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Bon pour la casse Nadal ? Oui, comme Federer il y a deux ans

Laurent Vergne

Mis à jour 05/09/2015 à 12:31 GMT+2

US OPEN 2015 – Flushing aura marqué pour Rafael Nadal une nouvelle désillusion. Sorti en 5 sets par Fabio Fognini, l'Espagnol est clairement rentré dans le rang cette année. Pour autant, il est encore prématuré de vouloir l'enterrer.

Rafael Nadal

Crédit: Panoramic

Evidemment, sachant comment tout cela s'est terminé, cela peut paraitre ridicule. Pourtant, 90 minutes après le début de ce match contre Fabio Fognini, quand Rafael Nadal déroulait tranquillement, avec ses deux sets et son break d'avance, j'avais déjà dans un coin de la tête un papier sur la première semaine convaincante de l'Espagnol. Je l'avais trouvé intéressant contre Coric. Fognini était un vrai test. S'il l'avait passé en trois sets, comme il était parti pour le faire, j'y aurais vu la confirmation, sinon d'un retour au premier plan, en tout cas d'une base intéressante pour la suite. Il était à nouveau plus dense, plus engagé. Et puis, patatras.
Deux heures plus tard, Nadal est sorti du court Arthur-Ashe vaincu. Forcément, cela modifie un tantinet la perspective. Il est tentant d'y voir un nouveau symbole d'un déclin que certains voudraient sceller de façon définitive. Ils ont des arguments à faire valoir. Pas une seule demi-finale en Grand Chelem cette saison, pas un titre en masters 1000, etc. Tout le monde connait les statistiques, faiblardes à son échelle, du Nadal cuvée 2015.

Il a davantage payé ses errements des derniers mois que ses carences du jour

Pourtant, sur sa semaine et même sur ce match, je trouve ça hâtif et injuste. Le Nadal d'il y a deux ans aurait-il perdu ce match ? Certainement pas. Mais le sport de haut niveau est subtil et complexe au niveau psychologique. C'est parce qu'il a affiché des faiblesses inédites ces derniers mois que Nadal se retrouve exposé simplement en concédant un débreak en début de troisième set. Son adversaire y voit le début d'une ouverture quand, jadis, il n'y aurait aperçu qu'un simple répit sans perspective. La donne a changé.
Fognini y a tout de suite cru lorsqu'il a recollé dans le troisième. Cela s'est senti, au même titre que l'inquiétude de Nadal. Ce dernier a davantage payé ses errements des derniers mois que ses carences du jour. Il faut quand même souligner que, dans les trois derniers sets, l'Italien a évolué à un niveau stratosphérique. Nadal ne s'est pas liquéfié sur place. Je suis donc assez d'accord avec lui quand il dit : "je n'ai pas perdu ce match tout seul, c'est vraiment Fabio qui l'a gagné. Il a été incroyable". Un peu comme Rosol à Wimbledon en 2012. Face à un adversaire à ce point "dans la zone", il n'y a pas grand-chose à faire. A l'époque, on n'avait pourtant pas parlé d'un irrémédiable déclin. Nadal était revenu plus fort l'année suivante pour tout casser.

Federer aussi était devenu un bon à rien

Je m'étonne toujours de la facilité et la vitesse avec lesquelles certains s'empressent d'enterrer des champions aussi colossaux. J'ai encore souvenir, en 2002, la façon dont tout le monde voulait expédier Pete Sampras à la casse après sa défaite au 2e tour contre George Bastl, à Wimbledon. C'était, il est vrai, presque pathétique pour le septuple maitre des lieux. Deux mois plus tard, il claquait son 14e et dernier titre majeur à l'US Open, pour sortir par la grande porte. Plus près de nous, Roger Federer était lui aussi devenu un bon à rien à l'été 2013. S'il avait écouté les mêmes oracles, il aurait rangé ses raquettes. Sur ce qu'il montre depuis deux ans, c'eut été dommage.
Attention, je ne prétends pas que Nadal redeviendra numéro un mondial en 2016, qu'il effacera d'un revers de main ses difficultés actuelles. La nature de son cas est probablement plus complexe que celle d'un Federer. Le Suisse était lors de sa crise de 2013 gêné physiquement, au niveau du dos, notamment. Une fois débarrassé de ses soucis, il a pu se libérer à nouveau et son jeu moins exigeant l'autorise à rester performant à un âge avancé. J'ai toujours douté du fait que Nadal puisse durer longtemps au-delà de la trentaine, compte tenu de l'engagement physique qui est le sien sur chaque frappe depuis ses 18 ans.
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Rafael Nadal

Crédit: AFP

L'envie est toujours là

Mais paradoxalement, aujourd'hui, physiquement, il va bien. Et, encore une fois, tennistiquement, malgré son service déficient, il n'a pas touché le fond comme Federer avait pu le faire ici-même à Flushing il y a deux ans lors de sa défaite contre Robredo. A l'époque, le Suisse était sorti du court en qualifiant de "simplement nul" sa performance. Son problème, ces temps-ci, est d'abord d'ordre psychologique. Il l'a souvent dit, cette saison, il doute. Or il n'a jamais été habitué à douter. Pas durablement en tout cas.
Il a pu, aussi, voir son irrépressible soif s'assécher par instants. Il l'a joliment reconnu après son match contre Fognini : "Pendant une période cette année, j'ai eu l'impression que j'avais perdu cette rage de vaincre, mais elle est bien là maintenant." C'est un immense défi qui s'ouvre devant lui. Un sacré chantier, aussi, aussi, car au-delà de l'aspect mental, je doute qu'il puisse s'exonérer pour passer la trentaine de certains évolutions, à défaut de révolution, dans son jeu. Nous y reviendrons. Je ne sais pas s'il a les outils pour s'en sortir, mais Nadal est un champion rare. Suffisamment pour respecter son passé, mais aussi son avenir.
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