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Marin Cilic au pied de son Everest personnel : Novak Djokovic

Guillaume Willecoq

Mis à jour 11/09/2015 à 20:36 GMT+2

Marin Cilic affronte en demi-finales le seul Big Four qu'il n'ait jamais battu, Novak Djokovic. Un match en forme de test ultime pour le tenant du titre. S'il a d'ores et déjà fait honneur à son statut, le Croate se prend à revoir ses ambitions à la hausse au fur et à mesure qu'il retrouve ses sensations de l'année passée. Voici les éléments dont il devra disposer pour franchir un nouveau cap.

Marin Cilic

Crédit: Imago

"C'est le match le plus difficile pour moi, le match-up le plus difficile, même. Je ne l'ai jamais battu dans toute ma carrière. Je n'ai même jamais trouvé la bonne formule." Marin Cilic sait à quoi s'attendre en demi-finales de l'US Open. Non seulement Novak Djokovic est le joueur référence du circuit, le numéro un mondial qui n'a raté aucune finale dans un tournoi d'envergure (Grand chelem, Masters ou Masters 1000) dans lequel il était engagé depuis près d'un an (Shanghaï 2014). Mais il est aussi "le" plus gros problème du Croate, le seul membre du Big Four qu'il n'ait jamais battu.
Il a par ailleurs trouvé au moins une fois la clé contre Roger Federer, Rafael Nadal et Andy Murray. Mais jamais contre Novak Djokovic. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé : cette demi-finale sera leur 14e confrontation en carrière. Le bilan est sans appel : 13-0 pour le Serbe, et 31 sets gagnés pour 5 perdus. Par sa qualité de relance et de contre-attaque à l'échange, Djokovic pose des problèmes insurmontables à Marin Cilic. Y compris dans son enceinte chérie de Flushing Meadows, où il reste sur une série en cours de 12 victoires ? Passons en revue les conditions de l'exploit pour le tenant du titre, à l'heure de s'attaquer à ce qui ressemble fort pour lui à un Everest personnel.
  • Conserver une qualité de service sans faille
Meilleur serveur d'aces du tournoi (111), 5e au pourcentage de réussite derrière sa première balle (82%), Marin Cilic peut compter sur son arme fatale, lui qui passe cette fameuse première assez nettement plus d'une fois sur deux (56%). Il évolue là dans les mêmes eaux statistiques que lors de son triomphe américain de l'an dernier (98 aces "seulement" en sept matchs à l'époque, mais passant 57% de premières balles et avec un taux de réussite resté figé à 83% malgré la qualité des adversaires rencontrés dans les derniers tours).
Quant à son pourcentage de réussite derrière sa seconde balle, il est pour le moment supérieur à l'an dernier (58% contre 54% en 2014). Face à un relanceur de la trempe de Novak Djokovic, Marin Cilic devra maintenir ces chiffres aux mêmes hauteurs. Lors des rares matchs où il est parvenu à titiller Novak Djokovic (Wimbledon 2014, Roland-Garros 2014 et US Open 2008), il affichait respectivement 56, 50 et 50% de premières balles, pour 68, 70 et 80% de points marqués, contre 41, 43 et 40% de réussite derrière sa seconde. Et ça n'avait pas suffi… C'est dire le niveau d'excellence requis.
  • Garderde la consistance en fond de court
"Il se déplace extrêmement bien pour un joueur de deux mètres." John Isner sait de quoi il parle quand il évoque le Croate, qui l'avait battu lors du dernier Wimbledon. Réduire Marin Cilic à un simple canon à aces serait une aberration. Le Croate est solide à l'échange, fiable des deux côtés, et dans ses bonnes séquences s'avère même un excellent relanceur. Sur cet US Open, il est même le leader en terme de points remportés à la relance, sur première comme sur seconde balle de ses adversaires.
