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Rire, tension, libération : 18 minutes et trois jeux inoubliables pour Djokovic

Laurent Vergne

Publié 06/06/2016 à 09:19 GMT+2

ROLAND-GARROS - Les trois jeux les plus intéressants de la finale entre Novak Djokovic et Andy Murray ? Les trois derniers. Un vrai corps-à-corps de 18 minutes, pendant lesquelles le Serbe a à peu près tout connu. Récit d'un gros quart d'heure pas comme les autres.

Novak Djokovic

Crédit: Panoramic

18 heures. Après un coup droit long de ligne, Novak Djokovic prend une nouvelle fois le service d'Andy Murray. Double break en poche dans le quatrième set, le Serbe mène 5-2 et va servir pour gagner Roland-Garros. La finale parait pliée. C'est terminé. En réalité, elle va vraiment commencer. Car il faudra 18 minutes et trois jeux à Djokovic pour achever la bête écossaise blessée, et donc dangereuse. Les 18 meilleures minutes de cette finale, de loin les plus intenses de la partie. 18 minutes au cours desquelles le numéro un mondial est passé par toutes les émotions.
Retour à 18 heures. Djokovic regagne donc sa chaise, pour ce que tout le monde pense être le dernier changement de côté. Regardez bien les images. Nole a un énorme sourire sur le visage. Il rigole presque. Aucune morgue, aucune suffisance, aucun mépris pour son adversaire. Juste une réaction spontanée. "A 5-2, je ne sais pas pourquoi j'ai eu ce sentiment-là, mais j'ai commencé à rire. Je suis entré sur le court en sachant qu'il faudrait que je donne absolument tout si je voulais gagner ce titre. Et puis, quand je l'ai breaké pour mener 5-2 dans le quatrième, j'ai ri. C'est l'émotion qui m'est venue spontanément." A cet instant, Djokovic devient presque spectateur de son propre accomplissement. Sensation délicieuse, mais dangereuse.
Peut-être que j'ai pris les choses un peu trop à la légère
Il est certes dangereux d'être trop crispé à l'heure de finir un match. Mais être trop distant n'est pas forcément mieux. Andy Murray, lui, ne va pas tarder à rappeler à Djokovic que, jusqu'au bout, il faudrait lui passer sur le corps. "Honnêtement, je n'ai pas trop ressenti de pression au moment de servir pour le match, admet le Djoker. Peut-être que j'ai pris les choses un peu trop à la légère. Andy a commencé à s'encourager sur chaque point. Il s'est battu, et il est revenu."
Un débreak puis un jeu de service maitrisé pour recoller à 4-5 et, cette fois, quand Djokovic est revenu s'asseoir à 18h11, plus de sourire sur le visage. Là, le numéro un mondial a bien mesuré qu'il servait pour gagner Roland-Garros, pour le Grand Chelem en carrière, le Grand Chelem sur deux ans. Il a bien mesuré, aussi, qu'une nouvelle perte de son service pourrait rendre la situation franchement périlleuse. Puis il y a eu ces deux balles de match à 40-15, toutes deux sauvées par Murray, tellement plus solide et menaçant, soudain, qu'il ne l'avait été pendant deux sets et demi.
Comme si mon esprit avait quitté mon corps...
"Nous sommes tous humains, plaide Djokovic. Arrivé si près du titre, plus près que je n'en avais jamais été dans ma vie... J'ai ressenti tout ça, oui. La tension, l'excitation." "Lorsque vous essayez de faire quelque chose pour la première fois, souligne de son côté Murray, des choses que vous n'avez jamais expérimentées avant, ça vous rend nerveux. Cela rend fébrile. Dans ce jeu (à 5-4), j'étais prêt à changer les choses, mais il a très bien fini."
La très grande force d'un champion comme Novak Djokovic, c'est alors de trouver, dans un moment aussi chaud, suffisamment de calme et de lucidité pour reprendre le fil de son jeu. "Après les deux balles de match, j'ai juste essayé de me concentrer sur ma première balle, puis de penser à me mettre en position de dominer l'échange, ce que je n'avais plus fait lors des points précédents."
Après le relâchement et un début de peur, la troisième balle sera la bonne. Il est 18h18. Après les 18 minutes parmi les plus importantes de toute sa carrière, c'est l'heure de la libération. Et c'est le trou noir. "Sur le dernier point, ajoute-t-il, je ne me souviens même plus ce qu'il s'est passé. C'est comme si mon esprit avait quitté mon corps. J'ai rarement ressenti ça dans ma carrière, une ou deux fois peut-être avant. C'est très particulier. C'est sans aucun doute un des trucs les plus forts de toute ma carrière." Novak Djokovic a souvent dû se demander ce qu'il ressentirait quand ce moment viendrait. Maintenant, il sait. Cela valait bien 18 minutes pas comme les autres.
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