Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

"Un beau potentiel"

Eurosport
ParEurosport

Publié 23/10/2006 à 01:24 GMT+2

Alain Gautier repart dimanche pour une quatrième Route du Rhum, à la barre de son trimaran Foncia. "Foncia est l'un des deux-trois meilleurs bateaux du plateau", estime-t-il, et l'objectif naturel : "gagner".

Avez-vous un souvenir particulier de la Route du Rhum ?
Alain Gautier : En 1978, j'étais venu assister au départ de la première édition, car mon frère participait. J'avais 16 ans et j'étais plus passionné de sport auto que de voile, et cela a certainement été un déclic. J'avais suivi mon frère toute la course et il n'y avait alors pas les moyens d'aujourd'hui : pas de balise Argos, et pour tout dire pas grand chose. Nous avions des nouvelles quand un cargo voulait bien nous en donner. Et puis, je me souviens de l'arrivée : 98 secondes entre le vainqueur, Mike Birch, et son second, Michel Malinovsky, après 20 jours de mer. Cette première Route du Rhum m'avait marqué et incité à me lancer dans les courses en solitaire, et celle du Figaro en particulier, deux ans plus tard.
C'est rare qu'une épreuve devienne une classique dès sa première édition...
A.G. : Il y avait eu un ensemble de paramètres, un concours de circonstances aussi. Les organisateurs d'épreuves étaient plutôt anglais à cette époque et le créateur de cette course, Michel Etévenon, avait une idée superbe. Il a lancé cette épreuve avec des méthodes plus proches du professionnalisme que les Anglais, qui vivaient plus le côté aventure. Il y a eu cette arrivée incroyable entrée dans le mythe de la course au large, et du sport en général. Et puis, maheureusement aussi, la disparition d'Alain Colas.
Lors de la dernière édition, en 2002, le grand nombre de casses ou chavirages en multicoques avait beaucoup marqué le public. Sur le coup, tout le monde s'était promis d'être plus raisonnable...
A.G. : Je ne sais pas ce que vous appelez " tout le monde ". Je ne pense pas que c'était un v&oeligu général. Il n'y avait pas eu tant d'abandons que ça pour des problèmes de déraison. Un concours de circonstances avait amené à une arrivée avec trois bateaux (multicoques). En Formule 1, on a vu six voitures sur 20 possibles disputer un grand prix (Etats-Unis 2005) et 15 jours plus tard, les gens étaient passés à autre chose. En voile, on n'a qu'une transat par an et on ne peut pas se "refaire" aussi vite ! Ça avait choqué de voir tant d'abandons en 2002, mais chaque abandon avait une explication. Les bateaux qui avaient chaviré n'étaient pas surtoilés, ceux qui avaient cassé avaient rencontré un problème de structure, ou avait été victime d'une erreur d'architecte. Mais tout cela était dans l'ensemble lié à la météo : la flotte avait essuyé une tempête pendant six jours d'affilée. Après coup, on avait beaucoup discuté pour trouver des solutions.
Quel genre de dispositif a par exemple été pris pour sécuriser les multicoques ?
A.G. : Le règlement requiert un système d'anti-chavirage, qui ne signifie pas qu'il n'y aura pas de chavirage dans cette Route du Rhum. On a aussi limité la taille des dérives. Plus une dérive dans l'eau est grande, plus le bateau est sensible à la gîte, en d'autres termes plus le bateau a tendance à se mettre sur un flotteur plus vite. Par contre, on n'a pas touché à la taille des mâts, contrairement à ce que certains voulaient. Cela aurait signifié leur couper les ailes.
Dans quel état d'esprit prenez-vous le départ, sachant qu'il y a un an vous étiez manager du team Foncia...
A.G. : A.G. : C'est un concours de circonstances qui fait que je suis au départ mais j'en suis heureux. Quand le patron de Foncia m'a proposé de renaviguer en solitaire, je n'ai pas hésité longtemps. Quand on traverse l'Atlantique sur ce genre des engins redoutables que sont les trimarans modernes, on sait que l'on a fait quelque chose que peu de gens peuvent faire.
Quel est le niveau de préparation de Foncia, qui a chaviré dans les mains d'Armel Le Cleac'h lors de la Jacques Vabre 2005 ?
A.G. : Foncia est l'un des deux-trois meilleurs bateaux du plateau. Pour ma part, c'est ma quatrième Route du Rhum. Notre couple a un beau potentiel. Nous allons courir pour gagner.
Dans quelle mesure exploitez-vous Foncia en solo par rapport à ce que peut en tirer d'ordinaire l'équipage ?
A.G. : Difficile à dire. Ça dépend des conditions météo. Parfois c'est 100 pour cent, d'autres fois c'est 60-70 pour cent. Mais il faut aussi se rendre compte qu'en équipages, ce bateau a 500-700 kilos de plus à bord. En solitaire, on récupère donc là des pourcentages de performance perdus ailleurs. Sur une course, on doit être à 70-75 pour cent.
Au Rhum, le routages aura son l'importance...
A.G. : Oui mais en fait, c'est le skipper qui décide parmi une somme de possibilités étudiées par un conseiller à terre, qui a lui plus de temps pour ça. Mais la météo n'est pas une science exacte et seul le marin peut vraiment se rendre compte des conditions sur place.
A quoi ressemble une journée sur la Route du Rhum ?
A.G. : Il n'y a jamais deux jours pareils. Globalement, j'essaie de me reposer quatre heures par période de 24 heures, par tranches de 5, 40 ou 50 minutes selon la météo. Je passe une à deux heures sur la table à carte, je mange, je me repose et je fais 15 à 16 heures de barre. La navigation peut vraiment faire la différence par rapport au pilotage automatique. Bref, c'est beaucoup de temps dehors et peu dedans.
Pensez-vous que le record de la traversée va tomber ?
A.G. : Je ne sais pas. En mer, on est dépendant de la météo et je ne suis pas un grand fan des records.
Photos : Yvan Zedda
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité