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L'œil de Roland : Mladenovic, casque d'or, casque de fer

Laurent Vergne

Mis à jour 05/06/2017 à 09:04 GMT+2

ROLAND-GARROS 2017 – Kristina Mladenovic a gagné le droit d'y croire plus que jamais après sa victoire contre la tenante du titre Garbine Muguruza (6-1, 3-6, 6-4), qui lui ouvre son tableau et de vraies perspectives. Portée par la foule mais pas emportée par le poids de l'événement, elle se montre à la hauteur des attentes.

Kristina Mladenovic

Crédit: Getty Images

A quoi tient un destin ? A pas grand-chose, parfois. Il s'en est fallu d'une poignée de points que Kristina Mladenovic ne disparaisse dès le premier tour contre Jessica Brady. Tout le monde lui serait alors probablement tombé dessus. Vous, nous, sans doute elle-même, tant une sortie aussi prématurée aurait tranché avec ses espoirs et ses ambitions, tous légitimes.
Il se trouve que "Kiki", comme la France entière va maintenant l'appeler, a survécu à cette entame douloureuse, au propre comme au figuré. Il se trouve qu'elle a survécu à un troisième tour tout aussi mal embarqué contre Shelby Rogers. Kiki, pendant la première semaine, ce fut "Mademoiselle miracle". Mais depuis dimanche, on a envie de l'appelez Madame.
En se hissant pour la première fois en huitièmes de finale, Mladenovic avait assuré le minimum, celui de son statut de tête de série numéro 13. Mais le minimum, elle n'en veut plus. Ce choc face à Garbine Muguruza, la championne en titre, devait nous dire ce que la Nordiste avait vraiment dans le ventre. Elle le sait maintenant, et nous avec elle. Est-ce qu'elle succèdera dans une semaine à la fois à sa victime du jour et à Mary Pierce ? Nous n'en savons rien. Est-ce qu'elle en a les moyens ? Oui. Plus personne ne peut prétendre le contraire.
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Même la tenante du titre n'a rien pu faire : la victoire de Mladenovic en vidéo

Son Noah-Lendl à elle

Vu ce qu'elle avait montré ces dernières semaines, ces derniers mois même, Kristina Mladenovic s'était imposée parmi la kyrielle de prétendantes. Mais encore fallait-il surmonter la pression qui pesait sur ses épaules pour ne pas finir au cimetière des illusions. Ça, c'était la mission des premiers tours. Pour l'introniser définitivement en tant que candidate au trône de France, le duel contre Muguruza se voulait d'une autre étoffe.
Objectivement, malgré la finale de Fed Cup et son quart de finale à l'US Open il y a 18 mois, ce match-là pesait d'un poids inédit dans la carrière de la Française. Parce que c'est chez elle, parce qu'elle a changé de dimension, parce que son adversaire est une championne, ce huitième, c'était autre chose. Toutes proportions gardées, et sans vouloir préjuger de rien, c'était un peu son Noah-Lendl 1983. Lendl n'était pas tenant du titre, mais il incarnait quelque chose qui échappait encore à Noah jusqu'à cette victoire.
Il y a désormais beaucoup de clignotants au vert pour Kristina Mladenovic. Elle a la force décuplée des survivants. Elle a aussi celle généré par la foule. Elle a passé ce cap si étroit où la ferveur populaire cesse d'être un poids pour devenir un moteur. On sent qu'elle s'en nourrit. Ce fut particulièrement palpable lors de ses deux derniers matches sur le Lenglen, contre Rogers et Muguruza. Mladenovic a aussi une sacrée force de caractère, surmontant ses coups de moins bien, retournant des situations, empêchant Muguruza d'en faire de même. Casque d'or est aussi casque de fer. Sa faculté à ne pas se frustrer est plus qu'intéressante.
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Kristina Mladenovic après sa victoire contre Garbine Muguruza

Crédit: Getty Images

A la hauteur de ses rêves

Reste, bien sûr, ce gros point noir du service. La Française tournait déjà à huit doubles fautes par match sur ses trois premiers tours, et elle a doublé le volume dimanche (16). A voir aussi comme elle gèrera mardi le retour d'une autre forme de pression face à Timea Bacsinszky : outre la digestion de son "exploit" contre Muguruza, elle va récupérer une bonne pancarte dans le dos contre la Suissesse. A voir, oui, vraiment, comment cet écueil est négocié...
Mais on n'a rien sans rien. Kristina Mladenovic est aujourd'hui une des douze dernières joueuses en lice pour la Coupe Suzanne-Lenglen. Parmi ces douze, aucune n'a jamais été titrée en Grand Chelem. Parmi ces douze, trois Françaises. Même si elles sont au-dessus de ces considérations, c'est une jolie revanche pour ces filles clairement dans l'ombre de leurs collègues masculins depuis la fin de l'ère (dorée) Mauresmo.
N'empêche. Si Noah attend un successeur depuis 34 ans, Mary Pierce, elle n'en est qu'à la moitié. Et elle a sans doute plus de chances de transmettre le témoin dimanche prochain que le capitaine-chanteur. Comme on le pressentait, ce Roland-Garros était prêt à s'offrir à de nouveaux cœurs au vu du contexte actuel. Douze prétendantes pour devenir une nouvelle reine. Elles ont toutes le droit d'y croire comme des folles. Kristina Mladenovic pas moins qu'une autre. Cette jeune femme semble à la hauteur de ses rêves.
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