Gicquel, le défi fou

US OPEN 2006 - 4e TOUR MESSIEURS

Marc Gicquel va vivre un double événement. Pour la première fois de sa vie, ce Breton de 29 ans va jouer un 4e tour de Grand Chelem, à New York, face au meilleur joueur du monde actuel, et double tenant du titre, Roger Federer. Et dire qu'il y a quelque temps, ce Français écumait les tournois locaux entre sa Bretagne natale et le reste de l'hexagone...

C'est en Isère, en septembre déjà, l'année dernière, que tout commence. Marc Gicquel, qui est respecté sur le circuit Futures depuis 1999 mais aussi connu pour son caractère bien trempé, s'impose sur un tournoi Challenger à Grenoble, en battant notamment Thierry Ascione, Gilles Simon et Fabrice Santoro.

Il remet ça à Saint-Brieuc début 2006, le temps de se convaincre qu'il peut enfin passer au stade supérieur. A Roland-Garros, il passe le premier tour et perd 9-11 au cinquième set face à Nicolas Kiefer. Fini le circuit des "tournois de plage" français, selon le surnom que l'on donne aux circuits mineurs.

"Je n'étais pas vraiment motivé pour voyager, concède le Breton. J'étais heureux avec les tournois français, avec mes copains. Ce train de vie me plaisait. Mais j'ai décidé de franchir le pas pour ne pas avoir de regrets. Aujourd'hui, j'en veux encore plus". Fini de courir les cachets dérisoires voici les 42.000 dollars (32.800 euros) qu'il est déjà assuré de toucher à l'US Open avec une place au 4e tour.

Après le Belge Christophe Rochus au premier tour, il hausse la cadence et crée l'exploit en sortant l'Espagnol Juan-Carlos Ferrero, ancien N.1 mondial, vainqueur à Roland-Garros en 2003, et récent finaliste à Cincinnati. Avant d'enchaîner sur un autre lauréat parisien, Gaston Gaudio, en cinq sets d'un match remporté sur tie-break. Un joli pied de nez aux Internationaux de France, où il n'a jamais passé le 2e tour.

Avec seulement cinq succès sur le circuit ATP avant Flushing Meadows, Marc en a désormais trois de plus à son actif et emmagasiné une plus grande confiance en lui. "Je me suis retrouvé au 3e tour en ayant à chaque fois disputé trois sets. C'est une grosse satisfaction. J'ai pris mon pied", s'est-il réjoui. "Je me sens bien. J'étais sur une bonne série de victoires avant d'arriver à New York. J'étais en confiance. Maintenant, c'est Federer, une autre paire de manches."

Classé 123e mondial en début d'année, le Breton a grappillé les points. Il a finalement cassé le mur du Top 100, pointant aujourd'hui à la 79e place, de loin, son meilleur classement. Et de l'expérience en plus avant d'entamer une rencontre "choc" face à Roger Federer. "Tout le monde rêve d'affronter Federer. Pour moi ce sera la première fois. J'espère que je ne serai pas trop stressé, sinon ça peut faire vilain. Avant de se souvenir : Mince, lui n'a pas gagné Roland-Garros. Je ne sais pas si ça marche avec les finalistes..."