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Just Kwaou-Mathey se confie avant l’Euro en salle : "Je suis plus attendu, c’est mieux, tu dois être toujours présent"

Paul Citron

Mis à jour 03/03/2023 à 19:05 GMT+1

CHAMPIONNATS D’EUROPE - Il a explosé aux yeux du grand public l’été dernier, manquant d’un cheveu la finale des Championnats du monde à Eugene et obtenant le bronze aux Championnats d’Europe. Just Kwaou-Mathey est l’athlète français qu’on n’avait pas vu venir sur 110 mètres haies, mais qui s’est fait une place au plus haut niveau sur la discipline. Il aborde 2023 sans complexes. Entretien.

Just Kwaou-Mathey à Düsseldorf, le 28 janvier 2023

Crédit: Eurosport

Just Kwaou-Mathey, vous avez commencé la saison sur de très bonnes bases, en battant votre record personnel une première fois à Karlsruhe sur 60 mètres haies*, record que vous avez de nouveau effacé pour devenir le nouveau champion de France en salle de la distance**. Comment trouvez-vous votre début de saison ?
Just Kwaou-Mathey : Je me sens plutôt bien. Ça s'est bien passé à Karlsruhe, même si je n’avais pas de très bonnes sensations en Allemagne sur les deux meetings (avec Düsseldorf), c’était de bon augure pour la suite. Et à Val-de-Reuil, j’avais de bonnes sensations, pas de record, mais ce n’est pas l’important dans ces meetings-là. Donc je suis content du début de saison.
*7"57, un temps qui lui a permis de se qualifier aux Championnats d’Europe en salle d’Istanbul, du 2 au 5 mars 2023
**7”53 à Aubière, le 19 février
C’était certainement agréable de performer à Val-de-Reuil*, devant votre famille, d’autant plus que vos dernières apparitions là-bas n’avaient pas été réussies.
J. K-M. : Complètement ! L’année dernière, je fais un faux départ. L’année d’avant, ça se passe mal (il avait fait cinquième en 7"83 en finale, ndlr). Donc j’étais content de courir à domicile, et d’être performant à la maison.
*Il fait 2e en 7"60, dans une commune située tout près d’Evreux, d’où il est originaire
Comment ça s’est passé, depuis votre médaille européenne à Munich le 17 août dernier (3e sur 110 mètres haies) ?
J. K-M. : Après les Championnats d’Europe, la saison n’était pas encore terminée, il restait la finale de la Diamond League. On a dû encore pousser dans les entraînements, et j’ai fini un peu tard la saison. J’ai eu une pause au début du mois d’octobre. Ensuite, on a fait une grosse préparation avec mon coach et mon équipe, on est partis en stage à la Réunion quasiment tout le mois de décembre. On était prêts à reprendre, et il nous tardait de retrouver la compétition, mais je pense qu’on a bien géré la reprise.
Est-ce que vous vous sentez prêt à assumer votre changement de statut cette saison, maintenant que vous êtes médaillé européen et champion de France en titre ?
J. K-M. : C’est sûr que cette année, je suis un peu plus attendu. Mais c’est mieux, tu sais que tu dois toujours être présent et performant. C’est bien comme ça, ça met un peu plus de pression, j’aime bien.
Et comment on gère le fait de courir contre des amis* ?
J. K-M. : Franchement, ça ne change rien, derrière les stats, on est chacun pour soi ! C’est à la fin qu’on se “checke” et tout, mais sinon, c’est comme d’habitude. Parfois, tu as peut-être un petit peu plus la niaque quand tu es contre un Français… Mais en général, on est toujours autant déterminé.
* Sasha Zhoya, Pascal Martinot-Lagarde, Aurel Manga, les autres hurdleurs français de haut niveau
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Just Kwaou-Mathey et Pascal Martinot-Lagarde, 3e et 2e du 110 mètres haies à l'Euro de Munich, le 17 août 2022

