La 307 ouvre son palmarès

Cette fois, Marcus Grönholm n'a pas tremblé pour mener la Peugeot 307 à la victoire au rallye de Chypre, cinquième épreuve du Championnat du monde, dimanche à Limassol, le premier succès en mondial de cette nouvelle voiture Sébastien Loeb (Citroën Xsara) et Markko Märtin (Ford Focus) n'ont rien pu faire. Le Finlandais et sa monture étaient vraiment trop forts.

Les erreurs de Nouvelle-Zélande, quand Grönholm avait donné le succès à Petter Solberg (Subaru Impreza), ont servi de leçon. "Marcus a pris conscience des qualités de la 307. Il s'est rendu compte qu'il n'avait pas à "surconduire" pour mener cette voiture à la victoire", avait confié il y a un mois à Auckland Corrado Provera, directeur de Peugeot Sport. A Chypre, sur un terrain particulièrement cassant, dans la chaleur et la poussière, Grönholm n'en a pas moins confirmé les propos de son patron. Piloter à 100% "seulement" a suffi pour se propulser aux commandes.

Dimanche matin pourtant, Loeb et Märtin ont entretenu l'espoir. Moins de 23 secondes de retard pour le Français, 33 pour l'Estonien. La tâche s'annonçait dure mais pas impossible pour la concurrence. Seulement voilà. C'était sans compter sur le farouche désir de Marcus Grönholm de renouer avec ce succès qui le fuyait depuis un an, le 11 mai 2003 en Argentine, alors cinquième épreuve du Championnat. Il voulait aussi effacer l'échec de Nouvelle-Zélande. "Je voulais frapper un grand coup d'entrée. Mais je n'ai pas le sentiment d'avoir pris des risques, a confié le Finlandais. Je ne comprends pas le choix de pneus des autres (Loeb et Märtin). Je trouve qu'ils ont été très optimistes. Après, j'ai conduit plus cool".

Sur les 25 km de l'ES13, la leçon a été sévère. Plus de 17 sec de perdues pour Loeb, 20 pour Märtin. L'écart séparant Grönholm de ses poursuivants est passé à plus de 40 secondes pour le pilote Citroën, près de 55 pour l'Estonien. Un choc terrible pour les deux poursuivants. La victoire leur échappait définitivement. "On a été surpris. Marcus a vraiment pris le large. Maintenant à la régulière, ce sera impossible de revenir, a constaté Loeb. Il va falloir contenir Märtin qui pousse assez fort derrière et garder la deuxième place. Vu le temps réalisé par Marcus, il a vraiment attaqué fort. D'un autre côté nous n'avions pas les mêmes pneus".

Les pneus n'expliquent pas tout. Dans la même spéciale, au deuxième passage (ES16), Grönholm s'est imposé à nouveau, se dirigeant un peu plus vers la victoire, la tête du Championnat du monde devant ses rivaux, Loeb et Märtin. Même une violente averse au départ de l'avant-dernière spéciale (ES17) n'a pu remettre en cause la hiérarchie. Les positions étaient bien établies avec, derrière, Carlos Sainz (Citroën Xsara) devant Harri Rovanpera (Peugeot 307) encore handicapé, comme la veille, par des problèmes de boîte de vitesses.

Dimanche, Petter Solberg a été le seul à gagner une place. Et pour cause. Mikko Hirvonen, le jeune finlandais, qui devançait le Norvégien, est aussi l'équipier chez Subaru. Auteur d'une brillante entame vendredi, puis retardé par un problème de surchauffe, Solberg n'en a pas moins récupéré trois points dans une course au titre, menée maintenant par le pilote Peugeot, très serrée. Comme chez les constructeurs où Ford conserve la tête. "C'est bon pour l'équipe, pour moi bien sûr. Gagner sur un terrain aussi dur, avec une voiture en plein développement, cela est prometteur" , s'est réjouit Grönholm.

Cinq courses ont suffi à la 307 pour imposer sa griffe, une 307 bien partie pour rouler sur les glorieuses traces de la 206 et de cette 205 Turbo 16 qui avait marqué le début de l'aventure rallye pour Peugeot. C'était il y a vingt ans.