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De l'impossibilité (ou presque) de battre Nadal à Roland-Garros

Laurent Vergne

Publié 02/06/2015 à 23:58 GMT+2

ROLAND-GARROS - Novak Djokovic a déjà souvent battu Rafael Nadal sur terre battue. Mais jamais en trois sets gagnants. Seul Robin Soderling l'a fait, une fois, en près de 100 rencontres disputées en grand format par l'Espagnol. Des stats surréalistes. Mais logiques au vu des caractéristiques de Rafa.

Rafael Nadal à Roland-Garros en 2014.

Crédit: AFP

C'était en 2006. Une paie. A Roland-Garros. Le tout premier des 44 (avec celui de mercredi) duels entre Novak Djokovic et Rafael Nadal. Après ce quart de finale (déjà) qu'il avait perdu sur abandon alors qu'il avait cédé les deux premiers sets, le jeune Novak, du haut de ses 19 ans, avait expliqué que Nadal n'était pas imbattable sur terre et, mieux, qu'il savait comment le battre. A l'époque, Rafa était déjà tenant du titre à Paris. Nole un jeune freluquet de 19 ans et quelques jours, même pas dans le Top 50 au classement, mais avec la certitude déjà bien ancrée du futur grand qu'il serait.
Neuf ans après cette phrase qu'un journaliste lui a malicieusement rappelé en début de quinzaine, force est de constater que le Serbe a eu à la fois tort et raison. Oui, il a souvent trouvé la clé pour battre Nadal sur terre. Personne ne l'a battu plus que lui ces dernières années. Mais comme presque tous les autres, à l'exception de Robin Soderling en 2009, il s'est avéré incapable de le dominer en trois sets gagnants. A sept reprises, il a échoué dans cet exercice. Six fois à Roland-Garros et une fois en Coupe Davis. Et sur la période 2011-2015, la plus faste pour Djokovic, ce dernier mène nettement face à Nadal sur terre en deux sets : 5-2. Mais à Roland-Garros, c'est 3-0 Nadal.
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Roland-Garros 2009 : Soderling - Nadal

Crédit: Imago

94 sur 95

Le Serbe incarne donc mieux que personne cette double réalité : battre Nadal sur terre est extrêmement difficile. Le battre dans un match au meilleur des cinq sets est quasiment impossible. Dans sa carrière, l'Espagnol a perdu 29 matches sur 369 sur sa surface fétiche. Dont 28 dans des parties en deux sets gagnants, pour une seule défaite en 95 matches en trois sets gagnants. Moralité, il perd en moyenne environ une fois sur 10 en deux sets gagnants. Environ une fois sur 100 en trois. La différence est tout sauf anodine.
Même sur les cinq dernières années, où son taux de victoires sur terre a cessé d'être surnaturel (il n'y avait cédé que quatre matches en cinq saisons de 2006 à 2010) pour redevenir un peu plus humain, Nadal n'a pas perdu une seule rencontre en "grand format". Or il s'est incliné 13 fois dans les matches en deux sets. Même en étant devenu (un peu) plus fragile et malgré l'irrésistible montée en puissance de Djokovic, Rafa reste jusqu'à preuve du contraire imprenable quand cela compte vraiment. A Roland-Garros, donc.

Djokovic : "Vous dépensez une énergie folle pour gagner un set contre lui et là vous réalisez qu'il faut encore en gagner deux de plus"

C'est à la fois la conséquence d'un ascendant physique et psychologique sur la concurrence. Djokovic lui-même l'explique très bien : "Il y a très peu de joueurs capables de rivaliser physiquement avec lui sur la durée d'un match en cinq sets. Donc ça joue évidemment en sa faveur. Rafa ne donne que très peu de points. Il faut donc tous aller les chercher, un par un, et c'est un formidable défenseur. Vous dépensez une énergie folle pour gagner un set contre lui et là vous réalisez qu'il faut encore en gagner deux de plus." Or il est quasiment impossible de maintenir un tel niveau d'implication physique et mentale trois sets durant.
Roger Federer a toujours connu ça contre Nadal. En dehors de la boucherie de la finale 2008, le Suisse a perdu quatre fois en quatre sets à Roland-Garros. A chaque fois, il a joué par séquences, brillantes. Nadal, lui, a laissé passer l'orage, affichant un niveau et un engagement linéaire, ce qui ne pouvait être le cas de son adversaire. Un match en cinq sets contre Nadal sur terre, c'est épuisant avant même d'avoir commencé. En réalité, le seul qui puisse probablement lutter pied à pied avec le Majorquin dans le combat physique sur terre, c'est précisément Djokovic. Il l'a déjà prouvé par le passé.

Le plus grand défi du tennis moderne... et du tennis tout court ?

Alors, pourquoi a-t-il échoué ces trois dernières années, alors qu'il est parfois passé tout près, comme en 2013 ? Parce que rien ne remplace la victoire. Tout simplement. Novak Djokovic, encore : "Il y a les cinq sets, il y a son lift si lourd et aussi le Chatrier, qui lui convient bien parce qu'il est tellement grand qu'on a l'impression qu'il faut faire encore plus d'efforts pour faire un point gagnant contre lui. Mais ce n'est pas le plus important. Le plus important, ce sont ces titres ici. Il n'a perdu qu'un seul match dans ces conditions. Quand vous gagnez tous les ans ou presque pendant 10 ans un tournoi, c'est très dur pour l'adversaire de croire que c'est possible de le battre".
Pourtant, à n'en pas douter, Novak Djokovic le croit. Et il a raison de le croire. Mercredi, pour la huitième fois de sa carrière, la septième à Roland-Garros, il s'attaquera au plus grand défi du tennis moderne. Peut-être le plus grand jamais imposé par ce sport. Battre Rafael Nadal dans un match en trois sets gagnants sur terre battue. Oui, plus dur encore que de dominer Federer sur gazon du temps de sa splendeur ou Borg ici même voilà plus de 30 ans. Le défi nadalien est hors normes. Mais si un homme peut le relever, c'est bien le Djokovic d'aujourd'hui.
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Rafael Nadal et Novak Djokovic, finale de Roland-Garros 2014.

Crédit: Panoramic

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