Isner-Mahut bis

Comme souvent lorsque survient un événement extraordinaire, il y a eu des signes avant-coureurs. Une sorte de répétition générale, insensible sur le moment mais évidente après coup", c'est ainsi que David Brunat ouvre ses "Miscellanées du Tennis" (Ed. Fetjaine) sur un match d'exception, John Isner-Nicolas Mahut sur le court 18, à Wimbledon, en 2010.

Un an plus tard, l'écrivain a croisé la route de Nicolas Mahut, devenu à son tour auteur (co-auteur avec Philippe Bouin d'une autobiographie) à Roland-Garros, pour une séance de signatures. Un an plus tard, David Brunat nous explique si ce match était bel et bien la répétition générale d'un autre événement extraordinaire au premier tour de l'édition 2011 de Wimbledon...

D.B. : Comment le nier ? Je ne suis pas probabiliste, mais les spécialistes s’accordent à dire qu’il y avait une chance infime pour qu’ils se rencontrent à nouveau au premier tour. Que deux joueurs se retrouvent deux années de suite sur la ligne de départ d’un tournoi du Grand Chelem n’arrive presque jamais ; et que ce hasard tombe sur ces deux-là ajoute à la mystérieuse magie de cette histoire décidément exceptionnelle … J’y vois comme une gracieuse facétie du sort, une sorte de bon coup du destin. Avec un brin d’humour anglais, peut-être ?

D.B. : Je suis partagé. Il n’est pas facile de rester à la hauteur de son propre mythe ! S’ils livrent un match médiocre, ce sera terrible. Si c’est juste banal, la déception affleurera aussi. Mais si la rencontre est de qualité, très disputée et d’une durée digne de leur « standing », alors oui, ce sera à nouveau la folie et le monde entier saluera ces artistes comme il se doit, en se disant qu’il se passe vraiment quelque chose entre ces deux lascars !

D.B. : Mais sa carrière a déjà été changée par ce match ! Relisez donc son livre, un excellent témoignage plein de sensibilité sur lui-même, son parcours, ses galères et ses bonheurs. J’en ai parlé avec lui à Roland-Garros, je ne vois pas ce que cette nouvelle confrontation pourrait lui apporter de plus ; il ne court pas après une revanche, il est au-dessus de cela ; et la notoriété, il l’a déjà acquise. Par contre, ce match pourra lui permettre de tisser un lien d’amitié supplémentaire avec John Isner et, peut-être, de réaliser le rêve de sa vie de joueur : évoluer sur le Central !

D.B. : C’est un sport universel, mais aussi l’un des plus mondialisés : le circuit est planétaire et ses acteurs sont des globe-trotters qui sillonnent les continents tout au long de l’année. L’élite de la planète jaune symbolise un cosmopolitisme de bon aloi. Par ailleurs, le niveau de jeu est extraordinaire et les joueurs sont des athlètes accomplis : je suis convaincu que nous vivons un Age d’Or du tennis !

En outre, la violence est quasiment inexistante, sur les courts et dans les tribunes ; c’est un sport élégant et populaire, exigeant et accessible à tous, et qui suscite des passions saines, même si les guerres de tranchées entre pro-Nadal et pro-Federer sont insupportables. Quant aux tournois du Grand Chelem, ils sont comme les trois mousquetaires : ils font partie du patrimoine culturel de l’humanité !

D.B. : Roger Federer. What else ? Mais je vote aussi pour ce héros fragile et muet du tournoi : sa majesté le gazon ! C’est un chef-d’œuvre en péril qui a pratiquement disparu du circuit mais qui retrouve sa prééminence pendant Wimbledon, et il faut absolument préserver son règne. Longue vie à l’herbe !

D.B. : Le Central, bien sûr. Toute autre solution serait, comment dire ?...Shocking !

D.B. : Ah, je ne le crois pas. Pas plus à Wimbledon qu’ailleurs. Ce sera un autre jour, un autre match, une autre histoire qu’en 2010. Je souhaite juste que cette nouvelle confrontation soit comme l’an dernier une grande fête du tennis d’attaque et du jeu sur herbe, avec un zeste de folie douce dans cet univers policé et « old school » du plus grand tournoi du monde.

Enfin, pour être tout à fait honnête, j’aimerais quand même beaucoup que Nico l’emporte. D’abord parce qu’il le mérite et ensuite parce qu’il pourrait ainsi disputer la belle avec John … au premier tour de Wimbledon en 2012 ! (rires).