Les demies, ce cap si souvent fatal aux Français
Publié 05/06/2015 à 01:16 GMT+2
ROLAND-GARROS - Jo-Wilfried Tsonga a déjà réussi son tournoi en atteignant les demi-finales. Mais pour aller plus loin dans cette édition 2015, il va lui falloir franchir un palier qui, historiquement, ne réussit pas aux Tricolores en Grand Chelem.
Jo-Wilfried Tsonga est en demi-finale de Roland-Garros et c'est une très bonne nouvelle. Enfin, sauf s'il veut aller en finale. Le gros problème du joueur français qui se hisse dans le dernier carré, c'est que, bien souvent, il ne va pas plus loin. Dans l'ère Open, seuls trois Tricolores ont réussi à franchir ce cap à Roland-Garros. Patrick Proisy en 1972, Yannick Noah en 1983 et Henri Leconte en 1988. Depuis, plus rien. 27 ans qu'un Français n'a plus goûté à la grande finale des Internationaux de France. Pourtant, depuis Leconte, beaucoup ont tenté leur chance.
Leconte, lui-même, en 1992. Cédric Pioline en 1998. Puis Sébastien Grosjean en 2001, Gaël Monfils en 2008 et enfin Jo-Wilfried Tsonga, déjà, il y a deux ans. Cinq chances de voir la finale et cinq défaites. Sèches, souvent, puisque sur ces cinq rencontres, seul Monfils a réussi à prendre un set, en 2008, face à Roger Federer. Sur l'ensemble de l'ère Open, à Roland-Garros, le taux de réussite des joueurs français en demi-finales est de seulement 25%. Trois gagnées, donc, pour neuf de perdues. Et encore, celle remportée par Noah l'a été… face à un compatriote, Christophe Roger-Vasselin.
Les demi-finales françaises à Roland-Garros dans l'ère Open
Match | Année | Joueur | Adversaire | Résultat | Score |
1 | 1970 | Georges Goven | Jan Kodes | Défaite | 2-6, 6-2, 5-7, 6-2, 6-3 |
2 | 1972 | Patrick Proisy | Manuel Orantes | Victoire | 6-3, 7-5, 6-2 |
3 | 1974 | François Jauffret | Manuel Orantes | Défaite | 6-2, 6-4, 6-4 |
4 | 1983 | Yannick Noah | Christophe Roger-Vasselin | Victoire | 6-3, 6-0, 6-0 |
4 | 1983 | Christophe Roger-Vasselin | Yannick Noah | Défaite | 6-3, 6-0, 6-0 |
5 | 1986 | Henri Leconte | Mikael Pernfors | Défaite | 2-6, 7-5, 7-6, 6-3 |
6 | 1988 | Henri Leconte | Jonas Svensson | Victoire | 7-6, 6-2, 6-3 |
7 | 1992 | Henri Leconte | Petr Korda | Défaite | 6-2, 7-6, 6-3 |
8 | 1998 | Cédric Pioline | Alex Corretja | Défaite | 6-3, 6-4, 6-2 |
9 | 2001 | Sébastien Grosjean | Alex Corretja | Défaite | 7-6, 6-4, 6-4 |
10 | 2008 | Gaël Monfils | Roger Federer | Défaite | 6-2, 5-7, 6-3, 7-5 |
11 | 2013 | Jo-Wilfried Tsonga | David Ferrer | Défaite | 6-1, 7-6, 6-2 |
A Roland, le bourreau des Français devient la victime en finale
Or il faut noter qu'en huitièmes et en quarts de finale, le ratio des Tricolores sur la même période est positif, dépassant les 50%. Evidemment, on peut considérer que, dans le dernier carré, le niveau augmente sensiblement et que la tâche devient plus (trop) complexe. C'est vrai, bien entendu, mais on notera que, curieusement, les Français butent systématiquement non pas sur le futur vainqueur mais face au futur vaincu en finale.
Ce sont rarement des monstres dominateurs qui leur barrent la route. Henri Leconte, par exemple, a été sorti en 1992 par Petr Korda, pas par Jim Courier. En 1986, "Riton", déjà, avait buté sur l'inconnu Mikael Pernfors, lui-même étrillé par la suite par Ivan Lendl. Même chose pour Pioline (contre Corretja), Grosjean (Corretja aussi), Monfils (c'est l'année où Federer a été balayé par Nadal en finale) et Tsonga (Ferrer avait pris trois sets contre Nadal). Au passage, si on suit cette logique, Stan Wawrinka a de bonnes chances de prendre trois sets en finale s'il bat Tsonga vendredi.
25% de réussite en demies sur l'ensemble du Grand Chelem
Non, plus que tennistique, le blocage est souvent psychologique. Henri Leconte, seul triple demi-finaliste français de Roland-Garros depuis les Mousquetaires, et donc très bien placé pour en juger, l'avait très bien expliqué il y a deux ans lorsque Jo Tsonga s'était glissé parmi les quatre derniers rescapés. "La différence entre jouer un quart et une demi-finale n'est pas colossale dans l'absolu, notait-il à l'époque. En revanche, jouer une finale de Grand Chelem, c'est énorme. Il y a peu de finalistes en Grand Chelem. C'est un club beaucoup plus select et l'idée, en plus, de la jouer à domicile, rend les choses difficiles parfois". Tim Henman, qui a perdu quatre demi-finales de Wimbledon sans en gagner une, a aussi connu ce phénomène.
Au-delà de Roland-Garros, ce même cap pose historiquement beaucoup de problèmes aux Français sur l'ensemble des tournois majeurs. La France totalise 29 places de demi-finalistes en Grand Chelem dans l'ère Open chez les messieurs. Mais seulement 7 finalistes. Soit moins de 25% de réussite. Jo-Wilfried Tsonga a déjà figuré cinq fois dans le dernier carré d'un grand tournoi. Mais il n'a franchi le cap qu'une fois. La première. Au temps de l'insouciance. "Ça va être ma sixième demi-finale. Six demies, c'est bien, c'est super même. Mais ce n'est pas gagner", sourit le Manceau. Mieux que personne, il connait l'ampleur de la tâche qui l'attend vendredi.
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