Djokovic : "Je paierais pour voir jouer Gaël"

Même s'il parait plus assagi que jamais cette année (le cap de la trentaine, peut-être ?), Gaël Monfils reste un des joueurs que le public adore voir jouer. Et pas seulement en France. Ici, à Flushing Meadows, peu de joueurs bénéficient d'une cote supérieure à celle du Français auprès du public new yorkais. Parce que venir voir jouer Monfils, c'est souvent l'assurance de ne pas perdre son temps. Sa faculté à abolir l'ennui le rend précieux. Ce sentiment est également répandu chez ses confrères du circuit. Y compris chez le plus éminent d'entre eux.

Vendredi soir, Novak Djokovic se dressera sur la route de Gaël Monfils. Le numéro un mondial aussi fait partie de ceux qui aiment voir jouer le Parisien. Quand il est de l'autre côté du filet, diront les mauvaises langues, puisqu'il l'a battu douze fois en autant de confrontations. Mais pas que. "J'adore le regarder jouer, a confié le Djoker mardi après sa victoire contre un autre Français, Jo-Wilfried Tsonga. Formule de politesse ? Non. Il n'aurait sans doute pas dit ça (et ne l'a d'ailleurs jamais dit) d'un Tomas Berdych, d'un Roberto Bautista Agut ou d'un Kei Nishikori.

Monfils possède des qualités qui ne se travaillent pas. "Il est très charismatique", dit notamment Djokovic. Dans un tennis moderne auquel on reproche parfois son aspect stéréotypé, il est logique que le côté bête de scène de Monfils soit apprécié. Le numéro un mondial, lui, apprécie. "Il joue avec un sourire. Il aime le tennis. Il aime la vie. A mes yeux, c'est comme ça que tout le monde devrait être dans la vie, que vous soyez sportif ou autre chose. Gaël amène ce sourire, cette énergie positive. C'est pour ça que les gens l'aiment. Pour le voir jouer, Gaël est clairement un des rares joueurs pour lequel je serais prêt à payer."

Cette personnalité séduisante a-t-elle nui à ses performances en tant que joueur ? Peut-être, même si personne ne peut quantifier une telle chose. Il y a un an et demi, pendant Roland-Garros, où il avait chauffé à blanc le Lenglen lors d'une remontée épique contre Pablo Cuevas, nous avions évoqué ici-même les "charmes et limites d'une bête de scène". Mais s'il y a le jeu, les résultats, les palmarès, il y a aussi ce que chacun véhicule.

Pour Novak Djokovic, presque en mode philosophe, c'est peut-être Monfils qui est dans le vrai. "Je ne connais pas assez Gaël pour dire si sa carrière a pâti de ça, mais au bout du compte, je pense qu'il a toujours aimé jouer au tennis, estime le Serbe. Etre heureux dans ce que vous faites, c'est le plus important. Les trophées, la gloire, l'argent, toutes ces choses ne sont pas, à mon sens, les valeurs principales que nous devrions partager. Je pense que le bonheur intrinsèque, c'est d'être vraiment heureux dans ce qu'on fait. De la joie, voilà ce que Gaël apporte à ce sport. Il est un atout précieux pour le tennis, et ça me fait plaisir de le voir être performant en ce moment."

Gaël Monfils échangerait sans aucun doute ces compliments contre une première victoire sur leur auteur, surtout en sachant ce qu'elle impliquerait pour lui, une première finale majuscule. N'empêche, il les aura sûrement appréciés à leur juste valeur.