Un chiffre qui gonfle évidemment avec le nombre de sets joués (et Marin Cilic en a joué beaucoup, au fil notamment de ses cinq sets contre Kukushkin et Tsonga). Mais mardi, en quarts de finale, la fréquence à laquelle il partait du bon côté sur les engagements de Jo-Wilfried Tsonga en disait long sur son état de forme retrouvé, lui qui n'avait jusque-là battu que deux Tops 20 en 2015 : John Isner à Wimbledon et, déjà, Jo-Wilfried Tsonga à Monte-Carlo. Quant à sa dernière victoire sur un Top 10, elle remonte à pile un an, contre Roger Federer en demi-finales à New York. Il se rapproche, il se rapproche...
  • Espérer que le physique tienne
4h11 et cinq sets contre Mikhaïl Kukushkin, 3h59 et cinq sets contre Jo-Wilfried Tsonga, un autre set concédé à Jérémy Chardy en même temps qu'une frayeur à la cheville : c'est peu dire que Marin Cilic n'a pas été économe de ses efforts avant d'attaquer la montagne Djokovic. De quoi manquer de fraîcheur si sa demi-finale new-yorkaise venait à durer ? Lui veut croire que non : "Ma cheville va bien et je ne me sens pas trop fatigué, surtout qu'il y a trois jours de repos entre les quarts et les demies. Je serai prêt."
S'il n'est pas un habitué des derniers carrés en Grand chelem – c'est seulement son troisième, à 26 ans – le Croate a quelques références en termes d'endurance à l'effort : une première demie à l'Open d'Australie décrochée après trois succès au cinquième set contre Bernard Tomic, Juan Martin del Potro et Andy Roddick, un quart à l'US Open 2012 malgré deux matchs en cinq sets pour lancer son tournoi ou, très récemment, un quart à Wimbledon il y a deux mois marqué par deux victoires en cinq sets, dont un 12-10 final contre John Isner. Face au coureur de fond Djokovic, le Croate devra encore montrer toutes ses facultés de dur au mal.
  • Avoir le même feeling sur le Central
Peu expressif, plutôt introverti, Marin Cilic a accepté depuis longtemps de ne pas être le chouchou du public dès lors qu'il quitte les courts de son pays natal. "Cela ne m'affecte pas, a-t-il répondu à la question de savoir comment il avait vécu le fait, en tant que tenant du titre, de voir les spectateurs du court Arthur-Ashe prendre fait et cause pour Jo-Wilfried Tsonga. La plupart du temps, le joueur affecté par ce genre de choses est un joueur déjà nerveux ou en situation de stress. Moi, je n'en ai rien à faire." En revanche, le Central si particulier de Flushing Meadows, avec ses 23 000 places, l'inspire visiblement.
Question d'œil, de repères visuels sur le court, de (bons) souvenirs aussi… Tout un ensemble de détails qui créent un sentiment de confort particulier à l'heure d'entrer sur un terrain précis, et amènent le joueur à y connaître des résultats supérieurs, ou plus réguliers, qu'ailleurs. Comme une part d'irrationnel dans le caractère hautement méticuleux et superstitieux de la plupart des tennismen. Marat Safin parlait très bien de ce feeling spécifique à propos de Bercy, Robin Soderling l'a connu à Roland-Garros, Marcos Baghdatis à l'Open d'Australie… et Goran Ivanisevic, l'entraîneur de Cilic, à Wimbledon.
"Cela ne s'explique pas, tente de décrire le vainqueur londonien de 2001. Vous avez l'impression que tout sur un court est parfaitement taillé pour vous, la luminosité, le temps, le public, et que les différentes facettes de votre jeu s'imbriquent plus aisément qu'ailleurs." "Je me sens bien, ici, sur ce court, opine Cilic. Je savais que j'avais juste besoin de retrouver le rythme dans les premiers tours pour retrouver ce sentiment, et c'est ce qui est arrivé. Je joue de mieux en mieux. Mes deux derniers matchsétaient très bons." Il lui faudra bien cette certitude supérieure pour défier l'impitoyable logique de Novak Djokovic.

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