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US Open - Comme Monfils, eux aussi sont passés à un cheveu d'une victoire colossale

Laurent Vergne

Mis à jour 05/09/2014 à 15:16 GMT+2

Il n'a manqué qu'un point à Gaël Monfils pour signer la plus grande victoire de sa carrière en Grand Chelem. Malheureusement, ce n'est pas une première pour le tennis français. Retour sur certaines de ces défaites qui, au cours des 20 dernières années, ont fait mal à ces Tricolores et ont pesé sur leur carrière.

Tsonga, Gasquet, Benneteau : à chacun sa frustration.

Crédit: Eurosport

Pioline – Becker 1995

Tournoi : Wimbledon Tour : Quart de finaleVictoire de Becker 6-3, 6-1, 6-7, 6-7, 9-7
Le contexte : Même s'il n'a plus atteint la finale depuis quatre ans, Boris Becker reste une référence majeure à Wimbledon. L'Allemand, à 27 ans, est en train de revenir à son meilleur niveau, 10 ans après son premier sacre londonien. Cédric Pioline parait tout petit face à lui à l'heure de le défier en quarts de finale. Le Français se cherche depuis sa finale à l'US Open qui l'a révélé au grand public en 1993. Sa présence en quarts de finale est une vraie satisfaction, mais personne n'imagine sérieusement qu'il puisse titiller Becker.
Le scenario : Pendant quasiment trois sets, ce match a tout pour rester anecdotique. Becker, dix niveaux au-dessus de Pioline, balaie ce dernier 6-3, 6-1. Le Français s'accroche et parvient à emmener Becker au jeu décisif dans le troisième set. Comme prévu, l'Allemand va se qualifier. Mais deux heures et demie plus tard, 9-7 au cinquième set, après bien des frayeurs et des rebondissements.
A quel point il est passé près : Pas de balle de match pour Pioline. Mais après avoir arraché le troisième puis le quatrième set au tie-break (en ayant sauvé, lui, des balles de match), le Français réussit le break dans le cinquième. Il va mener 4-3, service à suivre. Un tel avantage, sur le gazon alors ultra-rapide de Wimbly, est en général décisif… Mais cette fin de match soulignera la différence entre un très, très bon joueur comme Pioline et un immense champion comme Becker, capable de se sublimer pour forcer la décision.
Ce que ça aurait pu changer pour lui : Battre Becker à Wimbledon, c'était l'exploit d'une vie. Et le battre en cinq sets après avoir été mené deux manches à rien, c'eut été une performance inédite. Historique. Elle aurait ancré Pioline dans l'histoire du tournoi. Le Français atteindra la finale deux ans plus tard, en battant un autre ancien vainqueur allemand, Michael Stich, en demi-finales. Mais Becker, c'était autre chose.
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Cédric Pioline, Wimbledon, 1995.

Crédit: Imago

Grosjean - Clément 2001

Tournoi : Open d'Australie Tour : Demi-finaleVictoire de Clément 5-7, 2-6, 7-6, 7-5, 6-2
Le contexte : La deuxième demi-finale de Grand Chelem 100% française dans l'ère Open, après celle entre Noah et Roger-Vasselin à Roland-Garros en 1983. Un évènement, donc. En cet Open d'Australie 2001, Sébastien Grosjean et Arnaud Clément font souffler un vent de folie sur Melbourne. Le premier sort Magnus Norman et Carlos Moya, alors que Clément scalpe Rusedski et Kafelnikov, assurant la présence d'un Français en finale.
Le scénario : Longtemps, Sébastien Grosjean va nettement dominer cette demi-finale, menant 7-5, 6-2, 5-3. Mais comme souvent dans les matches entre Français, l'aspect psychologique va jouer. Avec, en prime, la pression inhérente à l'enjeu, colossale pour les deux joueurs. Clément va retourner la situation et, après 4h12 de match, c'est lui qui gagnera le droit d'aller défier Agassi en finale.
A quel point il est passé près : Un cas particulier dans notre liste puisqu'il ne s'agit pas d'une défaite face à une énorme pointure du circuit mais d'une défaite face… à un autre Français. Mais Sébastien Grosjean jouit d'un drôle de "privilège". Dans l'ère Open, il est le seul joueur français à avoir perdu une demi-finale de Grand Chelem en ayant eu des balles de match. Deux exactement. D'abord à 5-3 dans le troisième set sur le service de Clément. Puis à 40-30, dans le jeu suivant, sur sa propre mise en jeu.
Ce que ça aurait pu changer pour lui : Tout, peut-être. D'abord, Sébastien Grosjean n'aura jamais été aussi près d'une finale de Grand Chelem. Il était encore jeune à l'époque (23 ans) mais jamais il ne se retrouvera en situation d'accéder à une finale majeure. S'il disputera trois autres demi-finales en Grand Chelem, il les perdra toutes en trois sets. On ne saura évidemment jamais si Grosjean aurait battu Agassi en finale, mais il possédait probablement davantage les armes que Clément pour bousculer l'Américain, qu'il battra d'ailleurs au Masters en fin de saison.
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Arnaud Clément et Sébastien Grosjean à Melbourne en 2001

