Bartoli file en demie

Rien ne pouvait laisser augurer un tel parcours à Roland-Garros. Auteur d'une tournée sur terre battue médiocre, arrivée à Paris en plein doute en raison d'une blessure contractée en finale du tournoi de Strasbourg la semaine précédant la deuxième levée du Grand Chelem, Marion Bartoli devient la quatrième Française de l'ère moderne à se hisser dans le dernier carré du tournoi parisien. Elle prend la succession de François Durr, Brigitte Simon et Mary Pierce en dominant avec la manière la Russe Kuznetsova, titrée à la Porte d'Auteuil en 2009.

Face à cette vraie spécialiste de la terre battue, la numéro un tricolore a appliqué une recette simple et ô combien efficace : imprimer une cadence d'enfer, prendre la balle le plus tôt possible pour de ne jamais laisser une seconde de répit à son adversaire. Dès les premiers coups de raquette, la tête de série 11 s'est ainsi montrée extrêmement agressive, notamment en retour, essayant de faire mal sur chacune de ses frappes de balles. Pris à la gorge, constamment mise sur la défensive, Kuznetsova n'a jamais réussi à trouver la parade face à ce rouleau compresseur made in Puy-en-Velay. La Russe a certes tout tenté - changement de rythme, montées au filet - Une richesse de coups qui lui a permis de tenir jusqu'au jeu décisif dans la première manche, mais elle a fini par faire les frais des efforts consentis pour garder la tête hors de l'eau.

La lauréate 2009 pouvait légitiment s'attendre une baisse de régime adverse, mais il n'en a rien été. Forte d'un formidable travail physique orchestré par son père depuis de nombreuses semaines, la Française n'a jamais relâché son emprise sur le match et profité des cadeaux de la Russe dans le second acte pour composter son billet pour le dernier carré. "Ca a encore été dur aujourd'hui, j'ai eu dû mal à conclure, je m'entraîne dur, avec mon père. On a fait ce match tous les deux, on l'a gagné ensemble, je suis fière d'être en demi-finales", a-t-elle déclaré au micro du stade après la 400e victoire de sa carrière, sous les yeux de son père et entraîneur Walter qui l'a initiée au tennis à l'âge de six ans et toujours accompagnée depuis.

Sa qualification offre un contraste saisissant avec la santé balbutiante du tennis féminin français depuis de nombreux mois. Bartoli ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Une demi-finale ne lui suffit pas et elle n'a qu'une idée en tête : se retrouver sur le court Philippe-Chatrier samedi en finale. Pour réaliser son rêve, il lui reste une marche à franchir, une marche nommée Francesca Schiavone, tenante du titre, qui ne semble pas l'effrayer. "Je vais vraiment entrer avec la même attitude sur le court, je ne vais penser qu'à la victoire. Avec un public comme ça derrière moi, je ne vois pas comment je ne vais pas pouvoir gagner", a-t-elle conclu, très déterminée.