Murray 4, Gasquet 0... En Grand Chelem, il n'y a pas photo

Peut-être le match charnière de la carrière des deux hommes. Celui, en tout cas, où leurs trajectoires se sont inversées. On l'oublie mais, avant ce huitième de finale de Wimbledon en 2008, Richard Gasquet est devant Andy Murray. Il a déjà disputé le Masters. Pas l'Ecossais. Il est dans le Top 10 au classement. Pas Murray. Ce jour-là, sur le Centre court, Gasquet est d'ailleurs largement au-dessus de son adversaire pendant trois sets... moins un jeu.

Il mène 7-5, 6-3, 5-4, service à suivre. Débreaké sur une double faute, le Biterrois s'inclinera en cinq sets à la nuit tombante. La chrysalide Murray opère définitivement sa mue au cours de cette folle remontée et l'image de Muzz montrant son biceps au public londonien était explicite. A l'issue de ce tournoi, Murray passera devant Gasquet au classement. Huit ans plus tard, leurs courbes ne se sont plus jamais inversées. C'est clairement le jour où Murray est devenu un champion.

Richard Gasquet sort tout juste de la période la plus sombre de sa carrière. Retombé à la 86e place mondiale au début du printemps 2010, il est remonté à la 45e place juste avant Roland-Garros, en s'imposant au Challenger de Bordeaux puis à Nice. Mais à Paris, le tirage le met sur la route d'Andy Murray, alors 4e mondial, dès le premier tour. Pas un cadeau.

Pendant deux sets et deux jeux, le Biterrois est pourtant formidable. Il domine les débats pour le plus grand plaisir du Lenglen. Mais physiquement, Gasquet n'est plus rompu à l'exigence de ce type de rencontres. Il s'éteint peu à peu et Murray déroule franchement dans les deux derniers sets. "Je ne joue pas plus mal que quand j'étais 7e mondial", se rassure le Français. Reste que pour la deuxième fois, il s'incline en Grand Chelem contre Murray après avoir remporté les deux premiers sets.

Trois ans après, Murray et Gasquet se retrouvent au même endroit et au même tour que lors de leur épique huitième de finale de 2008. Mais les temps ont changé. Il n'y a plus photo entre les deux hommes. Murray a intégré le "Big Four", quand l'Héraultais reste bien loin de ces sphères-là. Mais Gasquet est revenu tout près du Top 10 à l'ATP. Il a retrouvé de la confiance et comme Murray a pataugé lors des deux trois tours contre Kamke, Gimeno Traver et Ljubicic, on se dit que, peut-être... Mais non. Seul le premier set sera accroché. Une fois le tie-break dans la poche de Murray, Gasquet baisse le menton et se voit indiquer inexorablement la porte de sortie.

Retour à Roland-Garros et, pour la troisième fois en quatre duels dans les tournois majeurs, un huitième de finale. Il fait frais et gris en cette fin d'après-midi du lundi de la deuxième semaine. Cette fois, Gasquet y croit vraiment. D'abord parce qu'il joue bien : au troisième tour, son récital face à Tommy Haas a époustouflé. "J'ai rarement vu quelqu'un jouer aussi bien", témoigne l'Allemand. Ensuite, le Français a battu Murray à Rome deux semaines auparavant.

Puis le Britannique a mal au dos. On l'a même cru au bord de l'abandon en première semaine à Roland-Garros. De fait, Gasquet entame son match tambour battant. Le premier set est un récital. Murray, lui, se tient le dos à chaque point et se fait copieusement huer. L'exploit parait proche. Puis, brutalement, le match bascule. A 5-4 Murray dans le deuxième, Gasquet cède son service, et le set, sur une double faute. C'est terminé. Il ne s'en relèvera pas. Une heure plus tard, Murray est en quarts.