Face à Djokovic, Murray va savoir s'il a encore l'étoffe d'un Big Four

Depuis la saison 2013, le Big Four n'existe plus. La domination des quatre mastodontes du circuit a été réduite à deux joueurs, Djokovic et Nadal, alors que Federer et Murray ont vécu chacun une période délicate. Si le Suisse refait peu à peu surface, l'Ecossais n'est plus très loin d'en faire de même. En ce début de semaine, le Britannique a fait un petit bond de 14 mois en arrière en signant sa première victoire sur un joueur du Top 10 depuis la finale de Wimbledon 2013. A l'époque, c'était Novak Djokovic. Lundi, ce fut Jo-Wilfried Tsonga. Malheureusement pour lui, le Français a pris le train britannique en pleine figure (7-5, 7-5, 6-4) au moment où il pensait justement pouvoir le faire dérailler trois semaines après Toronto.

"Je ne sens pas comme quelqu'un qui est très loin de son meilleur niveau de jeu", a reconnu un Andy pas peu fier en conférence de presse. Une déclaration aux antipodes de la semaine passée où il s'interrogeait sur les raisons de l'apparition de crampes lors de son match du premier tour de l'US Open face à Robin Haase. Depuis, le protégé d'Amélie Mauresmo a eu réponse à ses questions. Après avoir concédé un set au Néerlandais (1-6), le neuvième mondial a ensuite enchaîné trois matches en trois sets. "J'essaye de les prendre un par un, tente de rationaliser Murray. "Il a surtout bien tenu sa ligne de fond de court en ne reculant pas, ce n'est pas souvent le cas chez lui, précise notre consultant Patrick Mouratoglou, et il a tenté sa chance sur les points importants en mettant la pression sur son adversaire. Cela a été les clés de la réussite de Murray face à Tsonga."

Saura-t-il reproduire cela face à des joueurs de plus gros calibre ? Notamment le suivant, face à Novak Djokovic, numéro un mondial et quintuple finaliste à New York depuis 2007 ? Ce combat entre deux anciens vainqueurs de Flushing Meadows vaudra de toute manière le détour, au point de regretter qu'il ait lieu si tôt dans ce dernier tournoi majeur de la saison. Un match qui risque de ne pas se boucler en trois sets. "Nous avons un style de jeu semblable, et c'est pour ça que nos matchs sont souvent longs, acquiesce Andy qui affronte Novak pour la 21e fois sur le circuit. Il y a du spectacle. Il y a de longs échanges car nous faisons tous les deux peu de fautes."

A l'écouter, le Britannique en salive presque d'avance. Lui qui a rongé son frein en cherchant une nouvelle source de motivation va être servi : avec Djokovic en quarts, Wawrinka ou Nishikori potentiellement en demie, et Federer ou Berdych pour ponctuer la quinzaine. Depuis sa victoire à Wimbledon, Murray a essuyé sept défaites face au gratin du tennis mondial, avant de se libérer face à Tsonga. Cela ne l'avait pas empêché de signer cette saison une demi-finale à Roland-Garros, mais c'était en écartant de sa route trois joueurs du Top 30 (Kohlschreiber, Verdasco et Monfils), et deux quarts de finale en Australie et à Wimbledon. De beaux restes pour un joueur qui était loin de son meilleur niveau...

"Face à Djokovic, j'aurai déjà une tactique en tête avant le match, mais je vais mettre au point une autre stratégie quand le match aura commencé, avance le stratège écossais. Les conditions seront importantes. Comme le vent pour le placement au moment de frapper la balle. Donc pour l'instant je ne me projette pas trop sur le match, j'attends d'être face à lui pour voir comment je vais jouer." Le Serbe en trépigne d'avance. "Je me sens bien sur le court, bien physiquement. J'ai récupéré des "déboires" de ces dernières semaines et ai confiance en moi. Même si ses résultats sont un peu moins bons, on connaît tous la valeur de ce joueur, et ses qualités tennistiques. Ce sera un match de très haute qualité."

"Je ne suis pas trop préoccupé par le fait d'être éloigné des Djokovic, Federer et Nadal au classement, affirme celui qui a toujours cette envie de monter un jour sur le trône de l'ATP. Je veux juste essayer de gagner les grands rendez-vous. C'est cela qui me motive. Cette année, j'ai eu quelques bons résultats en Grand Chelem. Cela aurait pu être mieux, mais je me donne encore des chances d'aller loin dans les Grands Chelems. J'ai juste besoin de jouer mon meilleur tennis à la fin... Donc je suis plus préoccupé par le fait de gagner un nouveau titre majeur que de faire partie du Big Four." Mais l'un va rarement sans l'autre...