Finale de Wimbledon 2008, Nadal - Federer : les bonnes feuilles du livre (3e extrait)

Le premier service de Federer touche le haut du filet et déclenche le détecteur. Un voyant clignote sur le tableau de l’arbitre de chaise. "Let" crie Pascal Maria presque instantanément. Federer lance son ‘second premier service’ à plus de 180 kilomètres/heure que Nadal renvoie d’un revers. Alors que la balle semble dépasser l’Espagnol, il réussit, au dernier moment, à la renvoyer à l’intérieur de la partie du court de Federer. Le match commence. 25 ans plus tôt, quand John McEnroe jouait contre Ivan Lendl en demi-finale de Wimbledon, un seul point avait duré plus de six coups. Preuve que le jeu sur gazon est plus lent que les autres : pour le premier point de leur match, Nadal et Federer se sont engagés dans une longue et féroce série d’échanges et de ripostes.

Au 14e coup de l’échange, Nadal court après une balle qui cherche le coin du court et la relance d’un coup droit fulgurant, accompagné, ce qui est sa marque de fabrique, d’un mélange de puissance et d’effet. Pendant presque tout le trajet, la balle vole au-dessus du couloir réservé au double puis, comme un avion enclenché sur pilote automatique, bifurque pour aller se loger dans le coin du carré de simple, probablement à quelques centimètres des deux lignes, mais hors de portée de Federer. C’est ce genre de points que l’on marque lorsqu’un match est déjà bien avancé et que les adversaires ont la ‘sensation’ de contrôler la balle et d’avoir trouvé leur rythme. Aucun match ne commence avec un échange de 14 frappes et ne se termine par un point qui semble dire : "Tu te fous de moi ?" Il ne s’agit que d’un point sur les 412 qui vont suivre, mais cela laisse présager le meilleur concernant le match. Un jour, Ivan Lendl a dit : "Au tennis, il y a deux points importants, le premier et le dernier." Le premier est marqué par Nadal.