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Renaud Lavillenie : "J'ai pris ces sifflets comme des insultes"

Laurent Vergne

Publié 16/08/2016 à 09:40 GMT+2

JO RIO 2016 – Renaud Lavillenie a salué la victoire de Thiago Braz Da Silva. Mais le Français s'en est pris violemment au public brésilien, qui l'a sifflé une bonne partie de la soirée, ce qu'il n'admet pas. Sous le coup de la colère, il était allé trop loin en comparant son cas à celui de Jesse Owens, mais il a très vite rectifié le tir.

Renaud Lavillenie à l'issue de son concours à la perche à Rio

Crédit: Panoramic

Renaud Lavillenie n'est pas amer d'avoir raté l'or. Le recordman du monde n'a eu de cesse de saluer la performance de Thiago Braz Da Silva après cet incroyable concours du saut à la perche lundi soir. "D'un point de vue sportif, y a strictement rien à dire sur la compet", a-t-il martelé après coup. En revanche, le perchiste français ne parvient pas à avaler les sifflets du public carioca, pourtant peu nombreux lundi soir au Stade Olympique. Et il l'a fait savoir. Avec force, avec conviction, avec des arguments. Et en allant trop loin, aussi.
Dans son soutien à leur champion, légitime, le public avait donc lui aussi poussé le bouchon très loin en huant régulièrement ses adversaires. Jusqu'à ce saut décisif, à 6,08m, à quitte ou double, où Lavillenie, exaspéré, a fini par baisser le pouce pour faire comprendre à la foule sa façon de voir les choses. "Je ne pourrais pas quitter Rio avec le sourire après avoir été sifflé comme ça, a-t-il lancé. Ces sifflets, je les ai pris comme des insultes. C'est la première fois que ça m'arrive. Ça ne devrait pas arriver dans notre sport. On n'est pas au foot."
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Renaud Lavillenie à Rio

Crédit: AFP

Le seul moment où il a eu tout faux

Il l'assure, des publics chauvins, il en a connus. Mais jamais il n'avait été hué à l'étranger pendant un concours. "J'ai fait beaucoup de compets dans des pays où il y avait un local qui était en course pour la gagne, et je n'ai pas été sifflé, clame-t-il. Je comprends très bien que le public soit derrière les Brésiliens. C'est normal, c'est légitime, tout le monde le comprend. Mais siffler des athlètes comme ça... Je pense qu'ils ont gâché le plaisir de beaucoup de perchistes ce soir. Je ne conçois pas qu'on siffle les autres athlètes et qu'on leur crache dessus. Sinon, il ne faut pas organiser les Jeux."
Difficile de ne pas être en accord avec lui. A chaud, sous le coup de la colère, sur l'antenne de nos confrères de Canal Plus, Lavillenie était toutefois allé beaucoup plus loin. Beaucoup trop loin, même, en comparant son cas à celui de… Jesse Owens. "La dernière fois qu'un athlète a été sifflé aux Jeux, c'était Owens en 1936, a-t-il lâché. La foule était contre lui, on n'avait pas vu ça depuis." D'abord, d'un point de vue, factuel, c'est faux. Il n'est évidemment pas le premier athlète sifflé depuis 80 ans. Y compris à la perche. Il suffit de se souvenir du concours des Jeux de Moscou et de l'accueil réservé par le public soviétique aux perchistes polonais, par exemple.
Surtout, si le public brésilien a manqué de fair-play - aucun doute là-dessus -, nous ne sommes pas, à Rio, sous le régime nazi, et Lavillenie n'est pas Owens. C'est lui, cette fois, qui a insulté les Brésiliens. Ce fut le seul moment de la soirée où Renaud Lavillenie a eu tout faux. Mais c'est aussi un garçon intelligent. Très vite, il a pris la mesure de sa démesure. Via un tweet posté dans la nuit, il a présenté ses excuses : "Oui, désolé pour la mauvaise comparaison que j'ai faite. C'était une réaction à chaud et j'ai réalisé que j'avais tort. Pardon à tout le monde". Amende honorable en moins de deux heures, on avait vu des repentirs plus longs à venir et moins convaincants que celui-là.
De notre envoyé spécial à Rio, Laurent Vergne
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