Pour Rafael Nadal, l'organisation de Roland-Garros est "une plaisanterie"

Le regard est noir. Le visage fermé. Pas un mot ne monte plus haut que l'autre. Peu importe. Le message passe parfaitement. Rafael Nadal n'a pas aimé, mais alors pas du tout, la façon dont il a été programmé jeudi et il l'a fait savoir après sa victoire contre Martin Klizan. Initialement, le septuple vainqueur de Roland-Garros était programmé en troisième position jeudi sur le court Suzanne-Lenglen, derrière Pouille-Dimitrov et Azarenka-Beck. La pluie étant tombée en abondance et durablement, son match n'a jamais pu démarrer. Dans l'absolu, être programmé en troisième position n'avait rien d'extravagant. Alors, pourquoi une telle contrariété?

Parce que Fabio Fognini et Lukas Rosol, eux, ont joué en deuxième position sur le court numéro 3. Or le vainqueur de Fognini-Rosol devait affronter le vainqueur de Nadal-Klizan. Ce coup d'avance a pesé lourd puisque Fognini s'est imposé jeudi alors que Nadal, lui, a dû attendre vendredi après-midi pour composter son billet pour le troisième tour. "Je pense que tout le monde dans cette salle sait que la programmation d'hier n'était pas bonne et que les organisateurs ont pris une mauvaise décision mercredi soir", a-t-il lancé en prenant à témoin les journalistes durant sa conférence de presse. "Le programme n'était pas juste, a-t-il insisté. Mon adversaire a gagné 24 heures avant moi. Aujourd'hui, il était devant sa télé, tranquillement, pendant que moi j'étais sur le court. Il va être beaucoup plus frais que moi.Ce n'est pas juste. Voilà la réalité."

Nadal ne demande pas un traitement de faveur, mais il estime en l'occurrence avoir été moins bien considéré que Fabio Fognini. Selon lui, cette programmation est d'autant plus incompréhensible que les organisateurs avaient toutes les cartes en main mercredi soir. "Ils décident du programme du lendemain à 17 heures pas à 11 heures du matin, s'agace le Majorquin. Ils savaient exactement ce qui allait se passer. Je ne peux pas jouer en troisième position derrière un match messieurs et un match féminin quand mon futur adversaire joue en deuxième sur son court après des filles. Alors, si vous me dites que c'est juste, O.K., très bien mais moi je vous le dis, ce n'est pas juste." Jeudi soir, on l'avait vu quitter le stade un poil furibard. Visiblement, ce sentiment ne l'avait pas quitté vendredi.

Devant ce qu'il considère comme une forme d'aberration, le septuple vainqueur du tournoi est allé demander des explications. Il en a reçu une qui, manifestement, ne l'a pas du tout convaincu: "La seule excuse qu'on m'a donnée, c'est que Rosol devait aussi jouer en double. Je suis désolé, mais c'est une plaisanterie. Ils ont une semaine pour faire jouer les doubles. Cela veut dire quoi? Je vais m'inscrire dans le tableau de doubles comme ça j'aurais la priorité pour jouer en simple?Franchement, je n'appelle pas ça une explication valable." Pour minimiser les risques, Nadal juge que les matches du tournoi masculin devraient être programmés en priorité par rapport à ceux des filles lorsque la météo menace. "Elles jouent en trois sets, c'est un tournoi normal pour elles, estime-t-il. Si elles doivent enchainer deux matche sen deux jours, ce n'est pas trop grave. Pour nous, c'est un énorme changement par rapport aux autres tournois car nous jouons ici au meilleur des cinq sets."

On a rarement vu le roi de la terre aussi contrarié à Roland-Garros. Il assure pourtant ne pas être "en colère". "Ce n'est pas le moment d'être en colère, simplement, je trouve que ce n'est pas juste", insiste-t-il comme pour marteler son message. Après avoir vidé son sac, il veut maintenant tourner la page. "Le passé, c'est le passé. Je suis plutôt une personne positive, de façon générale. Qu'est-ce que je peux faire d'autre que d'accepter la situation et garder le sourire?" Vendredi, il l'avait perdu. On peut en tout cas être sûr d'une chose: les organisateurs mettront sans doute un soin tout particulier au programme du triple tenant du titre dans les jours à venir.