En route vers le titre

Rien ne semble pouvoir arrêter Sébastien Loeb (Citroën Xsara), vainqueur du Rallye d'Allemagne, dixième des seize épreuves du Championnat du monde, dimanche à Trèves. Troisième succès consécutif sur les routes de Moselle, cinquième de la saison, record de victoires en une saison de Didier Auriol (6 en 1992) en vue, neuvième de sa carrière, le Français s'ouvre une voie royale vers son premier titre mondial dix ans après le sacre d'un autre Français, le seul à ce jour,... ce même Didier Auriol (1994).

Victorieux à Trèves devant François Duval (Ford Focus), Carlos Sainz (Citroën Xsara) et Markko Märtin (Ford Focus), Loeb compte désormais 29 points d'avance sur l'Estonien, son rival le plus proche, à six épreuves du terme de la saison, le 14 novembre à Perth en Australie.

En homme pressé, le pilote Citroën ne veut pas attendre le bout du monde pour connaître la consécration, mais refuse de s'emballer. "C'est vrai que la situation est idéale avec pratiquement trois victoires d'avance à six rallyes de la fin et la perspective de deux asphalte (Corse et Catalogne), indiquait le vainqueur. Mais il faut rester concentré. Une certitude, je ferai tout pour ne pas attendre l'Australie. Je ne veux pas revivre la mésaventure du RAC l'an dernier."

Là où ses rivaux tombent un à un, victimes d'erreurs, Loeb affiche une solidité à toute épreuve, aidé par une Xsara à la fiabilité diabolique. Une seule panne (moteur) au Mexique, le seul abandon de l'Alsacien. Nul mieux que lui sait éviter les pièges. Comme ceux tendus par l'apocalypse noyant le camp militaire de Baumholder samedi, transformant les routes en torrents d'eau et de boue. Avec pour ultimes obstacles, des blocs de béton bordant l'asphalte.

Marcus Grönholm (Peugeot 307) pris à froid dès vendredi matin, Petter Solberg (Subaru Impreza) et son copilote miraculés après un effroyable accident samedi, Martin confiné dans une extrême prudence, les adversaires de Loeb ont perdu pied.

Seul François Duval était à même de rivaliser, de menacer le Français. "Le temps, les routes, tout me rappelle la Belgique", confiait le Belge. Un problème de transmission vendredi empêcha la bagarre que Loeb attendait. "Je préfère la lutte plutôt que de devoir gérer une avance", reconnaissait Loeb au soir de la première journée.

Mais le garçon sait tout faire. Non sans vouloir ajouter un peu de panache, comme un temps scratch dans l'ultime super-spéciale dimanche après un récital dans le deuxième passage de Panzerplatte (ES16) la veille, malgré le handicap de découvrir une route que ses adversaires avaient déjà empruntée.

Duval se contentait de la deuxième place arrachée à l'autre Xsara de l'Espagnol Sarlos Sainz. "Pour le reprendre, il aurait fallu que Seb commette une erreur. Mais il n'en fait pas", constatait Duval.

Derrière les positions étaient bien établies. Martin ne cherchait qu'à "survivre". Cédric Robert et Freddy Loix, trop tendres, plaçaient leurs 307 Peugeot dans l'ombre de l'Estonien devant les Finlandais Toni Gardemeister (Skoda Fabia) et Mikko Hirvonen (Subaru Impreza). Alors que deux jeunes français réalisaient des prouesses au volant de voitures privées, Stephane Sarrazin (Subaru Impreza, notre photo) et Alex Bengué (Peugeot 206). Sans ennuis mécaniques, ces deux novices auraient même pu venir bousculer les 307.

Dimanche, le parc d'assistance de Bostalsee était pris d'assaut par une foule compacte de supporteurs venue célébrer le triomphe annoncé de leur champion. Bousculades, embrassades, félicitations, caméras et micros tendus vers lui, Loeb faisait face, avec calme.

"Il était important de ne pas lâcher sur l'asphalte où on nous attendait, commentait-il. Je suis d'autant plus heureux que cette troisième victoire a été acquise dans les conditions les plus difficiles que nous ayons connues."