Wimbledon : Pour Mahut et Pouille, des rêves et une grande première

Nicolas Mahut défie les lois du temps. A 34 ans et 171 jours, l'Angevin va devenir le plus vieux joueur à disputer un premier huitième de finale en Grand Chelem, lundi, face à Sam Querrey. Toujours frustré à Wimbledon, Mahut a enfin brisé le mur en béton qui le séparait d'un long et beau parcours dans son tournoi préféré. Avant de se hisser au 3e tour après son succès net et sans bavure face à David Ferrer, le Français n'avait atteint qu'une seule fois le les seizièmes de finale à Londres. A sa première tentative, en 2006, où il avait subi la loi du maître des lieux, Roger Federer.

Depuis plus rien : quatre défaites au 2e tour face à des adversaires pas spécialement supérieurs sur la surface : Dimitri Tursunov, Kristof Vliegen, Tommy Robredo, Marcel Granollers pour ne citer qu'eux et quatre défaites d'affilée au 1er tour entre 2008 et 2011. Le parcours de Mahut - troisième joueur en activité le plus titré sur gazon derrière Roger Federer (15 titres) et Andy Murray (6 titres) avec ses quatre trophées - à "Wim" restait une énigme, voire une incohérence, vu ses qualités naturelles sur la surface et son jeu adapté au gazon. Face à Querrey, auteur d'un succès d'anthologie face à Novak Djokovic samedi, le Français peut nourrir de belles ambitions. Le joueur d'Angers dispose du jeu adéquat pour contrecarrer les plans de l'Américain, pur joueur de fond de court. Surtout, Querrey devra gérer son match "d'après", ce que des Lukas Rosol, Serhiy Stakhovsky et Dustin Brown n'avaient pas su faire par le passé.

Vainqueur de Pierre Hugues Herbert, son compère de double depuis 2015, lors du troisième tour, Mahut vit un rêve éveillé un peu spécial. Après avoir affronté et battu son "double" et grand ami, qu'il affrontait pour la première de sa carrière en simple, Mahut remettra les pieds sur le fameux court 18 lundi, lors du "Manic Monday". C'est sur ce fameux court qu'il avait passé 11 heures, étalées sur trois jours, face à John Isner, lors du match le plus long de l'histoire du jeu, en 2010. Pas un lieu évident pour disputer son premier huitième à Wimbledon. Pourtant, à 34 ans entamés, Mahut joue sa plus belle carte dans sa seconde maison.

A l'opposé de Mahut, il y a Lucas Pouille. Avant d'attaquer ce Wimbledon 2016, le Nordiste, en pleine progression cette année et demi-finaliste au Masters 1000 de Rome, n'avait jamais gagné une seule rencontre sur gazon. Avant de débarquer à Londres, Pouille, qui joue seulement sa première saison "pleine" sur le circuit, n'avait donc disputé que quatre rencontres sur cette surface, dont deux lors de la préparation de Wimbledon à Stuttgart et Halle où il s'était incliné face à John Millman et Kei Nishikori en trois manches.

Depuis le début de la quinzaine, le Loonois n'avait pas caché son attirance pour cette surface particulière. Avec son gros service et son coup droit, le 30e joueur mondial a des armes naturelles pour briller sur herbe. Face à Juan Martin Del Potro, il a démontré toutes ses dispositions dessus. Dimanche, il est parvenu à dominer en puissance pure le joueur de Tandil, ce que n'avait pas réussi Stan Wawrinka, qui, prophète, avait prédit de grandes difficultés à l'Argentin face à "La Pouille." Et le Vaudois avait vu juste.

Pour son premier huitième de finale en Grand Chelem, un mois après son échec au premier tour à Roland-Garros, Lucas Pouille va retrouver un client sur la surface : le sulfureux Bernard Tomic, qui a décidé de repointer le bout de son nez au 4e tour de Wim, son autre Majeur favori avec l'Open d'Australie. Quart de finaliste en 2011 et huitième de finaliste en 2013, le 18e joueur mondial sera un client très sérieux sur gazon, surface sur laquelle il a été bercé. Disposant des mêmes qualités que Pouille (gros service, premier coup fort en coup droit), l'Australien va proposer une adversité de premier plan et probablement une belle épine dans le pied du novice. Pouille devra éviter les rallyes en slice que va lui proposer l'Aussie en revers, et casser sa nature en allant au filet dès que possible. Le jeu en vaut peut-être la chandelle. Néophyte oui, mais pas trop.