Loeb en privé

A Monaco, Sébastien Loeb, double champion du monde en titre, est chez lui: en cinq participations, il a gagné trois fois et demi, toujours sur la Citroën Xsara (2e mais considéré comme le vainqueur moral' en 2002, puis vainqueur en 2003, 2004 et 2005). Sauf que cette année, pour intéresser la partie, il s'est attribué quelques handicaps: une Xsara en fin de développement (et repeinte en bleu) engagée par une écurie privée, la structure belge Kronos, et donc un peu moins de moyens financiers et humains (pas d'hélicoptère, pas de Guy Fréquelin) que ses deux grands rivaux, le Finlandais Marcus Gronholm et le Norvégien Petter Solberg.

Dès cette manche d'ouverture, Solberg, sur sa nouvelle Subaru Impreza, et Gronholm (ex-Peugeot), sur une Ford Focus revue et corrigée, voudront prouver qu'ils ont les moyens de briser en 2006 l'hégémonie de Loeb, au Monte-Carlo et ailleurs dans le monde. Leaders des deux seules équipes d'usine encore engagées en WRC, après les retraits des structures officielles Peugeot et Citroën, ils compteront aussi sur les conditions particulières du Monte' pour empêcher leur bête noire de tisser une nouvelle toile, de spéciale en spéciale.

"Dans des conditions météo classiques', la neige peut être présente seulement aux endroits les plus hauts: cols de la Couillole et du Turini ", explique Daniel Elena, le coéquipier monégasque du double champion du monde." Par contre, verglas et plaques de glace sont garanties un peu partout. Notamment dans les passages à la fraîche' débutant ou terminant les journées. Le choix des pneus pour certaines boucles va être cornélien et peut-être décisif. Je prévois une course très difficile " , ajoute Elena, qui connaît son rallye par coeur.

Il a beaucoup plu, et même neigé, cette semaine sur les spéciales du Monte-Carlo, et même si les nuages se dispersaient mercredi matin il y avait peu de chances que le froid disparaisse du jour au lendemain. Cette 74e édition s'annonçait donc piégeuse de bout en bout, pour des voitures ayant subi une évolution technique notable: engagés en catégorie Constructeurs 1', les favoris ne disposent plus d'aide électronique pour régler leurs différentiels avant et arrière. Ce qui ne dérange pas spécialement l'imperturbable Loeb. Derrière les 12 engagés en 1', dont trois Français, Loeb mais aussi Stéphane Sarrazin sur Subaru et Gilles Panizzi sur Skoda, il faudra surveiller de près, dans le groupe 2', quelques prétendants sérieux à des coups d'éclat sur les spéciales. L'un d'eux pourrait bien être récompensé par une place dans le Top 5 dimanche, voire même un peu mieux, si le rallye se transforme en loterie nationale monégasque dont les billets seraient autant de pneus.

A surveiller donc: le Finlandais Toni Gardemeister, sur Peugeot 307, le jeune Australien Chris Atkinson, sur Subaru, le phénomène italien Gigi Galli, sur Mitsubishi, l'homme qui passe les épingles à fond en sortant le bras gauche pour saluer le public. Tous ces pilotes auront un autre objectif, au-delà du résultat de dimanche: étoffer leur programme 2006 qui pour l'instant ne compte que quelques rallyes. Les temps sont durs pour tout le monde, pas seulement pour Loeb.