Les rois du suspense

En battant la Bulgarie (3-2) dimanche à Turin au terme d'un match fou, l'équipe de France réussit un superbe début de Mondial qui sera parfait si elle enchaîne face à la Chine lundi. Vingt-quatre heures après leur succès 3-2 en ouverture sur les Tchèques, les joueurs de Philippe Blain ont remis ça, en mieux, face à une opposition plus relevée encore, pour prendre un départ fulgurant dans ce Championnat du monde.

Ils ont gagné sur exactement le même scénario, à l'issue d'un thriller haletant, dans lequel ils ont réussi à digérer la déception d'avoir laissé passer des balles de match au quatrième set (une samedi, quatre dimanche!) pour s'imposer au tie-break (25-22, 23-25, 25-17, 28-30, 19-17), avec courage. Les Français ont eux-mêmes sauvé quatre balles de match dans le cinquième set pour s'imposer à leur cinquième occasion, après deux énormes services du passeur Pierre Pujol, convertis par ses coéquipiers au filet.

Le chemin jusqu'aux médailles est encore long mais, à moins d'un dérapage face à la Chine lundi (21h00), la France terminera son premier tour invaincue, ce qui devrait lui éviter de croiser les grands fauves dès la deuxième phase, programmée à Milan pour le premier de ce groupe E. Avoir battu une équipe du calibre de la Bulgarie, médaillée de bronze au Mondial-2006 et à l'Euro-2009, n'est pas anodin. Gagner deux soirs de suite au tie-break n'est pas rien non plus et témoigne d'une belle solidité mentale.

Mais c'est surtout la manière qui a convaincu, puisque les Bleus ont dominé tactiquement les Bulgares en opposant à la force physique de leur adversaire leur roublardise et la variété d'un jeu enrichi par la montée en régime des centraux, Kieffer et Hardy-Dessources. Malgré la blessure de Nicolas Maréchal, qui s'est tordu une cheville au début du deuxième set, les Français ont réussi une prestation aboutie, avec notamment un troisième set de toute beauté où Antonin Rouzier a fait la différence avec quatre contres de suite.

Avec Exiga à la place de Henno au poste de libéro, ils n'ont pas paniqué après la perte du deuxième set, où l'ancien Tourangeau Vladimir Nikolov a fait des ravages, ni après celle du quatrième, pour reprendre à chaque fois le contrôle. La rentrée d'Earvin Ngapeth, à la place de Maréchal, a encore souligné que le jeune joueur de Tours n'avait, à 19 ans, pas froid aux yeux. Avec 24 points, il a porté les Bleus en attaque en compagnie de Rouzier (27 points).

S'ils continuent sur cette lancée, les Français peuvent voir loin, à condition donc de terminer le travail dans ce premier tour face à la Chine. Sur le papier, les Bleus partiront largement favoris face à une équipe balayée 3-0 par la Bulgarie et 3-1 par la République tchèque. Mais ils se rappelleront aussi que lors de la dernière Ligue mondiale ils ont, en quatre oppositions face aux Chinois, perdu un match et gagné deux autres seulement au tie-break, leur nouvelle spécialité.

Passeur: Pujol (3) - Pointu: Rouzier (27) - Ailiers: Antiga (10), Maréchal (2) - Centraux: Kieffer (10), Hardy-Dessources (8) - Libéro: Exiga - Entrés en jeu: Ngapeth (24), Toniutti, Vadeleux, Leroux

Aces: 5 (Ngapeth 2) - Attaques: 64 (Rouzier 22) - Contres: 15 (Rouzier 5) - Fautes: 31

Passeur: Zhekov (5) - Pointu: V. Nikolov (23) - Ailiers: Kaziyski (26), Aleksiev (9) - Centraux: Yosifov (6), N. Nikolov (8) - Libéro: Salparov - Entrés en jeu: Mitev, Sokolov, Bratoev, Penchev (1), Tsetanov (2)

Aces: 6 (Kaziyski 3) - Attaques: 54 (Kaziyski 21) - Contres: 20 (N. Nikolov 5) - Fautes: 36