Djokovic, Muguruza, "Crampgate", Nadal... Les 10 moments qui ont fait ce Roland-Garros 2016

La finale du tournoi juniors entre Geoffrey Blancaneaux et Félix Auger Aliassime a valu le détour dimanche sur le court numéro 1, bien garni pour l'occasion. Au courage, Blancaneaux l'a emporté, sauvant trois balles de match au passage, pour offrir à la France son premier titre à Paris dans la catégorie depuis Gaël Monfils en 2004. Yannick Noah était présent pour l'encourager. Le capitaine de Coupe Davis, très impliqué, n'a pas ménagé ses efforts. Mais à la fin du match, c'est surtout le geste de Noah pour Auger Aliassime qui a marqué. Descendu sur le court, le dernier Français vainqueur en Grand Chelem est venu parler au Québécois, qui venait de fracasser ses raquettes de rage. Un geste très apprécié par Auger Aliassime. "Qu'une légende comme lui vienne me réconforter, ça m'a beaucoup touché", a dit le jeune Canadien de 15 ans, dont on pourrait reparler très vite, au regard de son potentiel.

Pour le grand public, Dominic Thiem aura été la révélation de cette quinzaine en atteignant les demi-finales. Pour les aficionados du tennis, sa présence dans le dernier carré n'a pas de quoi faire tomber de l'armoire, surtout après le forfait de Nadal, qui se trouvait dans son tableau. Du beau parcours de l'Autrichien, on retiendra surtout son troisième tour contre Alexander Zverev, sur le Lenglen. Un match agréable, même si Zverev a assez vite décroché, mais ce duel-là sonnait surtout comme une prise de rendez-vous pour l'avenir. Thiem a 22 ans. Il est déjà 7e mondial. Zverev en a 19 depuis un mois et il est 38e. Il sera très vite beaucoup plus haut. Et nous sommes peut-être partis pour quelques années de Thiem-Zverev...

Il y avait à peu près autant de monde à 11h30 ce dimanche sur le Chatrier pour la finale du double dames que pour les quarts de finale du simple dames quelques jours plus tôt… Tant mieux pour Caroline Garcia et Kiki Mladenovic, qui ont offert un beau moment de tennis au public parisien en s'imposant en finale face à Vesnina et Makarova. Les tournois de double, dans leur ensemble, ont d'ailleurs été d'une grande qualité cette année à Paris.

Deux heures et dix-sept minutes de bonheur. Quand Richard Gasquet se hisse à ce niveau-là, il faut quand même ne pas aimer le tennis pour ne pas savourer. Les deux premiers sets de son quart de finale contre Andy Murray ne sont pas loin d'avoir constitué les sommets tennistiques du tournoi. Car en face, Murray était là aussi. Malheureusement pour Gasquet, un tel duel en Grand Chelem, ce ne sont pas que deux sets…

Demi-finaliste en 2013, demi-finaliste en 2015, quart de finaliste en 2012… Jo-Wilfried Tsonga a été une des figures de Roland-Garros ces dernières années. Le Manceau avait peut-être à nouveau un coup à jouer cette année après le forfait de Nadal. On aurait aimé le voir ferrailler avec Goffin, et peut-être Thiem. Malheureusement pour lui, tout s'est arrêté dès le troisième tour, quand ses adducteurs ont à nouveau lâché, comme à Rome deux semaines plus tôt. Sorti du central serviette sur la tête et larmes aux yeux, Tsonga a été une victime de plus de cette drôle d'édition.

Un deuxième tour entre Alizé Cornet et Tatjana Maria, a priori, ça n'avait pas de quoi rester comme un incontournable dans une rétrospective comme celle-ci. Et pourtant... Alizé Cornet a fini par s'imposer en trois sets et près de trois heures de jeu, malgré des crampes dès… le deuxième set. Maria a accusé la Française de tricher en ayant fait appel au médecin pour une blessure alors que, selon l'Allemande (et pas seulement elle), elle récupérait de ses crampes. Cornet a pleuré sur le court, pleuré après et la poignée de main glaciale entre les deux jeunes femmes, après que Cornet, pour conclure en beauté, se soit allongée sur le court pour célébrer son succès, reste une des images du tournoi. Tatjana Maria a même envisagé de déposer un recours après sa défaite ! Bref, un vrai psychodrame.

Un vrai choc dans cette quinzaine, et personne ne l'avait vraiment vu venir. L'Espagnol semblait plus fort qu'il ne l'avait jamais été au cours des 24 derniers mois. Vainqueur à Monte-Carlo et Barcelone, Nadal aurait pu, aurait dû, être un personnage important de cette édition 2016, mais, après deux tours expéditifs, il a convoqué une conférence de presse le vendredi de la première semaine pour annoncer qu'il se retirait. Un nouveau coup dur, après les forfaits de Federer et Monfils avant le coup d'envoi du tournoi. Le Djokovic-Nadal annoncé en demie après le tirage promettait beaucoup. On ne saura jamais s'il aurait eu lieu, et encore moins si Nadal aurait pu priver le Serbe du titre. Mais ce choc-là aurait pu constituer le grand moment de tennis qui a manqué à cette quinzaine.

Serena Williams jouait, comme Novak Djokovic, pour écrire une page d'histoire. Mais la meilleure joueuse de ce tournoi, et de cette finale, était sans contestation possible Garbine Muguruza. Sur le court, il émane de l'Espagnole une forme d'élégance à la Chris Evert. Son jeu est emballant. Elle déploie une réelle puissance propre au tennis moderne, mais sans se départir d'une certaine classe. Elle fait une magnifique lauréate mais, si elle incarne déjà le présent, Muguruza a surtout ce qu'il faut pour, à moyen et long terme, porter le tennis féminin à l’avenir.

La pluie, d'une manière générale, aura été l'un des principaux personnages du tournoi. Ce qui n'est jamais bon signe. La météo a été pourrie comme jamais sur Roland-Garros. Au point que, le lundi 30 mai, aucun échange n'a pu être joué. Un fait rarissime. Il n'y avait plus eu de journée blanche à Roland depuis 16 ans. En 2000, c'était, déjà, le 30 mai. Date maudite. Cette annulation pure et simple a eu des conséquences sur le planning du tournoi, repoussant les demi-finales dames au vendredi, et contraignant certains joueurs, dont Djokovic, à jouer jusqu'à quatre jours de suite. Dans quelques années, quand on vous demandera ce qui vous vient en premier à l'esprit pour évoquer ce Roland-Garros 2016, faisons le pari que la météo catastrophique ne sera pas loin...

Ce tournoi, au final, aura surtout valu par sa portée historique. Une quinzaine sans grande envergure, et une finale messieurs à l'unisson, mais ce Roland-Garros 2016 restera dans les annales, comme celui où, pour la première fois depuis 1969, un joueur a réussi à enlever les quatre tournois du Grand Chelem à la suite. Pour Novak Djokovic, c'est d'autant plus savoureux que cette consécration arrive après une série de frustrations massives Porte d'Auteuil et à sa 12e tentative (un record). Aura-t-on envie, dans 10 ou 15 ans, de revoir la finale Djokovic-Murray, ou n'importe quel autre match du Serbe dans ce tournoi ? Probablement pas. Mais on se souviendra que c'est là qu'il a écrit l'histoire.