Masters Paris Bercy 2013 : Novak Djokovic, la tête sans les jambes

Novak Djokovic en a bavé. Il le savait. David Ferrer, ce n'est pas une sinécure. Comme son surnom l'indique (le pou), il est difficile de s'en débarrasser. Mais la force du Serbe en ce moment, c'est qu'il trouve toujours le moyen de s'en sortir. Samedi, il avait pris le dessus physiquement sur Roger Federer. Dimanche, il a coincé dans ce domaine contre Ferrer. Carence dont il n'est pas coutumier. Alors il est passé par un autre chemin, s'est appuyé sur d'autres atouts. Son mental, son opportunisme. C'est avec la tête, plus qu'avec les jambes, que le numéro deux mondial est allé chercher sa 17e victoire consécutive sur le circuit et son deuxième titre à Bercy.

Il n'a pas cherché à dissimuler son coup de moins bien après sa victoire. "Physiquement, je ne me sentais pas aussi bien aujourd'hui que les autres jours", a-t-il concédé. Il faut dire que le régime intense imposé par Ferrer d'emblée ne lui a laissé aucun répit. C'est sa thèse en tout cas. "On a commencé le match en faisant dès le départ de très longs échanges, a-t-il souligné. Le sentiment général que j'ai eu, c'est que je n'étais pas aussi bien physiquement que le reste de la semaine." Du coup, on a cherché la petite bête, savoir s'il y avait un début de blessure derrière tout ça. "J'ai quelques petits soucis, dira-t-il, un brin mystérieux. Mais ce n'est pas la première fois, il faut être costaud et passer au-dessus de ça. J'étais simplement moins bien aujourd'hui."

Ce n'est jamais bon d'être moins bien physiquement. Mais contre Ferrer, c'est sans doute un des pires moments. Heureusement pour lui, Djokovic possède ce qui fait toute la différence entre un joueur comme lui et un joueur comme Ferrer: le mental du grand champion. Dans ces deux fins de sets parfaitement symétriques, où il a aligné quatre jeux de suite pour s'imposer 7-5 après avoir été mené 5-3, c'est dans la tête que le rapport s'est de force est apparu nettement en sa faveur. "C'est aussi physique, croyez-moi ! Mais c'est vrai, dans les derniers jeux, les derniers points, dans chaque set, c'est exclusivement mental, confirme le Serbe. Il faut montrer à l'adversaire que vous êtes bien présent, prêt à attaquer et à profiter de la moindre occasion." Et comme par enchantement, Ferrer, si régulier, si solide jusqu'ici, s'est mis à commettre des fautes.

Pourquoi ? Parce qu'il sait qu'en face, Djokovic, comme un prédateur prêt à flairer l'odeur du sang, bondira sur lui comme une proie à la moindre ouverture. Voilà pourquoi le commun des mortels, fut-il aussi fort que David Ferrer, est enclin à commettre davantage de petites erreurs quand il sert pour le set à 5-4 ou pour rester en vie à 5-6, qu'à 1-0 ou 2-2. D'ailleurs, Ferrer, tout en voulant dénier cette fracture mentale, a très exactement confirmé cette thèse. "Non, ce n'est pas spécialement un problème mental, s'est-il défendu. J'ai fait des erreurs mais c'était parce que le match était très serré. C'est normal de faire ces erreurs contre Novak, Rafa, Roger, Murray."

C'est la force des grands que de savoir gagner même quand ils ne sont pas au mieux. L'opportunisme de Djokovic a été salvateur pour lui dimanche. "Comme je savais que j'étais moins bien, explique-t-il, je devais absolument être performant sur les points très importants". Sous-entendu, encore plus que d'habitude. Il l'a été. "Dans les moments chauds du match, je crois que j'ai réussi à sortir le bon coup au bon moment." Voilà comment David Ferrer a raté un doublé inédit et comment Novak, même sans être tout à fait Djokovic, a réussi à prolonger son euphorisante série de victoires.