Federer-Raonic : le favori n'est peut-être pas celui que vous croyez...

Roger Federer revient de loin. Plutôt deux fois qu'une, d'ailleurs. Qu'il s'agisse de sa trajectoire des six derniers mois ou des quinze derniers jours, la présence du Suisse dans le dernier carré n'était vraiment pas gagnée. Federer a très peu joué au cours du premier semestre et après son forfait à Roland-Garros, sa rentrée sur gazon, tant à Stuttgart qu'à Halle, n'avait pas vraiment convaincu. Mais comme par magie, l'air de Wimbledon semble lui avoir fait le plus grand bien.

Il s'en est pourtant fallu de peu que Federer ne voit pas les demi-finales. Après quatre premiers tours limpides, il a frôlé l'élimination contre Marin Cilic en quarts, écartant trois balles de match. C'est donc un miraculé qui va se présenter sur le central vendredi pour un remake de la demi-finale de 2014 contre Milos Raonic. Il y a deux ans, le Canadien, alors novice à ce niveau, avait cédé en trois sets. Il était encore un peu trop spectateur. Ce ne sera sans doute pas le cas vendredi.

Lui aussi aurait pu ne jamais être là. Comme Federer face à Cilic, il a été mené deux sets à rien, un tour plus tôt, en huitièmes, contre David Goffin. Déjà demi-finaliste à l'Open d'Australie en début d'année, finaliste à Indian Wells, Milos Raonic est clairement en train de se rapprocher des sommets. Et ce Wimbledon pourrait lui permettre de franchir un nouveau cap. Battre Federer lui offrirait sa première finale majeure. Et gagner à Wimbledon lui permettrait d'intégrer à la fois le cercle des vainqueurs en Grand Chelem et le Top 5 mondial.

Net avantage sur le papier à Federer, qui a remporté neuf de leurs onze duels. Mais cette vue globale est trompeuse, puisque Raonic a tout de même gagné deux de leurs cinq derniers matches, dont le dernier, en finale du tournoi de Brisbane, au mois de janvier. En Grand Chelem, Federer a dominé en trois sets leurs deux confrontations, en Australie (2013) et Wimbledon (2014). Mais là encore, beaucoup d'eau a coulé depuis sous leurs ponts respectifs.

3. En atteignant les demi-finales à Wimbledon, Milos Raonic s'est hissé à la troisième place du classement "Race" (ndlr : soit sur les points engrangés depuis le 1er janvier), derrière Novak Djokovic et Andy Murray. A mi-saison, le Canadien figure donc sur le podium 2016 et, s'il va en finale, il disposera même d'une marge de 900 points sur son plus proche poursuivant, Rafael Nadal.

63. Le pourcentage de points gagnés par Milos Raonic et Roger Federer sur leur seconde balle depuis le début du tournoi. Parmi tous les joueurs ayant dépassé les huitièmes de finale, le Canadien et le Suisse sont les deux plus efficaces dans ce domaine. Celui qui parviendra à maintenir ce pourcentage dans ces eaux-là vendredi aura une bonne chance de rallier la finale.

84. Roger Federer a signé jeudi face à Marin Cilic sa 84e victoire à Wimbledon, égalant le record de Jimmy Connors. S'il bat Raonic vendredi, Federer deviendra seul recordman des matches gagnés à Londres chez les hommes. Il détient déjà ce record à l'Open d'Australie.

Novak Djokovic sorti prématurément, il est plutôt logique de retrouver en demi-finale dans le haut du tableau Roger Federer, alias Mister Wimbledon, et Milos Raonic, finaliste au Queen's et redoutable serveur. Federer n'a jamais perdu une demi-finale à Wimbledon, il est chez lui sur le court central et il y a battu Raonic au même stade de la compétition pas plus tard qu'en 2014. Mais le contexte du moment pèsera sans doute davantage que celui du passé vendredi.

Federer reste Federer et il est toujours capable de sortir un match magique de sa raquette, comme contre Murray l'an passé. Reste que, contre Cilic, le coup est passé très près. Le Suisse a d'abord tenu grâce à la qualité de sa première balle. Il faudra voir comment son corps réagira à son premier gros et long match depuis plusieurs mois. Raonic, lui, a beaucoup avancé en un semestre. S'il reste calme, s'il garde le fil de son jeu, l'Ontarien a les atouts pour mettre fin à la chasse au 8e sacre anglais de son illustre adversaire. Sa demi-finale, contrairement à celle de 2014, n'est plus une fin en soi. Mentalement, physiquement, il est bien plus prêt qu'il ne l'était il y a deux ans. Il n'est plus le même. Federer non, plus, probablement...