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Le poids de l'histoire, ce fardeau que doit porter Djokovic

Laurent Vergne

Mis à jour 07/06/2015 à 02:07 GMT+2

ROLAND-GARROS - Novak Djokovic est apparu tendu contre Andy Murray. Sans doute le sera-t-il encore dimanche en finale contre Stan Wawrinka. C'est que le Serbe mesure parfaitement l'impact historique de ce week-end parisien. Il joue gros. Très gros.

Novak Djokovic

Crédit: Imago

Cette fois, il y est. Oui, Novak Djokovic a déjà échoué deux fois en finale de Roland-Garros. Presque trois, si on considère que seul le caprice (déjà !) du tirage au sort l'avait réuni dans la même moitié de tableau que Rafael Nadal en 2013, organisant leurs retrouvailles en demies et non en finale. Mais ne chipotons pas. Grosso modo, depuis trois ans, seul le gaucher des Baléares a pu se mettre en travers de la route du couronnement parisien de Nole de Belgrade. Dimanche, Nadal ne sera pas là. Djokovic s'est chargé en personne de bouter le Cerbère qui lui fermait la porte, non des Enfers, mais de son paradis. Le paradis des champions, où l'attendent Budge, Perry, Laver, Emerson, Agassi, Federer et Nadal.
Tout, absolument tout, depuis le début, converge vers une victoire finale du Djoker. Il n'a jamais été aussi fort et dominateur sur le circuit. Pas même en 2011. On peut débattre sans fin pour savoir s'il est plus ou moins ravageur que lors de son effarant premier semestre 2011 (c'est probablement le cas, de notre point de vue), mais la concurrence, elle, est un cran en-dessous. Federer 2015 ne vaut pas Federer 2011. Quant à Nadal...

Une dimension supérieure

Sans ce Rafa stratosphérique qui a régné presque sans partage sur cette terre comme aucun autre joueur de tennis ne l'avait jamais fait ni ici, ni ailleurs, ni jamais, ce Roland-Garros 2015 appartient presque à Djokovic. Comme une évidence. Inabordable depuis huit mois. Invaincu depuis quatre. 28 victoires de suite. En 2015, il a battu à peu près tout le monde. Nadal, Federer, Murray, Berdych, Ferrer, Cilic, Raonic, Wawrinka...
Non, c'est écrit, il ne peut pas laisser filer ce Roland-Garros. Pire, il ne DOIT pas. Alors, qu'est-ce qui bien peut priver le Serbe de cette évidence ? Deux choses : Wawrinka, d'abord. Son bilan est ultra favorable contre le Vaudois : 17 victoires, 3 défaites. Et même depuis l'émergence de Stan dans la galaxie des champions, il n'y a pas photo : 6-1 pour Djokovic depuis début 2013. Mais Wawrinka possède le jeu pour perturber le Serbe, personne ne peut en douter. Quatre matches en cinq sets sur leurs quatre derniers duels en Grand Chelem.
Mais le plus gros danger qui menace Djokovic, plus encore que le talent incontestable de Wawrinka, c'est le gigantesque poids de ce qui l'attend dimanche. Il va disputer un match qui peut lester sa carrière ou la propulser dé-fi-ni-ti-ve-ment dans une dimension supérieure. Qu'il perde, et même le Superman de la résilience qu'il est aura du mal à digérer pareille défaite. Il aura sans doute d'autres opportunités de gagner Roland-Garros, mais celle-ci, à ce jour, est de très, très loin la plus nette. Tout le monde le sait. Lui le premier.
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Novak Djokovic à Roland-Garros

Crédit: AFP

S'affranchir d'un tel poids, même pour un champion comme lui, n'est pas simple

Surtout, il y a ce Grand Chelem en carrière. En la matière, il serait l'égal de Federer et Nadal, ces deux figures tutélaires dont l'imposante ombre commune demeure, qu'on le veuille ou non, une couverture sur sa propre aura. Ce n'est pas la différence entre un huitième et un neuvième titre en Grand Chelem que vient chercher Djokovic dimanche. C'est un bond de géant dans l'Histoire de son sport.
La proximité de cette quête est forcément compliquée à gérer. Paradoxalement, sur le plan mental, son succès contre Nadal ne l'a pas libéré. Bien au contraire. Elle a renforcé l'impérativité de sa victoire finale. Il le sait. Face à Murray, en demi-finale, il a laissé apparaître des signes évidents de crispation lorsque l'Ecossais a su le bousculer dans les troisième et quatrième sets. Ce n'est pas anodin.
Nerveusement, ces 4-5 derniers jours auront probablement été les plus difficiles à appréhender pour Nole. Et c'est bien normal. Il joue une partie de son legs à la légende ici, et maintenant, à Paris. S'affranchir d'un tel poids, même pour un champion comme lui, n'est pas simple. A l'heure de vérité, sa gigantesque confiance en lui, force naturelle accentuée par une conjoncture 2015 exceptionnellement favorable, est un inestimable atout. Suffisant pour ne pas se laisser déborder par la peur de voir se dérober ce qui devrait lui revenir ? La réponse est en lui et c'est ce qui rend cette finale si passionnante.
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