Ce Tsonga-là n'a pas (encore) une tête de demi-finaliste

Jo-Wilfried Tsonga n'a jamais été un grand joueur de terre battue. Il n'a jamais gagné un titre sur cette surface. Ni même, d'ailleurs, disputé la moindre finale. Mais c'est un vrai joueur de Roland-Garros. En comparaison à son bilan global sur ocre, sa carte de visite parisienne est remarquable : deux demi-finales, un quart de finale, et quelques victoires mémorables. Quand il déboule Porte d'Auteuil, le Manceau n'est plus le même. L'an dernier, quand on lui avait suggéré une pointe d'étonnement devant sa superbe quinzaine alors qu'il était arrivé sans résultat significatif les semaines précédentes sur terre, il avait eu cette réponse : "ici, ce n'est pas de la terre battue, c'est Roland-Garros".

Mais pour l'instant, dans cette édition 2016, Tsonga ressemble plus au joueur de terre battue qu'il est qu'au joueur de Roland-Garros qu'il fut. Ces dernières années, il était rentré tout de suite dans son tournoi. Il n'avait d'ailleurs plus perdu un set en première semaine depuis 2012. Contre Struff, malgré l'ampleur du score, il n'avait pas dégagé une impression formidable. Face à Marcos Baghdatis, jeudi, il a franchement inquiété. Faute de pouvoir trouver son rythme et d'afficher l'agressivité dont il a besoin sur terre, il a joué avec le feu. Tout n'est pas négatif dans cette affaire : il est resté calme, et il n'y a plus lieu de s'inquiéter pour son physique après ses trois heures et demie de match. Jo a de la caisse.

Mais, car il y a donc un gros mais, son tennis est balbutiant et s'il ne s'émancipe pas de ses difficultés-là, il lui sera très difficile de rééditer son parcours de 2013 et 2015. Surtout vu le parcours du combattant qui l'attend. Gulbis, au prochain tour, peut, s'il est bien luné, lui poser des problèmes. Tout dépendra du karma letton. Si Jo passe, il n'y aura plus de question de karma. Avec, sans doute, David Goffin et, très probablement, Rafael Nadal, il sait ce qu'il va trouver sur son chemin. Ce double obstacle-là me parait bien haut pour ce Tsonga. Autant demander à un perchiste qui a 5,80m dans les jambes d'effacer 5,90m puis 6,10m dans la foulée. JWT peut encore se mettre dans son tournoi. Son passé justifie qu'on lui laisse le bénéfice du doute. En sauvant les meubles jeudi, il a assuré l'essentiel. Mais pour voir plus loin, l'essentiel ne suffira bientôt plus.

Le match d'Alexander Zverev contre Stéphane Robert et, plus globalement, son début de tournoi. Le jeune Allemand dégouline de talent mais il n'a encore que 19 ans. Il vient de jouer deux joueurs Français sur deux courts annexes, aux ambiances si chaudes. Pour ses nerfs, c'était un sacré double test. On a vu des joueurs plus expérimentés fondre les fusibles pour moins que ça. D'ailleurs, Robert a confié au micro d'Eurosport qu'il voulait "l'énerver". La tactique aurait pu être payante mais Zverev, visiblement, a aussi des nerfs en plus d'avoir un bras. Son avenir n'en est que plus prometteur.

Les sifflets contre Tatjana Maria. Je sens que le match d'Alizé Cornet ne va pas aider sa réputation sur le circuit. Victime de crampes dès le deuxième set, en larmes sur le court, elle a fait appeler le kiné et Tatjana Maria, son adversaire, a l'impression d'avoir été prise pour ce qu'elle n'est certainement pas. L'Allemande a quitté le court vaincue et furieuse, et elle n'a pas ménagé la Française devant les médias. A vrai dire, ce n'est pas tant Cornet que je n'ai pas aimé que les sifflets du public du court numéro un envers Maria au moment de la poignée de main. A minima, on pouvait comprendre son mécontentement. Et elle l'a manifesté de façon très correcte, sans en rajouter.

Nadal ou Djokovic, qui a fait la meilleure impression jusqu'ici ?

Murray peut-il connaitre un troisième match galère de suite ? Face à un Karlovic bien entamé, ça me surprendrait, tout de même.

Alors, courageuse ou filoute, Alizé Cornet ? Ou les deux ?

Qui a des places pour vendredi ?Allez faire un tour sur le court 4. Cornet doit y retrouver Maria... en double. A moins qu'elle ne le zappe, pour récupérer avant Venus samedi.

8. Rafael Nadal. David Ferrer. Roberto Bautista Agut. Fernando Verdasco. Marcel Granollers. Feliciano Lopez. Nicolas Almagro. Albert Ramos Vinolas. Les Espagnols seront huit au troisième tour. Huit sur trente-deux, soit un quart des rescapés. C'est du jamais vu depuis 2007.

10. Après cinq jours, sur les 15 échanges les plus longs du tournoi messieurs, 10 sont à mettre au crédit de Gilles Simon. Ne vous étonnez pas s'il en rajoute quelques-uns avec Viktor Troicki, vendredi. Quand ils s'affrontent, ces deux-là aiment faire durer le plaisir… Avec 37 coups de raquette, l'échange de Simon avec Guido Pella, dès le quatrième jeu de leur match de mercredi, est pour l'heure le point le plus long de la quinzaine.

50. Novak Djokovic a signé la 50e victoire de sa carrière à Roland-Garros. Il dépasse un certain Bjorn Borg, qui s'était arrêté à 49. Mais le Suédois, lui, a soulevé six fois la Coupe des Mousquetaires. C'était d'ailleurs la journée des comptes ronds, puisque Rafael Nadal a obtenu son 200e succès en Grand Chelem et Jo-Wilfried Tsonga son 100e.