Crédit: AFP

Gasquet - Murray 2008

Tournoi : WimbledonTour : Huitième de finaleVictoire de Murray 5-7, 3-6, 7-6, 6-2, 6-4
Le contexte : En juillet 2007, Richard Gasquet atteint pour la première fois le dernier carré dans un Grand Chelem, à Wimbledon. Un an plus tard, il est encore dans le Top 10 lorsqu'il croise le fer avec Andy Murray en huitièmes de finale. Il y a alors beaucoup de doutes sur la capacité de l'Ecossais à devenir un grand joueur. Ça va changer.
Le scénario : Bien cruel pour Gasquet. La défaite a logiquement fait passer au second plan l'extravagante qualité de jeu du Biterrois durant quasiment trois sets. Porté par une première balle efficace et un revers étourdissant, Gasquet sidère le central. Il n'aura qu'un seul défaut ce jour-là : son incapacité à conclure. "Il m'a dominé dans les deux premiers sets, mais il est devenu un peu nerveux en fin de troisième. Je devais continuer de me battre", racontera Murray. L'Ecossais va se battre et, sublimé par le public, finira par remporter en cinq sets un match où il n'avait longtemps fait que de la figuration face à l'artiste Gasquet.
A quel point il est passé près : Pas de balle de match. Pas même de "passage" à deux points de la victoire. Mais Gasquet y était presque. Lorsqu'il breake Murray à 4-4 dans le troisième set, il ne lui reste "plus" qu'à gagner son service derrière pour plier le match. Il le perd blanc, sur une double faute et n'aura plus jamais l'opportunité de voir la victoire de si près.
Ce que ça aurait pu changer pour lui : Avec Nadal dans la foulée en quarts de finale, Gasquet aurait probablement eu du mal à aller plus loin. Mais il est intéressant de noter que ce match face à Murray a marqué un point central dans la carrière des deux hommes. C'est ce jour-là que leurs courbes se croisent. A l'époque, Gasquet est encore mieux classé que l'Ecossais. Murray, même s'il va s'incliner en trois sets ensuite contre Nadal, change de dimension avec cette victoire "héroïque" devant son public. Dans la foulée, ayant pris conscience de son potentiel, il se hisse en finale de l'US Open. Bientôt, Murray va intégrer le Big Four. Gasquet, lui, mettra beaucoup de temps à se remettre de cette douloureuse défaite.
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Andy Murray en 2008 après sa victoire face à Gasquet à Wimbledon