Crédit: Getty Images

Donc Pascal Martinot-Lagarde n’aura pas un esprit de revanche*, si vous vous recroisez ce week-end aux Championnats d’Europe ?
J. K-M. : (Il rit.) Certainement un petit peu, ça fait trois fois que je le bats ! Avant, je ne l’avais jamais battu en salle, donc il aura peut-être un peu envie de prendre sa revanche.
*PML a fait 3e à Val-de-Reuil, 2e aux Championnats de France
Quels sont les grands objectifs de 2023 pour vous ?
J. K-M. : J’aimerais aller en finale à Istanbul. Une fois en finale, on verra ce qu’il se passe, c’est Dieu qui décide. Ensuite, c’est les Mondiaux de Budapest (du 19 au 27 août), j’essaierai de faire les minima le plus vite possible, pour être serein et pour prendre des points au ranking. Et une fois là-bas, le gros objectif, ce sera la finale, que j’ai ratée à Eugene l’an dernier, alors que je bats mon record personnel en demi-finale (13"25).
Est-ce que vous avez déjà les JO 2024 dans un coin de la tête ?
J. K-M. : Un peu forcément, mais c’est encore loin. J’y pense parfois.
Dans quels domaines voulez-vous progresser en course cette année ?
J. K-M. : Techniquement, je peux m'améliorer un peu partout, mais c’est surtout mentalement que je veux progresser. Arriver à répondre présent dans les grands moments, pour trouver de la régularité, aller souvent en finale. C’est dans ces moments-là qu’on progresse.
Il y a ce nouveau système de ranking…
J. K-M. : (Il coupe en souriant.) Je ne comprends pas tout. Moi, je cours, je fais des points, et après je regarde comment ça évolue.
Vous y figurez 14e, 4e européen. Ça non plus, ça ne vous met pas de pression, quand on sait qu’il n’y a que 8 couloirs dans les gros meetings ?
J. K-M. : C’est vrai que c’est hyper relevé. Il y a plein d’Américains, il y a aussi les Jamaïcains… Mais non, j’évite aussi de me mettre la pression par rapport à ça parce que dans la réalité, il y a des coureurs que je bats en meeting et qui sont encore devant moi, parce qu’ils ont des performances qui datent d’il y a longtemps qui sont encore comptabilisées. Par exemple, (Damian) Czkykier est devant moi au ranking (7e, 2e européen) alors que je l’ai battu à Düsseldorf. Le ranking, c’est compliqué, mais si tu es parmi les 15 premiers, c’est plutôt bien. A court terme, j’aimerais bien rentrer dans le top 10, mais je n’y pense pas tous les matins en me réveillant. Je sais que si je cours vite au bon moment, ça va avancer tout seul.
À Karlsruhe et à Liévin, il ne fallait pas que je me rate
Comme les gros meetings rapportent plus de points, et qu’ils pèsent donc plus lourd, est-ce que ta stratégie dans la saison va évoluer ? Se présenter à moins de meetings, mais les plus gros, par exemple ?
J. K-M. : Oui, on va cibler les meetings qui rapportent un maximum de points. A Val-de-Reuil (ranké silver), je me suis fait plaisir comme c’était à domicile, mais c’est surtout Karlsruhe et Liévin (rankés gold) où il ne fallait pas que je me rate.
Et comme le ranking est destiné à prendre de plus en plus de place dans les sélections, les minima sont encore plus difficiles à réaliser...
J. K-M. : Oui, ils ont encore augmenté les minima (13"27 pour les Mondiaux de Budapest, ndlr). Mais pour nous, en France, ce n’est pas très important, parce qu’on est seulement 4 ou 5 à pouvoir les faire. Tout se décide aux Championnats de France. Je vais essayer de les faire vite cet été, mais ça devient anecdotique. Je sais que les minima sont au niveau de mon record : si je bats mon record, les minima seront faits.
Votre grand ami Dayot Upamecano joue aussi l’Europe, la semaine prochaine...
J. K-M. : Oui ! J’ai déjà réservé mes billets pour aller voir le match à Munich (le 8e de finale retour de C1 contre le PSG, ndlr). Je n'ai pas pu aller le voir à Paris (lors du match aller du 14 février, ndlr) parce qu’on avait le meeting à Liévin. Je ne vais pas dire qui je supporte, ça va me causer des problèmes (rires).
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