Bleus : c'est déjà demain

De retour de Barcelone, la délégation tricolore a vécu, mardi, une drôle de journée rythmée par les petits fours, un bus à impériale, et un désir de se dessiner un avenir. Dès maintenant. Après un déjeuner à la table du chef de l'Etat, une première dans l'histoire de l'athlétisme tricolore, l'équipe de France s'est rendue sur les Champs Elysées pour y prendre un bain de foule. Disons, une partie de l'équipe de France. Car, si certains ont répondu à l'invitation au "Brand Center" de la célèbre marque aux trois bandes, d'autres, comme Renaud Lavillenie ou Christophe Lemaitre pour ne citer qu'eux, sous contrat avec un autre équipementier diront les mauvaises langues, ont brillé par leur absence. Entre les séances photos, autographes et coupes de champagne, les médaillés d’or Myriam Soumaré, Mahiédine Mekhissi-Benabbad, Romain Barras, Yohann Diniz et Martial Mbandjock ont accepté de se projeter, pour nous, sur ce qui les attend désormais.

Premièrement, comment voient-ils leur fin d'année ? Titré sur le 50km marche, Diniz considère sa saison comme quasiment achevée : "Je n'ai plus grand chose au programme. Je pars en vacances la semaine prochaine pendant quinze jours, au bord de la mer, sur la côte atlantique, puis j'ai un 5000m à Villeneuve-d'Ascq". De son côté, le champion d'Europe du 3000m steeple veut avant tout "savourer (sa) médaille" : "Je n'ai pas encore défini mon programme de fin de saison, consent Mahiédine Mekhissi-Benabbad. Je risque de faire quelques meetings, mais je ne sais pas encore lesquels. Là, je me laisse deux-trois jours de plaisir ".

Pour Myriam Soumaré, les vacances sont à portée de pointes : "Avant de me reposer, j'ai encore deux meetings au programme : Londres (13 août) et Zurich (19 août). Après ça, je coupe complètement, car j'ai besoin de partir même si ce n'était pas prévu. Le programme ? Repos et fast food !", sourit la reine continentale du 200m. Toujours aussi calme et posé, Martial Mbandjock souhaite, avant tout, "profiter de l'engouement", chez lui, à Lille. Le champion européen du 4x100m et double médaillé de bronze (100m, 200m), qui n'ira pas à Stockholm affronter Usain Bolt, Asafa Powell et Tyson Gay, vendredi, a prévu, lui aussi, de courir à Crystal Palace, puis "de participer à deux ou trois meetings en Italie", avant de repartir aux Etats-Unis, fin octobre. Pour Barras, le programme est forcément plus léger. Le Calaisien a prévu de faire un décathlon à Lille puis de se rendre à Talence les 18 et 19 septembre prochains.

Deuxième question : comment ces champions, éternels insatisfaits, se projettent-ils sur les grandes échéances de 2011 : l'Euro en salle (4-6 mars) de Bercy et les Mondiaux de Daegu (27 août-4 septembre). Myriam Soumaré coupe : " Ce qui s'est passé à l'Euro m'a évidemment motivée encore plus. Cela m'a permis d'avoir confiance en moi, en mon potentiel. Mais l'avenir, je n'y pense pas. Depuis que je fais de l'athlétisme, je ne me projette jamais sur du long terme. Chaque chose en son temps : "step by step", comme on dit". Même son de cloche chez Mekhissi-Benabbad : "Toute l'année, on se prépare pour un objectif. En 2010, c'était Barcelone. Quand la pression redescend, on veut juste savourer. Laissez-nous en profiter."

"Il y aura les Américains, les Cubains..."

Yohann Diniz y voit plus clair : "Il faut se remobiliser. Il ne faut pas se leurrer : Barcelone n'est qu'une étape. Les JO (de Londres) seront mon dernier gros objectif. A Daegu, le plateau sera quasiment le même qu'à Barcelone, qui a été assez révélateur. Tous les meilleurs étaient là". Pour Martial Mbandjock, "l'année qui arrive va nous permettre de viser plus haut, de franchir un palier.On est encore trop loin pour dire que notre relais peut faire aussi bien à Daegu, mais repartir sans médaille sera une déception, avoue le sprinter. On savoure et on se remet au boulot." Qualifié d'office pour l'Euro indoor de Bercy, Romain Barras reconnaît que la salle "n'est pas trop (sa) tasse de thé". Si Barcelone lui a souri, le décathlonien a conscience qu'il devra "monter d'un cran", notamment dans les disciplines de sprint ou de saut, s'il veut être performant aux prochains Mondiaux : "Le niveau sera bien plus élevé. Il y aura les Américains, les Cubains"... Cela n'aura effectivement rien à voir. A quelques mètres de là, le DTN Ghani Yalouz appuie : "Je ne serai content qu'après les JO de Londres". Alors au boulot !