourne, Roger Federer a déjà gagné son pari : il a pris la bonne décision en stoppant brutalement sa saison en juillet dernier pour revenir à 100%. Ce qu'il accomplit physiquement depuis le début de la quinzaine est aussi impression que sa performance tennistique. Et même si quelques voyants s'allument, il est prêt à tout donner dans cette finale.

Roger Federer.

Crédit: AFP

Roger Federer est en finale de l'Open d'Australie. Une phrase qui invite à se frotter les yeux deux fois plutôt qu'une. Parce que le Suisse a plus de 35 ans et qu'il devient le joueur le plus âgé à disputer une finale en Grand Chelem depuis 43 ans. Et, surtout, parce qu'il n'avait plus joué le moindre match depuis six mois, après sa fin de saison prématurée en juillet dernier. "Jamais je ne pensais aller aussi loin en Australie. C'est magnifique", a-t-il dit jeudi après sa victoire en cinq sets sur Stan Wawrinka, comme si lui-même avait du mal à mesurer la portée de son accomplissement.
Plus que jamais, son parcours à Melbourne valide son choix radical de l'été 2016. "C'était la bonne chose à faire, a-t-il encore affirmé. J'étais arrivé à la conclusion qu'en trainant des problèmes physiques en permanence, je ne pouvais plus battre des joueurs du Top 10. Tu peux les accrocher, peut-être gagner un de ces matches, mais pas enchainer. Au bout d'un moment, tu atteins une limite." Cette limite, Federer a eu le sentiment de l'avoir atteint après sa défaite en cinq sets en demi-finale de Wimbledon contre Milos Raonic, 48 heures après avoir battu Marin Cilic, déjà en cinq manches.
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5 sets, tension, rebondissements : Federer a bataillé pour aller chercher sa 28e finale

Je ne voulais plus que mon quotidien soit entraînement, traitement médical, entraînement, traitement médical
L'ancien numéro un mondial en avait assez que son corps allume un voyant rouge tous les trois jours. Pas au point de ne plus pouvoir jouer, mais de ne plus pouvoir assouvir ses ambitions, qui restent de conquérir ce 18e majeur. "A un moment donné, je me suis dit 'OK, ça suffit. Je ne voulais plus que mon quotidien soit entraînement, traitement médical, entraînement, traitement médical. Arrêtons ça et revenons à 100%, pour reprendre du plaisir à jouer au tennis. Je voulais juste me sentir à nouveau en pleine forme."
Juste avant le coup d'envoi de cet Open d'Australie, il l'avait dit. Tant qu'il serait à 100% physiquement, il serait capable de jouer un rôle. Mais son parcours, au vu du contexte, n'en reste pas moins incroyable. Certes, l'élimination du numéro un mondial Andy Murray lui a partiellement ouvert le tableau, mais Federer aura tout de même battu trois membres du Top 10 pour atteindre la finale. Du jamais vu pour lui. Tranchant, il s'est également montré costaud sur la distance. Pour preuve, face à Nishikori et Wawrinka, il est passé par la case cinquième set pour s'imposer.
Deux victoires en cinq manches dans un même Grand Chelem, là encore, il avait du mal à y croire. "Je suis super heureux d'avoir réussi ça, a-t-il avoué. Deux victoires en cinq sets dans un majeur, je ne sais pas depuis quand je n'avais pas réussi ça. Je ne suis même pas sûr de l'avoir déjà fait. Donc c'est énorme." En réalité, il l'avait déjà réussi à deux reprises. Mais ça date : Wimbledon 2001 et Roland-Garros 2009. Et Federer n'était pas encore le trentainaire qu'il est depuis un bon moment maintenant.
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Stan Wawrinka et Roger Federer.

Crédit: Imago

Je pensais 'relax, mec. Ton retour est déjà énorme. Laisse les coups sortir de ta raquette et on verra bien'."
Evidemment, le risque est réel de le voir rattraper par l'accumulation des efforts en compétition, auquel son corps n'a plus été soumis depuis un semestre. Jeudi, face à Wawrinka, il a d'ailleurs semblé baisser de pied au plan physique dans le dernier set. "J'ai ressenti une raideur dans la jambe tout au long du match, a-t-il expliqué après coup. Et ça n'a pas été mieux ou moins bien après le temps mort médical (NDLR : pris à la fin du 4e set). J'espérais juste que le fait de voir le physio et d'être manipulé me permettrait de me sentir mieux mais ça n'a pas été le cas."
Interrogé sur le fait de savoir si ce souci est de nature à impacter sa finale dimanche, Federer s'est toutefois voulu rassurant : "je ne pense pas. En tout cas, si je devais répondre là, maintenant, je dirais non". Il revient de toute façon de trop loin pour laisser quoi que ce soit le stopper. A sa sortie du court, il l'a fait comprendre à tous : "je laisserai toute l'énergie que j'ai ici en Australie, je laisserai tout sur le court et tant pis si je ne peux pas marcher pendant cinq mois après ça. Après, je me reposerai", a-t-il plaisanté.
Puis au-delà du physique, Federer a pour lui son extraordinaire fraicheur psychologique. Celle du revenant qui ne savait pas trop quoi espérer, et qui estime avoir déjà beaucoup reçu. "C'est ce que je me disais dans le dernier set, raconte le Bâlois. Je pensais 'relax, mec. Ton retour est déjà énorme. Laisse les coups sortir de ta raquette et on verra bien'." Jusqu'ici, il aime ce qu'il a vu et il ne changera pas d'approche. "Je pense que je n'ai rien à perdre. Voilà ma mentalité. J'ai abordé mes six premiers matches avec cet état d'esprit. Et ça a plutôt bien marché, alors pourquoi changer maintenant ?" Effectivement. Le temps n'est plus aux décisions radicales. Celles-ci ont été prises il y a six mois et l'ont mené là où il n'était plus allé depuis sept ans. En finale de l'Open d'Australie.
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