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Athlétisme : Sebastian Coe, une ambition majuscule

ParAFP

Publié 25/09/2019 à 12:32 GMT+2

Du sport à la politique il n'y a parfois qu'un pas que Sebastian Coe, ex-roi du demi-fond, a allégrement franchi pour se faire une place de choix dans les instances mondiales, se servant du succès des JO-2012 à Londres, dont il fut le grand patron, comme marche-pied vers la présidence de la Fédération internationale d'athlétisme.

Sebastian Coe, président de l'IAAF

Crédit: Getty Images

A 62 ans, Sebastian Coe a déjà vécu plusieurs vies. Les nostalgiques se souviendront de ses exploits sur la piste couronnés de titres olympiques sur 1500 m (1980, 1984). Petit gabarit doté de cuisses puissantes, Coe a symbolisé la domination britannique sur les longues distances dans les années 1970 et 1980 avec ses compatriotes Steve Ovett et Steve Cram. En 1979, il devient même le premier athlète à détenir à la fois les records du monde du 800 m, du 1.500 m et du mile (1.609 m), une prouesse inégalée.
"Je n'ai jamais participé à une compétition que je ne pensais pas pouvoir gagner", avait-il lancé en mai 2004 juste après sa nomination à la tête du comité de candidature de Londres-2012. Un mantra qu'il s'est toujours efforcé de respecter à la lettre dans ses différents costumes. Le "gentleman des pistes" a toujours vu plus loin que les autres et s'est avéré aussi intraitable dans les stades qu'en coulisses.
Les pointes raccrochées, ce fils d'une famille de la classe moyenne, dont le père ingénieur fut également l'entraîneur, s'est d'abord lancé dans la lucrative gestion d'une chaîne de salles de sport avant d'être gagné par le virus de la politique.

Vision

Député conservateur de Falmouth (Cornouailles) de 1992 à 1997 puis détenteur d'un siège à vie à la chambre des Lords, Coe apprend à manoeuvrer ainsi que l'art délicat du lobbying. Ces qualités lui serviront amplement à l'heure de réussir son plus gros coup hors des stades : obtenir du Comité international olympique (CIO) l'organisation des JO-2012 à Londres aux dépens de Paris, avec un bon coup de main du Premier ministre de l'époque, Tony Blair.
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Sebastian Coe

Crédit: Getty Images

Coe, petit gabarit (1,75 m) à la mèche toujours impeccablement rebelle, amène sa vision, son sens aigu de la communication, son réseau et s'entoure d'une nouvelle équipe, qui va réviser entièrement le dossier technique londonien, souffrant de nombreux maux. Une fois les JO bouclés, l'ambition de Coe n'en est que décuplée avec, dans le viseur, la présidence de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF).
Vice-président de l'instance depuis 2007, Coe est aux premières loges pour observer les turpitudes de Lamine Diack, inamovible président (1999-2015) bientôt cerné par les affaires de corruption. Quand le Britannique se lance à l'assaut de l'institution en 2015, celle-ci semble au plus mal, gangrénée par les liens troubles entre la Russie et le clan Diack, Lamine et son fils Papa Massata.
Le Sénégalais a depuis été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris pour "corruption active et passive", "abus de confiance" et "blanchiment en bande organisée" pour avoir obtenu des fonds russes pour des campagnes politiques au Sénégal, en échange de l'indulgence des services antidopage de l'IAAF.

Intransigeance

Création de l'Unité d'intégrité de l'athlétisme, chargée de juger les questions d'éthique et de dopage, tentative de refonte du calendrier, suspension de la Russie : une fois élu face à Sergeï Bubka, Coe se lance dans un vaste chantier de réformes pour tenter de restaurer la crédibilité de l'IAAF. "Il fallait sécuriser la maison car celle-ci s'effondrait", a-t-il déclaré à l'AFP fin août.
Il a également fait preuve d'une certaine intransigeance pour régler la question des athlètes hyperandrogènes comme la double championne olympique du 800 m la Sud-Africaine Caster Semenya, désormais obligées d'abaisser leur taux de testostérone pour participer aux compétitions internationales du 400 m au mile. "J'avais une responsabilité en tant que président, a-t-il estimé. Il ne s'agit pas de cibler un athlète, un pays ou un continent. Ce sont des règlements qui ont été mis en place et le TAS les a jugés nécessaires et proportionnés."
L'IAAF est toutefois loin d'être sortie de l'ornière, ballotée par les scandales de dopage à répétition et l'interminable dossier russe. Mais Coe, réélu sans adversaire face à lui, a réussi en quatre ans à faire l'unanimité. Comme sur la piste.
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