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Grosse fatigue, Paire et Luthi... La genèse du "retour-laser", l'arme fatale de Roger Federer

Laurent Vergne

Mis à jour 06/09/2015 à 16:08 GMT+2

US OPEN 2015 – Depuis Cincinnati, Roger Federer a décidé de multiplier les retours-filet. Il remet le couvert à Flushing. Et ça fonctionne. Le Suisse a raconté comment est née cette idée, devenue une réelle stratégie depuis.

Roger Federer

Crédit: AFP

C'est le tube de l'été. Comme un vent de fraicheur agréable dans la nuque sous la chaleur et l'humidité nord-américaine. Et c'est signé Roger Federer, capable, à 34 ans, de se réinventer. De nous surprendre, encore et toujours, en s'étonnant lui-même. Depuis son retour à la compétition à Cincinnati, le Suisse a donc pimenté son jeu en usant à de multiples reprises du retour-filet sur seconde balle adverse. Federer n'a pas inventé le "chip and charge", bien sûr, mais son utilisation répétée à ce niveau n'est pas commune.
Cette agressivité, séduisante sur le papier, s'est surtout révélée globalement payante. La pression mise sur l'adversaire pèse sur les deux premiers coups de raquette de celui-ci : le service, car voir Federer se rapprocher ainsi de la ligne de service peut dérouter, et le passing compliqué à tirer derrière. Car jouer un passing en premier coup après le service, c'est inhabituel. Et tout ce qui est inhabituel pose problème à ce niveau. Avant son huitième de finale face à John Isner, l'homme aux 17 titres du Grand Chelem est revenu sur la genèse de ce coup, né presque par hasard pour se muer en arme fatale.

A l'origine, un coup de fatigue et une plaisanterie

Pour tout dire, ça ne fait pas des mois que Federer a ça en tête. Dans l'acte de naissance de cette drôle d'idée, on retrouve deux hommes : le Français Benoît Paire et Séverin Luhti, l'entraîneur du numéro 2 mondial. Retour à la mi-août. Roger Federer vient d'arriver à Cincinnati, où il s'apprête à reprendre la compétition après une coupure d'un mois post-Wimbledon. "C'était le vendredi ou le samedi avant le début du tournoi je crois, raconte le Bâlois. Je suis allé m'entraîner avec Benoît Paire. On était tous les deux fatigués, lui parce qu'il avait une infection à une oreille, moi à cause du décalage horaire."
Tellement las que Federer fait signe à Luhti qu'il souhaite s'arrêter. "Mais Séverin m'a dit, 'non, continue encore un peu, fais quelques jeux, adapte toi aux conditions', poursuit Federer. Je me suis dit, 'bon OK, quelques jeux'. Et comme ça, pour plaisanter, j'ai dit que j'allais faire du 'chip and charge' pour abréger tous les échanges. J'étais crevé, je voulais sortir vite du court."
Je sais que des entraîneurs sont venus voir Séverin pour le féliciter de cette idée et de cette prise de risque
A son grand étonnement, son taux de réussite s'avère plus qu'intéressant. "Ça marchait plutôt bien, c'était bizarre, sourit le Bâlois. J'ai fait des coups improbables. Benoît a rigolé, j'ai rigolé, Séverin aussi." Et comme ça, la boutade se mua en bonne idée.
Pour en avoir le cœur net, Federer décide ensuite de tester à nouveau la méthode lors des entraînements suivants. Il en ressortira avec la conviction et l'envie de la tester en match. Avec le succès que l'on sait. Ou plus exactement, il va se laisser convaincre par Luhti de franchir le pas. "Il m'a dit 'pourquoi ne pas essayer en match?' Moi, j'étais là, genre 'ah oui, vraiment?' (rires). J'étais surpris, mais il m'a vraiment incité à l'utiliser en match, c'est vraiment son idée. Je sais que des entraîneurs sont venus voir Séverin pour le féliciter de cette idée et de cette prise de risque."
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Severin Lüthi et Roger Federer à Flushing Meadows

Crédit: Imago

Vous pouvez l'appeler la 'Fed attack', ou comme vous voulez
Le tandem helvète baptise alors ce coup "le retour furtif" ou encore "le retour laser". "Comme on parlait tout le temps de cette tactique, on a fini par lui donner un nom, s'amuse Federer. Mais vous pouvez l'appeler la 'Fed attack', ou comme vous voulez." Reste ensuite à déterminer à quel moment l'utiliser.
Une fois encore sur l'insistance de Luhti, le numéro 2 mondial ne s'interdit pas de sortir sa botte secrète sur des points très importants, comme une balle de break. Mais l'instinct joue beaucoup. "Quand je le fais, dit-il encore, il faut que je m'engage à 100%, c'est le plus important. Mais j'aime vraiment ça."
Evidemment, il est aussi dépendant de l'adversaire. "Contre Mayer (au 2e tour), c'était difficile parce qu'il servait régulièrement à 170 km/h en deuxième balle. C'est plus simple contre des joueurs qui servent à 130-140." Lors de son huitième de finale face à John Isner, lundi, il est peu probable qu'il puisse en user abondemment. "Mais, conclut Federer, ça reste une option pour l'avenir". Comprendre à court, mais aussi à plus long terme. Et si le tube de l'été était aussi celui de l'automne avant de l'hiver ?
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