Isinbayeva et les autres

Elles seront onze ce samedi à lui contester un titre que tout le monde la voit glaner. Ne pas voir Yelena Isinbayeva monter sur le toit de l'Europe, à Göteborg, relèverait de la surprise. Du désastre la concernant. Cette saison, la Russe n'a pas connu la même période faste que la saison dernière. Les sensations ne sont pas chez celle qui a décidé de changer de coach depuis huit mois.

Entraînée depuis le début de sa (jeune) carrière par Yevgueni Trofimov à Volgograd, sa ville natale, la Russe est désormais suivie par Vitaly Petrov, l'ancien mentor de l'Ukrainien Sergei Bubka et actuel coach du perchiste italien Giuseppe Gibilisco, champion du monde à Paris en 2003. La poupée russe a dû remettre en cause ses acquis. Changer sa façon de travailler. Sa façon de sauter aussi.

Depuis l'ouverture de la saison, Isinbayeva se cherche. Et ne s'est pas encore trouvée. Son approche de la barre est désormais différente. Ses performances sont là pour le prouver. Cette année, la Russe n'a jamais pu se rapprocher de son record du monde (5,01m) établi à Helsinki en août 2005. Toujours vainqueur des meetings auxquels elle a participé, Isinbayeva n'y a jamais mis la manière.

Détentrice tout de même de la meilleure performance mondiale de l'année (4,91m), Yelena ne devrait pas éprouver de grandes difficultés à s'imposer mais il lui serait hasardeux de ne pas surveiller sa compatriote Svetlana Feofanova et surtout la Polonaise Monika Pyrek. En 2002, Feofanova s'était imposée grâce à un saut à 4,60m. Sa dauphine n'était autre que Yelena Isinbayeva (4,55m), pour l'une de ses premières compétitions internationales. Depuis la perche féminine a grandi et une victoire ce samedi à cette hauteur devrait en faire sourire plus d'un. Plus d'une même d'ailleurs.

Malgré l'absence de sa protégée en finale, Vanessa Boslak, éliminée à 4,30m mercredi, l'ancien décathlonien Sébastien Levicq, ne se fait pas de soucis pour la Russe : "Isinbayeva a le potentiel pour sauter entre 5,10 m et 5,20 m, plus près de 20 que de 10. On sait tous qu'elle vaut beaucoup plus que 5 m." Lors des qualifications, la perchiste de Volgograd était venue pour effectuer un seul saut sur le stade d'Ullevi. A 4,40m, la Russe a dû s'y reprendre à deux fois pour effacer la barre de qualification. Signe que tout n'est pas aussi parfait que l'an dernier...