Crédit: Imago

Tsonga – Djokovic 2012

Tournoi : Roland-GarrosTour : Quart de finaleVictoire de Djokovic 6-1, 5-7, 5-7, 7-6, 6-1
Le contexte : Novak Djokovic est numéro un mondial et il tente à Paris de remporter un quatrième tournoi du Grand Chelem consécutif, du jamais vu depuis 1968, puisqu'il a déjà triomphé à Wimbledon et à l'US Open en 2011 ainsi qu'à l'Open d'Australie en 2012. Jo-Wilfried Tsonga, lui, atteint les quarts de finale pour la première fois de sa carrière à Roland-Garros. La terre est son maillon faible, pense-t-on alors. Et pas grand monde ne le voit battre Djokovic.
Le scenario : Lorsqu'il se retrouve mené 6-1, 3-1, Tsonga, totalement inhibé, semble parti pour prendre une belle raclée sous la grisaille du court Philippe-Chatrier. Il faut alors un sixième voire un septième sens pour deviner que le Manceau va placer Djokovic au bord du précipice. Sans pouvoir le pousser dedans, malheureusement pour lui. Tsonga fait plus que jeu égal du milieu du deuxième set à la fin du quatrième. Physiquement et mentalement, il explose dans la manche finale après la perte du quatrième.
A quel point il est passé près : Comme Monfils, à un tout petit point. Mais si la Monf' a bénéficié de deux balles de match contre Federer, Tsonga, lui, en avait eu deux fois plus face à Novak Djokovic, également au quatrième set. A 5-4 puis à 6-5, à chaque fois sur le service du Serbe, JWT a le match au bout de la raquette. Sur l'un de ces points (l'avant-dernier), son passing de revers reste scotché dans la bande.
Ce que ça aurait pu changer pour lui : D'abord, pas un joueur français n'a réussi à battre un numéro un mondial en Grand Chelem depuis Cédric Pioline à l'US Open en 1993. Cela aurait donc constitué une performance inédite sur les deux dernières décennies. Puis, avec son exploit de titan contre Nadal en Australie (2008) et celui face à Federer à Wimbledon (2011), ça aurait marqué la troisième grande victoire de sa carrière en Grand Chelem. Surtout à Roland-Garros. Au XXIe siècle, pas un Français n'a signé une perf' d'une telle envergure en deuxième semaine à Paris. Pour le reste, difficile d'imaginer que Jo aurait pu gagner ce tournoi. Derrière, il y avait Federer en demie et, surtout, Nadal en finale. Une mission impossible, en somme. Mais cette victoire valait de l'or en elle-même.
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Jo-Wilfried Tsonga face à Novak Djokovic, à Roland-Garros, en quarts de finale de l'édition 2012.

Crédit: Eurosport

Benneteau - Federer 2012

Tournoi : Wimbledon Tour : 16e de finaleVictoire de Federer 4-6, 6-7, 6-2, 7-6, 6-1
Le contexte : 24 heures plus tôt, Wimbledon a subi un immense choc avec l'élimination de Rafael Nadal, battu par Lukas Rosol. Julien Benneteau rêve secrètement de faire tomber une autre légende. Au troisième tour, sur le Centre court, le Bressan s'attaque ce 29 juin 2012 au sextuple vainqueur du tournoi, Roger Federer. Il a remporté leur précédent duel, à Bercy, un an et demi plus tôt.
Le scénario : Sans complexe, Benneteau signe le premier break du match à 4-4 dans le premier set, avant de conclure la manche dans la foulée. Quand le Français empoche le deuxième set au jeu décisif, Wimbledon est sous le choc. Mais comme face à Monfils jeudi soir à Flushing, le Suisse va revenir, suivant un scénario d'ailleurs à peu près équivalent : il domine nettement le troisième set, frôle la correctionnelle dans le quatrième, avant d'achever sa proie dans le cinquième.
A quel point il est passé près : A deux points. A plusieurs reprises. A la fin du quatrième set, Bennet' se retrouve pas moins de six fois à deux points de déboulonner la statue Federer, la dernière à 6-6 dans le jeu décisif. Mais il n'aura jamais de balle de match.
Ce que ça aurait pu changer pour lui : A l'échelle d'un joueur comme Julien Benneteau, battre Federer à Wimbledon, c'est la grande histoire d'une vie. Celle qu'on raconte un demi-siècle plus tard à ses petits-enfants. Il aurait également pu rêver d'accéder au dernier carré. Derrière, ni Xavier Malisse ni Mikhail Youzhny ne constituaient des obstacles insurmontables. Au passage, cela a également tout changé pour Federer, qui, après cette colossale frayeur, allait remporter le tournoi et redevenir numéro un mondial.
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Julien Benneteau est passé à deux points de battre Roger Federer à Wimbledon en 2012

Crédit: Panoramic

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