Barber reste à quai

Les larmes n'y pourront rien changer. En sautant seulement à 6m42 (minima à 6m78), ainsi qu'un saut à 6m60 avec vent trop favorable (+2,1m/s), Eunice Barber ne s'envolera pas avec l'équipe de France pour disputer ses cinquièmes jeux Olympiques. Un véritable coup de massue pour une championne qui aura enchaîné les pépins physiques ces derniers mois au point de renoncer il y a quelque temps à disputer l'heptathlon à Pékin malgré l'absence de rivales comme Klüft ou Sotherton.

Opérée du genou droit en septembre dernier, Barber, 33 ans, n'a jamais retrouvé son niveau antérieur. Sa meilleure performance avant de venir à Albi était de 6,38 m, très loin de son record de France (7,05 m). Malgré un palmarès conséquent (quintuple médaillée mondiale à l'heptathlon et la longueur), la Française ne réalisera pas son rêve de décrocher une médaille olympique. Pour autant, elle n'entend pas mettre fin à sa carrière : "Globalement, je ne suis pas déçue. Le sport, ça passe ou ça casse. A 33 ans, on relativise. Je continue parce que j'ai encore envie de faire deux ou trois choses. Je veux me faire plaisir, sans obligations", a-t-elle reconnu.

Avant de quitter le stade d'Albi, la sauteuse en longueur laissera beaucoup de monde perplexe en lâchant sans explications une phrase étonnante : "Ce n'est pas l'athlétisme qui m'embête, mais l'ambiance. Il y a des dirigeants qui se prennent pour des stars. On nous comprend pour des criminels". Après les esclaves des temps modernes version football et Sepp Blatter, voici donc la version des dirigeants criminels pour Eunice Barber. Cela méritera quelques éclaircissements dans les jours à venir.

Quelques autres ténors ont assuré à trois semaines des JO de Pékin, en particulier le perchiste Romain Mesnil (5,71 m) et Ladji Doucouré, crédité de 13 sec 28 sur les haies hautes. Et Reina-Flor Okori, dominatrice du 100 m haies en 12 sec 78, a enfin décroché les minima (12.88), déjà réussis mais en dehors de la période estivale requise. La Doubiste scelle ainsi une liste de 17 athlètes non présélectionnés pour les Jeux qui ont décroché leur billet.

Vice-champion du monde à Osaka, Mesnil devra monter beaucoup plus haut pour accéder au podium olympique. Mais il savourait déjà un titre remporté dans son jardin. "C'est ici que j'ai découvert l'athlétisme et le saut à la perche", a rappelé l'ingénieur. Peu épargné par les blessures ces deux dernières années, Doucouré revoit progressivement la lumière. "J'étais parti pour faire moins de 13 sec 20 comme j'espérais. Je les valais sans une faute à la 6e ou 7e haie", a expliqué le double champion du monde 2005 (110 m haies/relais 4X100 m).

Sans rivale sur 200 m, Muriel Hurtis s'est imposée en 22 sec 77. Egalement sur le demi-tour de piste, mais non qualifié sur la distance aux Jeux, Ronald Pognon, poussé par un vent de 3,3 m/s, a confirmé son retour en forme (20.45) après une saison 2007 blanche. Au marteau dames, discipline qui a fait le plein avec trois qualifiées, Stéphanie Falzon s'est imposée face à la favorite Manuela Montebrun, avec un record personnel de bonne facture (73,40 m).