Et dire que Gasquet n’en est qu’à l’entraînement…

Richard Gasquet n’en revient pas lui-même : il est au troisième tour de Roland-Garros. Il vient de signer deux victoires en trois sets : le premier face à un Bernard Tomic encore loin de son meilleur niveau (après deux opérations à la hanche) et un deuxième bien plus intéressant face à Carlos Berlocq, un Argentin pur terrien, dur au mal qui aurait pu sortir Richard sans que cela ne soit une honte nationale. Mais non. Richard est toujours là. Et après deux mois d’arrêt, sans compétition et avec le minimum d’entraînement, c’est loin d’être un résultat anodin.

Qu’est-ce qui peut expliquer cela ? L’expérience ? Sans doute. D’autant qu’il joue son onzième Roland-Garros. Le public parisien ? Surtout à Paris, il se sent porté et aimé comme jamais. Un physique enfin au top ? Sans être catégorique, il n’est plus trop gêné par son dos, mais il a rappelé avant le début du tournoi qu’à la moindre douleur, il n’insisterait pas. Bon, tout cela est assez basique. Interrogé après son match, c’est Sébastien Grosjean, l’un de ses deux coaches, qui a la réponse : "Il joue chaque match comme si c’était un entraînement." C’est donc ça : il fait comme Nadal ! Non, pas tout à fait car le Majorquin s’entraîne avec autant d’intensité que dans ses matches. Sébastien Grosjean préfère voir l’inverse.

Mais si jouer sur le court central, pour lui, est un "privilège" et être au troisième tour, un "résultat inespéré", Gasquet en garderait donc encore sous la semelle… Trève de plaisanterie : il reconnaît volontiers que s’il perd le premier set après 1h10 de combat face à Berlocq, son troisième tour face à Fernando Verdasco ne serait sans doute pas d’actualité. Son moyen de survie, lui qui manque de matches et parfois de jus, c’est de finir le plus vite possible. Simple comme formule finalement. "Il a encore besoin de carburant tout de même, relativisait un Grosjean souriant, il va falloir qu’il passe à la pompe". Mais alors, qu’est-ce que ça va donner quand le Biterrois lâchera les chevaux ? Un premier quart de finale à Paris ? Lui n’y croit pas. Mais ne demande que ça.

Les fulgurances de Dominic Thiem face à Rafael Nadal. Il est déjà familier pour certains d’entre vous, pour d’autres pas encore, mais cet Autrichien de 20 ans a tout d’un futur crack. Il était 140e mondial en début de saison mais est entré directement dans le grand tableau de Roland-Garros pour la première fois de sa carrière grâce à son 57e rang mondial. Après avoir dominé Paul-Henri Mathieu en trois sets pour débuter, Thiem a donné du fil à retordre à Rafael Nadal au deuxième tour, même si le score semble à sens unique (6-2, 6-2, 6-3).

Ce jeune homme s’est révélé en Grand Chelem en sortant des qualifications à l’Open d’Australie et en poussant son parcours jusqu’au deuxième tour là aussi, face au Sud-Africain Kevin Anderson. Depuis, il a déjà fait un peu de grabuge cette saison dans le Top 50 mondial en épinglant Simon à Indian Wells, Stepanek et Granollers à Barcelone et surtout Wawrinka à Madrid, son plus beau résultat jusqu’ici. Ce jeudi à Paris, la marche supérieure face à la référence sur terre battue était encore trop haute pour lui, même si son splendide revers à une main et ses attaques de coup droit en fond de court ont fait mouche plusieurs fois face à un numéro un mondial médusé, qui a même affirmé n'avoir ni son service ni sa puissance en revers au même âge... Nul doute qu’il fera encore parler de lui d’ici la fin de saison.

Le match de Gaël Monfils. Cela peut paraître déplacé, sachant qu’il a gagné sa rencontre du deuxième tour en trois sets face à Jan-Lennard Struff ce jeudi. Mais j’ai eu l’impression que le Français a passé son temps à se compliquer la vie en "surjouant" beaucoup. Notamment lors du premier set, qu’il a eu beaucoup de chance de remporter. Il a sauvé 12 balles de breaks sur l’ensemble du match, dont beaucoup de balles de première manche sur son service, dont une à 5-4 très litigieuse : sans une intervention malencontreuse de l’arbitre qui n’a pas validé tout de suite une attaque de l’Allemand (avant de faire rejouer le point), Monfils l’aurait perdue. Et l’histoire n’aurait pas été la même. On sait que le Français n’est pas à l’aise et qu’il joue en soignant en même temps une cheville capricieuse. Il s’en est sorti mais il aurait pu s’épargner davantage physiquement s’il ne cherchait pas souvent à remporter de beaux points en faisant le show, en tentant un plongeon dont il a le secret. Pour l’instant, il fait aussi le job. Mais face à Fabio Fognini au prochain tour, cela ne pardonnera pas.

0 – soit le nombre de jeux inscrits par les adversaires de Guillermo Garcia-Lopez lors du quatrième et dernier set joué aux premier et deuxième tours. L’Espagnol est chaud bouillant en ce début de quinzaine. Après avoir collé 6-2, 6-0 à Wawrinka en fin de premier match, il a également éliminé Mannarino en quatre sets sans concéder le moindre jeu lors de l’ultime manche.

1 – Pour la première fois de leur carrière, Kristina Mladenovic et Pauline Parmentier se sont hissées au troisième tour de Roland-Garros. Après Na Li, la première a sorti l’Américaine Alison Riske et la seconde, tombeuse de Roberta Vinci au premier tour, a éliminé la Kazakhe Yaroslava Shvedova, double quart-de-finaliste à Roland-Garros. En Grand Chelem, Parmentier a déjà joué un troisième tour à l’US Open en 2012… tout comme Mladenovic.

179 – Rafael Nadal a conforté son record de victoires à Roland-Garros avec un 61e en 62 matches. Il a également remporté un 179e succès en Grand Chelem, dépassant pour de bon la marque de Stefan Edberg.