Masters Londres 2013 - Ce n'est pas encore gagné pour Rafael Nadal

Plus qu'un match et Rafael Nadal devrait être débarrassé d’une première préoccupation dans ce Masters de Londres : étant donné que Novak Djokovic n'a pas trébuché mardi soir contre Roger Federer, le Majorquin a encore besoin d’une victoire pour s’adjuger mathématiquement la place de numéro un mondial que son statut de vainqueur de Roland-Garros et de l’US Open, au milieu de ses huit autres titres récoltés cette saison, lui confère de droit en 2013.

Mais le dernier rendez-vous de l’année ne se limite pas à cet objectif pour l'Espagnol, puisqu'il cherche à remporter à Londres le dernier grand tournoi manquant encore à son riche palmarès. Et là, s’il veut rejoindre Andre Agassi dans la légende dès cette année, "Rafa" va clairement devoir monter en puissance par rapport à ce qu’il a montré lors de son entrée en lice face à David Ferrer (6-3, 6-2). Si son aîné lui a facilité la tâche faute d’énergie - Ferrer a enchaîné des finales à Valence et à Bercy ces deux dernières semaines - Nadal a été loin de rendre une copie irréprochable.

"Il a joué beaucoup mieux que moi à Paris la semaine dernière, mais aujourd'hui (mardi, NDLR), j'ai joué un peu mieux que lui", a simplement résumé un Nadal prudent. "Il est important pour ma confiance de commencer avec une victoire après Paris. Je suis un peu fatigué, mais cela ne veut pas dire que je ne donnerai pas le maximum à chaque match." Pourtant, ses 20 fautes directes, pour seulement 9 points gagnants, son peu de réussite sur secondes balles et ses 3 double-fautes indiquent encore des failles dans son jeu… dans lesquelles ses adversaires vont tenter de s’engouffrer, Stanislas Wawrinka mercredi et Tomas Berdych vendredi pour ne citer que les deux prochains.

Cela dit, Nadal l’admet lui-même sans ambages : les surfaces dures intérieures restent encore et toujours les conditions de jeu les plus délicates pour lui, au point de n’avoir triomphé qu’à une seule reprise dans pareil contexte : c’était au Masters 1000 de Madrid, en 2005. Il n’avait alors pas battu un seul Top 10 en chemin. L'explication technique est simple : en salle, le lift de Nadal perd de son efficacité tandis que le revêtement placé sous ses pieds le rend plus vulnérable aux changements de rythme et contre-pieds. Ce talon d’Achille a d’ailleurs amené le champion et son oncle Toni à militer de longue date pour l’organisation d’un Masters de fin d’année sur terre battue.

Reste que le manque de titres de l’Espagnol en salle depuis huit ans ne doit pas cacher son très correct 61% de matches gagnés en carrière dans ce contexte. De plus, à Londres, il est difficile de savoir vraiment si le court et les balles produisent des conditions de jeu vraiment similaires à celles de Bercy. Beaucoup d'observateurs s'accordent même à dire que le jeu est plus lent dans l'O2 Arena qu'au POPB, conditions qui pourraient être un facteur favorable à l'Espagnol.

En tout cas, mettre un toit au-dessus de sa tête n’a rien d’un antidote miracle pour ses adversaires. L’y battre, possible, mais pas par n’importe qui. Avec comme prochains adversaires Stanislas Wawrinka, puis Tomas Berdych, avant une possible demi-finale face au vainqueur de la "poule de la mort" incluant Djokovic, Federer et Del Potro, "Rafa" va devoir aller crescendo dans ce tournoi. Et si le trophée est au bout, il résoudra bien plus que les maux de tête nés du calcul des conditions d’attribution de la première place mondiale...