Roland-Garros : Murray-Wawrinka, duel au sommet... et dans un mouchoir

C'était la demi-finale logique du bas du tableau et rien ni personne n'a pu empêcher la logique de s'imposer jusqu'à ce 3 juin. Andy Murray et Stan Wawrinka ont connu des tournois à peu près similaires, marqués par une entrée en matière laborieuse et une relative montée en puissance progressive, l'un comme l'autre laissant l'impression de pouvoir faire plus et mieux. Comme s'ils avaient gardé le meilleur pour la fin. En l'occurrence, la fin commence vendredi avec ces demi-finales.

Murray comme Wawrinka auraient pu disparaitre d'entrée dans ce tournoi où ils ont dû batailler cinq sets dès leur premier tour, et même les deux premiers tours en ce qui concerne Murray. Mais leurs certitudes étaient suffisamment solidement ancrées pour leur permettre de se sortir de ces mauvais pas. Et comme souvent, une fois les mécaniques lancées, il est difficile de les arrêter. Troicki a bien chipé un set à Wawrinka et Gasquet un autre à Murray. Mais au final, les deux grosses têtes de la partie inférieure du tableau étaient trop fortes pour ne pas se retrouver.

Andy Murray est un vieux routier du dernier carré. En Grand Chelem bien sûr (ce sera sa 19e demie), mais aussi à Roland-Garros, où il y est présent pour la quatrième fois, la troisième de rang. Jusqu'ici, il était toujours tombé sur Rafael Nadal ou Novak Djokovic aux portes de la finale. Cette fois, aucun des deux monstres sur sa route, mais le tenant du titre. Pas sûr, donc, qu'il gagne vraiment au change. Stan Wawrinka a bénéficié d'un parcours plutôt tranquille, à l'image de son quart de finale contre Ramos-Vinolas, novice à ce niveau. Le Vaudois est donc difficile à juger, mais il aime ces gros matches et, à l'évidence, son degré de confiance à Roland-Garros est au plus haut après son sacre de l'an dernier.

8 victoires de Murray, 7 de Wawrinka. Sur l'ensemble de leurs carrières, entre ces deux-là, c'est donc très accroché. Mais difficile d'y voir quelque chose de réellement significatif, dans la mesure où l'Ecossais et le Suisse ont très peu joué l'un contre l'autre ces derniers temps. Leur dernier duel en date remonte au Masters 2015, mais c'était alors leur première confrontation depuis plus de deux ans, à l'US Open 2013. S'il faut retenir un élément, c'est que Wawrinka a gagné leurs trois derniers matches, le dernier succès de Murray remontant à l'automne 2012. Avant que Stanislas ne devienne "Stanimal".

1. Un seul joueur dans l'histoire a remporté Roland-Garros en ayant commencé son tournoi par deux rencontres en cinq sets. Il s'agit de Gaston Gaudio, en 2004. Andy Murray, vainqueur de Stepanek et Bourgue dans ces conditions, serait le deuxième.

31. Wawrinka est le plus vieux demi-finaliste de Roland-Garros dans le tableau masculin depuis Jimmy Connors en 1985. Le Suisse était né depuis deux mois à peine... Connors avait alors 32 ans et 280 jours. Wawrinka a 31 ans et 69 jours.

86. Le pourcentage de victoires d'Andy Murray sur terre battue au cours de l'année écoulée : 18 victoires, 3 défaites. Personne sur le circuit n'a fait mieux. L'Ecossais devance Rafael Nadal et Novak Djokovic, les seuls autres joueurs à dépasser les 80% de victoires sur la période concernée.

Andy Murray : "Je suis vraiment convaincu que je peux gagner ce tournoi. Est-ce que je vais le faire ? Nous verrons, je n'en sais rien. Mais j'y crois depuis l'année dernière, depuis que j'ai gagné mes premiers titres sur terre. Il reste deux matches, il faut tout donner."

Stan Wawrinka : "Je ne cherche pas à comparer avec l'année dernière. Je ne suis pas en quête des mêmes sensations. Il n'y a pas à comparer. C'est un autre contexte, d'autres conditions de jeu, d'autres adversaires. Mais ce qui est sûr, c'est que d'avoir gagné l'an dernier me donne de la confiance, et m'enlève de la pression, puisque je l'ai déjà fait au moins une fois..."

Andy Murray 49% - Stan Wawrinka 51%

"Too close to call" disent les Américains, dans ce type de situation. Trop serré pour se prononcer, en somme. Et c'est vrai qu'il est bien délicat de sortir clairement un favori dans ce duel-ci. Murray a pour lui les certitudes acquises durant sa saison sur terre. Vainqueur à Rome, finaliste à Madrid, il a battu à la fois Nadal et Djokovic et cette demi-finale, jadis son plafond de verre à Paris, constitue cette fois un seuil minimal. Mais Wawrinka est le tenant du titre. Et sans offrir un tennis exceptionnel, on pressent qu'il reste capable de monter le volume quand ce sera vraiment nécessaire. Aucun n'a été impérial dans cette quinzaine, mais la marge de progression du Suisse parait très, très légèrement supérieure.